09 novembre 2019
Les oliviers d'Austerlitz
Il me demande si je veux bien qu'il me parle des planisphères. Il aime tant les planisphères.
La carte du monde est dans mon cœur me dit-il.
Sur la bouche écorchée, le visage en tempête, je lis avec lui des noms de pays, d'océans.
L'heure de mon train approche, je le coupe dans son élan de voyageur chimérique.
Et vous votre pays?
La France... mais là je pars.
Où?
Je ne sais pas, j'ai 78 euros sur moi, pas tout à fait 80.
Son corps tremble comme celui d'un nourrisson qui ne peut pas moduler sa température interne.
Je lui propose un café.
Non merci,
Je ne demande rien moi.
Je ne suis pas un looser.
Je ne suis pas un looser.
Sur le parvis de la gare d'Austerlitz, je regarde les oliviers dans leur grand pot en plastique et cet homme qui ne sait où aller.
Rien de plus triste aujourd'hui que ces déracinés.
©paolapigani
15:56 Écrit par Paola Pigani dans Poésie, Voyage | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : gare d'austerlitz