28 septembre 2021
Un poème est passé.
Retour sur ce recueil collectif imaginé et composé par les poètes Thierry Renard et Yvon le Men au plus fort de la crise sanitaire que nous avons vécue en 2020.
"L'ÂME EN TRAVAUX DU MONDE "pour Paola Pigani
Au plus fort de l'orage il y a toujours un oiseau pour nous rassurer, c'est l'oiseau inconnu, il chante avant de s'envoler.
René CHAR
Car moi la Mère, mon fils (…) je dois nager vers toi les yeux ouverts.
Bénédicte GUILLOU
Nous cassons des serrures d'un simple coup de cœur.
James NOËL
Revenez-moi mes autres que je revienne à moi.
PEF
La peur donne des ailes mais seulement aux oiseaux.
Yvon le MEN
Oui Paola
l'âme du monde est en travaux.
La femme en nous connaît cet être en travail.
Quand le respir est rauque et que la vie advient.
Connaît le sang, n'ignore pas la déchirure.
La déchirure ou la plaie.
La contemporaine plaie irréparable.
Connaît le Nous communier
Connaît sa peine et son dénuement.
Connaît sa pauvreté.
Et peut-être, grâce à vous, son privilège.
Grâce à l'art de nouer et renouer encore.
Pour que vive, menacé et fragile,
Le Nous de la ville.
Le Nous des rues de votre ville
Celle où vous avez posé des fils.
Parié sur leur âme claire.
Oui Paola
l'âme du monde est en travaux.
Mais il y a l'oiseau
Son chant qui renoue
Paola renouée,
Paola renouante en son chant
Paola renouée des oiseaux.
Le cantus firmus d'un oiseau inconnu
Et qui chante avant de s'envoler.
Mais il y a le chant
Les mots du désordre et de la danse.
Mais il y a le chant
Mais il y a la parole du Poète
Que ne renonce à rien
Qui porte sur son front de Beauté la semblance
Qui ne renonce à rien hormis l'amer
L'amertume nous n'en ferons rien,
Ni vareuses ni gilets
Ni doublure à nos manteaux
Le chant de Lino comme une grue
Au dessus des rues de la ville.
Oui Paola
l'âme du monde est en travaux
Dans les rues de ta ville Paola
J'entends chanter ton père
Je l'entends tousser de la lumière
Chasser la brume
Et jeter dans le Rhône le secret de sa joie.
Oui parler répare
Oui chanter restaure
Nous n'en finirons pas de croire avec toi Paola
Aux invitations de la lune
Et au petit lait de l'aube.
Chacun se vide de soi, de sa crainte et de sa colère
Chacun s'emplit de pardon
Chacun s'emplit de Nous.
Soyons les éboueurs de l'âme
De ses fatras tristes.
Les co-vivants du lent avenir
Les co-videurs d'ordures
Il en pleut parfois sur la ville
Des gammées et des brunes.
Vidons, Vidons. Covid aidant.
Oui Paola
l'âme du monde est en travaux
Mais dans l'argile du Poème
Et comme débourbé de la mort
Apparaît le visage du frère
Son empreinte sans carbone
Sans caveau, sans cavité barbare.
Frères humains qui avec nous vivez
Par delà les barricades et les barrières
Avec Paola et vous
Non nous ne renonçons pas
A la puissance de la joie.
Celle venue des tréfonds où passe aussi la peine
Et le virus et l'angoisse
Et la souffrance des enfants qui ne jouent plus
Et l'âpre solitude des anciens dans les EHPAD.
La gueuse joie nègre
Qui rafistole les nuages
Qui fait des passes comme un ballon
Au pied des barres d'immeubles,
Qui congédie la peur
Et qui remet en jeu
Sans masque et sans Astrazeneca
Astrale et très certaine
Non virtuelle et tendrement incarnée"
Anne Miguet
10:02 Écrit par Paola Pigani dans Cadeaux de lectrices et lecteurs, Poésie | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : un poeme est passé, yvon lemen, thierry renard, james noel, editions la rumeur libre, pef, b guilloux