04 février 2018
Adieu Pedro
Tu fabriquais des escarcelles de cuir
A même le trottoir
Je ne t’en ai jamais achetées
Je me disais ça sera pour la prochaine fois
Il y a eu des années de prochaines fois
Devant le bureau de poste
Quand je marchais au ras de tes grands pieds
Avec mon gros ventre
Tu me disais Bonjour ma jolie
Mon enfant est né
Tu es passé aux bracelets et moi aux brassières
Je marchais toujours au ras de tes grands pieds
Mais avec un landau
Le bébé a grandi
A fait ses premiers pas de citadin
Au ras de tes grands pieds
Il te regardait avec de grands yeux étonnés
Tu étais l' homme jamais debout
Sur ce trottoir, le monde s’était écrasé
Le mien était dans mes entrailles
Avec de nouveau un ventre énorme qui passait devant toi
Mon second bébé est né
Entre tes doigts
Il n’y a plus eu que du papier à cigarette, du tabac
Un geste qui partait à vau l’eau avec ces mots
Bonjour ma jolie
Déraison et colère avaient déjà déposé leur écume
Dans le bleu navré de tes yeux
Mes enfants ont appris ton nom
Pedro
Ils t’ont toujours connu
Parfois tu prêtais main forte aux vieilles dames, aux livreurs du quartier
Tu dépliais ton grand corps jusqu’à être utile
Plus tard, mes fils ont ri de toi
Sur le chemin du collège
Ils te saluaient
Comme on salut le veilleur
D’un parking vide
Tu ne faisais pas partie des murs
Tu faisais partie du dehors
Un dehors intime
Tu avais fini par entrer dans leur vie
Ce sont ces enfants là qui ont partagé la nouvelle
Sur Face book
Ces premiers jours de février 2018
A la mort venue dans tes bras
Peut-être as-tu dis
Bonjour ma jolie.
22:26 Écrit par Paola Pigani dans Le coeur des mortels | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : peter loffner dit pedro
Les commentaires sont fermés.