03 février 2015
D'une gare , l'autre
Dans le wagon du métro
Des têtes sur des corps
Debout
Un crâne d'ébène, un bonnet bleu électrique, une mise en pli blond cendré
Du métro à la gare
C'est souterrain
Le passage de la ville au voyage.
Les valises roulent
Les talons claquent
Sur l'escalator
Puis une trouée d'air en haut des escaliers : gare de la Part Dieu Lyon 13h
Un flux de voyageur, un troupeau
Presque tranquille ce vendredi.
J'ai 40 minutes à tuer
À regarder le piano silencieux dans le hall
Les policiers armés, les baumes à lèvres dans une parfumerie, la une des journaux.
J'achète des pinces à cheveux, j'achète Le Monde,
Un CD d'Agnès Obel, un Cd de Cascadeur à la Fnac.
Je repasse devant le piano muet
Une femme sur un fauteuil roulant tient serrés contre elle des sacs en plastic rose,
Je pense à un paquetage de parachutiste.
Je pense à ma mère, la dernière fois que je l'ai poussée sur son charriot
Elle a dit On sort du palais.
Un escalator encore pour rejoindre le quai voie D
La pluie ralentit les gens,
Leurs gestes pour protéger leur téléphone, leur sandwich, leurs cheveux, leur billet SNCF.
Monter enfin, s'installer contre la vitre où la pluie s'étoile
Le poisson du jour: Jean Dujardin dans chaque filet face aux sièges dans TGV magazine.
Paris Gare de Lyon 15h
Sur le quai, je suis trois militaires deux hommes, une femme.
Les verrières immenses laissent passer un peu, beaucoup de jour si je lève les yeux.
Ici aussi, le piano est muet.
Dans le métro ,des affiches de soldes, de films
Charlie n'est pas souterrain
Gare de Montparnasse 16h
Pas de militaires, pas de policiers ou alors banalisés
Le manège est immobile de l'autre côté des baies vitrées, des étoles s'agitent dans le vent, le petit marché est désert
La cigarette du condamné
Ils sont quelques uns à la fumer sur le quai de la voie 2 juste avant de monter dans leur wagon.
Gare de Niort 8h50
Deux adolescentes blondes aux cheveux lissés attendent, les yeux dans le vide.
Un type déballe sur le quai une vingtaine de CD de son sac à dos, une bière à ses pieds
Le soleil levant sur les voies désertes
Une bleuté Niortaise
Gare de Poitiers 10h
Soleil plus haut
Quatre militaires, l'arme à l'horizontale font les cent pas dans le hall
Un policier les rejoint
Ils se parlent prés d'une affiche Quelques semaines avant le grand départ de l'Hermione,
Une offre train- plus hôtel pour aller voir la belle de Lafayette à Rochefort
Une femme édentée me demande une pièce ou un ticket restaurant
Elle a un accent britannique
Elle me dit vous êtes belle, vous portez de jolies couleurs
Du jaune, de l'ocre, du noir.
Le noir est-il une couleur pour elle ?
Gare d'Angoulême 16h20
Le soleil décline sous les voutes de fonte
Dans le train, un homme, une femme parlent doucement un dialecte africain
C'est doux et sans fin
Il me faut attendre la nuit tombée pour voir leur reflet sur la vitre du compartiment
Gare de Marne la Vallée 19h 27
Je comprends que le vieil africain est aveugle, je lui demande quelle est cette langue qui m'a bercée
durant le voyage
C'est le Mina me dit le fils venu l'accueillir à la gare .
Paola Pigani 16- 17 janvier 2015
17:46 Écrit par Paola Pigani dans Poésie, Voyage | Lien permanent | Commentaires (0)