13 août 2017
Des ordres chiffrés
Ce qu’il avait voulu toujours exprimer, voulu traduire d’ailleurs s’était dérobé à son approche. Il avait menti, il pouvait choisir ses mots avec une patience inlassable, les interroger sur leur sens caché, tous le trahissaient. Et l’horizon reculait sans cesse à travers le brouillard de la chaleur.
Mais il accepta cette preuve de faiblesse avec joie, presque. Il fallait qu’il en fût ainsi ; il devait ne jamais atteindre ce qu’il cherchait pour ne pas oublier qu’il avait à le définir : dans ce défaut même tenait la raison de son effort vers un savoir perdu.
(…)
Il haussa les épaules, alluma une cigarette, regarda la rue où chaque passant emportait avec lui, sans le savoir, des ordres chiffrés pour un destinataire inconnu.
Des ordres chiffrés dont quelques uns seulement, parmi des millions, rejoindraient ceux qui les attendaient. Comme l’avait rejoint lui, l’odeur des framboises révélant ce présent définitivement acquis sous la fuite apparente des saisons.
André Hardellet La cité Montgol
©doisneau
18:16 Écrit par Paola Pigani dans Des livres, Poésie | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : hardellet, doisneau
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