01 avril 2015
Le poids du monde
Je pourrais me libérer du poids du monde dans tes bras,
je pourrais l'ôter de mon crâne, le jeter dans un coin
au fin fond de l'appartement; je pourrais rester
prés de toi, dans la légèreté de ton corps, à l'écoute
de la chute du temps dans un clepsydre invisible.
Le monde, cependant , insiste auprès de moi. Il est là,
au fond de l'appartement, avec sa pesanteur. Il attend
que quelqu'un
le prenne et redescende l'escalier, courbé, comme
si tout ce que nous avions à faire était de le porter
en haut, en bas, dans ces escaliers sans ascenseur.
Et moi, près de toi, en t'enlaçant, j'espère que le monde
ne bougera pas de son coin, au fond de l'appartement.
Je t'étreins
comme si ton corps me délivrait de ce poids,
qu'il n'était pas là, ne m'attendait pas pour que je le
descende
et le remonte dans ces escaliers d'un immeuble sans
ascenseur.
Mais l'amour se charge lui aussi du poids du monde.
Et les mots
avec lesquels nous nous séparons, avant que je le soulève à nouveau
et t'abandonne à ta légèreté, apportent déjà l'écho des
choses
que j'ai jetées au fond de l'appartement, où je ne veux
pas que tu ailles,
pour que tu n'aies pas à porter, toi aussi,le poids du monde.
Nuno Jùdice
22:31 Écrit par Paola Pigani dans Poésie | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : nuno jùdice
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