12 février 2019
Une nuit jamais totale
in attesa di vedervi
j'embrasse mes proches comme j'embrasse la douleur
avec les sanglots retenus avec les sanglots libérés
je pose une main sous ta gorge
je m'entends dire touchez- la
ici
sa peau fine d'enfant
incroyablement douce encore
en ce lieu du corps qui n'a pas souffert
que le soleil n'a pas abimé
un seuil clair avant le cou, avant le visage, avant la bouche, avant les yeux
un seuil avant l'autre naissance
j'impose encore mes deux mains sur ce commencement de statue
plus aucun battement de sang
de paupière
d'impatience
plus que le vent, le froid qui flagellent les dernières heures de janvier
je relis tes derniers mots écrits d'une main tremblée
comme tu le faisais pour chaque lettre au brouillon
avec le souci de bien écrire en italien comme en français
in attesa di vedervi
plus tard je suis saisie face à La nuit étoilée, une reproduction de Millet
je l'envoie à mes sœurs
la nuit n'est pas totale
le vide n'est pas total
la nuit n'est pas que nuit
le vide n'est pas que vide
me revient cette chanson de Jonasz
les mauvais chagrins d'hier
les orties dans les fougères
quand on s'aime
ils nous aiment aussi
Dans mon roman à paraitre en mars les fils d'orties ont déjà tissé un manteau de chagrin et d'amour pour franchir le dernier gué de l'enfance sauvage.
Merci pour tous vos messages, vos paroles et votre présence vraies, de prés ou de loin, merci pour les fleurs, les petites lumières et les silences partagés.
22:16 Écrit par Paola Pigani dans Le coeur des mortels | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : jean-françois millet, nuit étoilée, deuil