10 octobre 2020
Vivre seul et libre comme un arbre et fraternellement comme une forêt.
©christiancottetemard
Mon immense ami Michel Cornaton nous a quittés le 5 octobre 2020.
Rencontré en 2006, à la suite de sa lecture de Concertina, il m'avait proposé de collaborer à la revue Le Croquant . Depuis lors , il n'a cessé de m'encourager dans mon parcours d'écriture.
J'ai toujours été touchée par son sens du partage entre autre de sa passion pour l'oeuvre de Camus dont il se sentait si proche .
Professeur de psychologie à l'Université de Côte d'Ivoire à Abidjan, Professeur de psychologie sociale à l'Université Lumière-Lyon II, directeur -fondateur de la revue littéraire Le Croquant, docteur ès-lettres, Docteur en sociologie, Michel Cornaton, d'origine très modeste était surtout un grand humaniste.
Il n'a eu de cesse d'engager ses recherches et ses écrits d'une profonde exigence pour comprendre les injustices de notre Histoire, de notre société et tous liens possibles entre les arts. En quête de sens et de poésie, il aura vécu plus de 80 ans avec une grande force d'âme, inspiré par ces vers de Nazim Hikmet qu'il avait fait siens Vivre seul et libre comme un arbre et fraternellement comme une forêt.
L'histoire de la guerre d'Algérie aura été un de ses principaux combats.
(Sa “ cause célèbre ”, d'universitaire et de militant, avait été la dénonciation des camps de regroupements – nos camps de concentration à nous la France – pendant la guerre d'Algérie. Á cette occasion, il s'était opposé à son aîné Pierre Bourdieu qui, à ses yeux, avait fait preuve d'une attitude indigne, en tant qu'universitaire et militant. Bernard Gensane.)
Ami de longue date de Claude Chalaguier (auteur, metteur en scène de théâtre), Henri Perouze (co-fondateur de l'IRRFA, Institut Régional de Recherche et de Formation d'Adultes) Bernard Gensane, Jean Tardieu, Marin Sorescu,Charles Juliet, François Marquis, Winfried Veit, Evaristo, Claudine Bohi, Gabriel Le Gal, Paul Gravillon... Michel Cornaton a créé autour de lui une vaste constellation d'intellectuels, de poètes, d'artistes tout aussi sincères que lui. Dans le sillage des mouvements d'éducation populaire dont le CCO (Centre de Culture Ouvrière) et de l'association Economie et Humanisme, il avait à cœur de permettre à des publics en situation de précarité d'accéder à la compréhension du monde et à la culture.
Les mots filent entre mes doigts comme des cendres tant je peine à dire ce qu'il représentait vraiment avec son grand coeur orphelin qui absorbait toute la chaleur des autres , ouvert à la beauté des humbles ...
Mes pensées affectueuses vers ses six enfants.
©nadineloriot
17:34 Écrit par Paola Pigani dans Le coeur des mortels | Lien permanent | Commentaires (3) | Tags : michel cornaton, revue le croquant, nadine loriot