20 janvier 2019
Un signe vers Claude Chalaguier
Claude Chalaguier nous a quitté ce dimanche 20 janvier 2019.
Auteur entre autres de Travail Culture et Handicap, Éditions Bayard, Fernand Deligny, 50 ans d'asile, Éditions Erès, il était trés engagé sur les questions de société inclusive.
J'ai eu le privilège de faire sa connaissance en 2007 alors qu'il était un collaborateur passionné de la revue Le croquant avec Michel Cornaton, son fondateur.
Directeur artistique et metteur en scène du groupe de théâtre Signes , il m'avait fait l'honnneur de me demander à participer à la rédaction d'un livre retraçant l'expérience de Signes Une aussi longue étreinte avec le théâtre .
Je voudrais partager ma tristesse avec celles et ceux qui ont eu la chance de vivre ou de travailler avec lui et l' image d'un homme dans toute l'énergie de sa générosité , la main sur le coeur.
Claude Chalaguier,
Lyon le 24 juin 2008
©paolapigani
Ouvrez les portes de la représentation. Claude Chalaguier, le metteur en scène, fait acte avec des mots et des sons. Il fait silence avec des lumières. Il fait mouche sur les planches. Les gestes, et la présence des comédiens, portent une densité où se donne à entendre la voûte crépusculaire d’un songe où nous pouvons poser les pieds.
Joël Clerget
Je lui dois beaucoup. C'est un frère s’en va. Il nous manquera beaucoup !
Charles Gardou
Anthropologue , professeur à l'Université Lumière Lyon 2
L’homme qui s’est fait signe
Il y a plus de 10 ans de ça
Maintenant
De mon appel à propos de contre écritures partagées.
La rencontre fut soudaine,
Claude d’un seul homme
Prit son temps,
Le fait est rare
Ni une ni deux
Le voici dans l’atelier
À bras le corps.
Depuis, plus que de l’eau a coulé sous les ponts,
De l’encre aussi
Et bien des larmes retenues.
Papiers et contre écritures, les ogres
Jonas et la tentation de Saint Antoine
Les fables de la Fontaine, les ogres encore
Et puis sourire vide en temps de guerre
Presque tous
Vus et revus avec envie.
Et toujours ces visages
Les expressions de ces acteurs
De ces autres dont on ne le dira pas assez
Qui nous font sortir de notre torpeur.
Bien des langues ont du se délier
Bien des yeux s’écarquiller
Des souffrances s’alléger,
Des blessures se réveiller peut-être aussi.
Le son de l’être
À l’unisson
Un autre univers
Tout ça sur un plateau
À portée de main
Chaleur et humanité
Singulière façon
De nous aimer.
Accepter en retour
Cette reconnaissance de dette,
Pour ce tour de force,
Plutôt trois fois qu’une
Pour ce faire,
Le dire et l’écrire en corps.
Insigne particulier du groupe
Marque indélébile de mon affection effective indéfectible.
Agnan KROICHVILI
Publié in « Une aussi longue étreinte avec le théâtre »
Claude Chalaguier le Groupe Signes : écrits croisés
Ed L’Harmattan coll le Croquant une vie une œuvre
mars 2010 ISBN : 978-2-296-11467-8
20:17 Écrit par Paola Pigani dans Le coeur des mortels | Lien permanent | Commentaires (4) | Tags : claude chalaguier, groupe signes, une aussi longue étreinte avec le theâtre, le croquant, agnan kroichvili
15 janvier 2017
Entre les rounds
La passe du vent avait édité Entre les rounds de Rodolp Barry en 2008.
Les éditions Finitude viennent de rééditer ces excellentes nouvelles dont j’avais écrit une note de lecture pour Le Croquant.
A travers ces huit nouvelles, on pénètre les petites joies et désolations de la solitude humaine, des territoires mouvants où chacun semble avoir laissé mourir un peu de soi.
Dans « la nuit Américaine » et les grands espaces flous, sur un parking de motel ou dans un ranch, l’étrangeté des rencontres est tissée de pudeur. Rodolph Barry écrit la véritable distance entre les êtres, des géographies humaines bien improbables où transparaît l’âme érodée d’un écrivain, d’un homme déjà dans la mort à qui sa femme offre une dernière fois un peu de son corps vivant. Ici et là, les héros n’ont jamais eu d’étoffe mais une « ombre qui creusait le sol », ils se cherchent avec peine je suis de trop nulle part car je ne compte nulle part . Mary, Nora, Juliane, Karine, autant de femmes émouvantes, vues de la route, de la fenêtre, du fond d'un canapé ou...d'une niche de chien, en lisières. Fidèles dans la fuite, suivant la lumière intermittente et les pointillés de ces tragédies intimes.
Si on nous laisse vivre à ciel ouvert, toucher l'encolure d'un mustang, boire un vin de Californie dans un coin un peu particulier de début ou de fin du monde, parler de la vie, de l'amour avec un auto-stoppeur qui avoue je ne sais jamais si la route me rapproche ou m'éloigne, saura-t-on une dernière fois entrer dans le combat pour mieux l'abandonner?
L'atmosphère de ces nouvelles rappelle l'univers de Carson Mc Cullers, de Ray Carver ou de Wim Wenders. On sent l'odeur des chevaux, la poussière, le gazoil des camions. On entend les bruits de vaisselle quand le silence étreint les couples. Tout y est. L'écriture est lente, épaisse, sensorielle, cinématographique et pourtant, il reste de l'indicible, des particules d'amertume et d'espoir accrochées à la fragilité de ces personnages, ce qui reste de la vie peut-être lorsqu'on se résout à la tenir à distance, la vérité de l'homme seul entre les rounds.
Il y aura toujours de la solitude pour ceux qui en sont dignes écrivait Hector Biancotti, c'est ce que semble vouloir nous dire Rodolphe Barry qui doucement, sûrement est devenu écrivain.
Rodolph Barry, Entre les rounds éditions Finitude
16:35 Écrit par Paola Pigani | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : rodolphe barry, editions finitude, le croquant
12 novembre 2012
Evaristo
Ce qui soulève la terre et les astres
Cette aube dans le ciel déchiré
Ce feu qui prend aux chimères
Ne crains pas cette lumière qui t’étreint
Dépose ta coupe pleine
Entre l’effroi et la beauté
Ami tu n’as rien perdu de la vie
Quitte à présent la floraison des ténèbres
Va d’un pas égal
Entre ton enfance de berger et le grand horizon pâle
Où tu as ta demeure
Dépose une poignée d’amandes et d’olives
Tes leçons de l’exil
Toi qui réfugié demandais des espadrilles
Pour traverser l’innommable
Tu n’es plus à présent l’étranger de personne
Paola Pigani
Publié dans Le Croquant n°61 2009
18:49 Écrit par Paola Pigani | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : evaristo, le croquant