17 octobre 2020
La géante
" La femme qui monte regardait les flammes comme on baisse les armes et comme on se rend, à la vie et à la mort quand elles nous dépassent, quand leurs seuls noms qu'on chuchote, qu'on se répète, la vie, la mort, nous font lucioles ou cigales, briller ou chanter le temps d'un amour éteindre la lumière ou descendre de l'arbre quand il prend fin. "
La Géante offre son ombre et ses parois utérines à deux orphelins Rimbaud et Noële, grandis on ne sait comment.Tout autour, l'ainée trouve aussi des baies, des herbes médicinales, son bois mort et le vent qui fait danser les linaigrettes. Elle cache son cœur sous des pelures de vieille flanelle, sait à peine qu'elle est femme et que son frère est enfant. Lui qui cherche l'or des fous, s'éternise sous l'ombre portée d'un petit duc, et attend l'heure des lucioles pour franchir les mystères de la Géante. A ses pieds, frère et sœur, forment un curieux noyau humain que la mort a fissuré. Tous deux empruntent des chemins différents entre leur petite masure, les roches et les arbres. Parfois remonte de la vallée un jeune homme étrange qu'une maladie tourmente. La jeune femme en recueillant son courrier durant ses absences régulières devient passeur d'ombres et d'amour .Qu'advient-il des mots quand ils ne vous sont pas destinés? Ils traversent les jours et les nuits, deviennent un levain dans le corps et la solitude de Noële.Dans l'embrasure de la géante, se tiennent toujours les vivants, ceux qui hésitent à partir ou revenir, ceux qui demeurent dans l'attente de l'amour ou de la mort. Ce roman est une trés belle fable d'une grande puissance poétique. Dans le sillage de ses personnages, Laurence Vilaine trace des lignes très mouvantes qui me font encore trembler. Tant pis pour l'ordre alphabétique, je lui fais une place entre André Dhôtel et Antonio Moresco.
La géante . Laurence Vilaine. Zulma. 2020.
19:38 Écrit par Paola Pigani dans Des livres | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : la géante . laurence vilaine. zulma.