22 octobre 2018
Chengdu ou le poème inachevé
Chengdu ou le poème inachevé
Les anges rouges patientent
Sous un ciel sans nuage
Sans lumière non plus
Rue des têtes nues
Il faut se donner la main
A travers nos poèmes
Donner sa langue aussi
Des femmes creusent la terre noire
au pied d'un gratte-ciel
où sont les voix des poètes ensevelis?
Le jardin de Du Fu est planté de beautés orphelines
Li Ru cherche sa joie
Comment se perdre dans un vin transparent à 53 °
et la nuit sans couleurs?
Au retour je fais du pain d'épice
Le jour d'après des madeleines au citron
Le surlendemain une brioche au pavot
Je bâtis une digue de sucre
Pour ne pas que s'épanche trop vite
la mémoire
J'aligne mes images
Deux cygnes noirs sur le fleuve Modi
Les rires de fatigue et d'ivresse
Les mains de Ludwig sur mes doigts glacés
Et ses mots qui tremblent
La poussière n'existe pas
Ni sur le seuil ni sur nos paupières
Nous n'avons d'yeux qu'en lisière
Ne voyons pas de bleu
Dans le ciel de Chengdu
Ni dans les yeux de la République Populaire de Chine
Les étoiles meurent dans le sable blanc
Où nous écrasons nos cigarettes
Une main anonyme vient les glaner
Et en redessiner de nouvelles
La poésie est cendre
Cristaux de sucre
Neige synthétique
Filaments rouges tombant d'un arbre
Dans le jardin du temple
La voix d'Aurélia a plusieurs pétales
Comme ses lèvres
qui rameutent des poèmes perdus
Les adieux à la mort ...
©paolapigani
09:24 Écrit par Paola Pigani dans Poésie, Voyage | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : chengdu
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