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13 février 2016

Pour dissoudre la bêtise

 

 

 

 

Sous la pluie noire, nous resterons de joyeux héliotropes.

Nous serons les algues marines qui ondulent doucement sous la surface de l’océan et qui se rient de la tempête.

Ainsi nous ferons de chaque village le pays du matin calme et du sourire furtif.

Nous serons la poussière qui s'élève au soleil sous les pas du marcheur et qui recouvre d’un trouble léger l'œuvre de nos mains.

Nous serons la poussière du temps effleurée par le vent du sud, douce et amicale.

Nous serons les regardeurs tranquilles qui donnons la beauté à toute chose.

Nous serons la guerre apaisée et le repos de la colère.

Nous serons le crépuscule de la mort et nous serons l'enfant qui rit et court sous la pluie en agitant les bras pour s’envoler.

Nous ferons un pas de côté, nous prendrons le temps d'une respiration suspendue, le temps d’un mot, le temps de l’écrire, le temps que tu le lises et que, peut-être, l’ombre d’un sourire se pose sur tes lèvres.

Nous prendrons la parole pour la multiplier parce qu'elle est le cœur de la vie pensante.

Nous négligerons d'obéir aux idiots et ils en deviendront transparents.

Nous aurons le rire philosophe, pour dissoudre la bêtise au front de taureau, et le geste généreux pour désarmer l'ignorance.

Nous serons parfois faibles et ce sera notre légèreté.

Ceux qui hurlent et bavent, les furieux hommes sans mots, nous les prendrons par la main, nous les emmènerons s'asseoir sur un banc public, se reposer un instant, se regarder dans un miroir de lumière, et à la fin, retrouver peut-être la parole.

Nous serons artistes parce que les artistes parlent à leurs égaux, parce qu'ils fabriquent égalité.

Nous entendrons en notre for intérieur, insistant et doux, le murmure des invisibles, la voix de ceux qui n'ont pas de voix, et ce doux murmure liquide se glissera là où nous ne pouvons pas regarder, et rafraîchira nos vieilles blessures.

Nous serons les oiseaux de Pol Bury que le poids de la Terre n'empêche pas de voler.

 

Nous resurgirons.

 

Michel Thion

 

 

 

23:04 Écrit par Paola Pigani | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : michel thion

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