15 octobre 2012
Mirko
(... ) J’ai écrasé un sucre de toutes mes forces dans le fond du café froid, jusqu’à tordre la petite cuillère . Je l’ai mangé sans raison, je prends toujours mon café sans sucre. Çà crissait sous mes dents. Puis l’écœurement m’est resté dans la bouche. J’ai laissé un euro cinquante sur le formica, replié le journal à l’envers. Je suis sortie.
Il n’est pas loin de midi. Il me faut aller plus loin. Quelle ville existe au delà de cette ville ?
Je traverse un marché qui se vide. Déjà on enroule les auvents. Des bruits claquent. Les bassines d’aluminium raclent les étals. On bouscule les derniers fruits au fond des cagettes. Certains roulent par terre. Les harangues des marchands se font rares. Je manque dix fois de glisser sur une orange, des tomates éclatées, des fanes de choux. Une agitation de port sans le cri des mouettes avec juste la froidure sur les lèvres. Un type qui vend des bonnets et des casquettes fredonne con te partiro puis continue en sifflant su navi per mari dans la brise glacée. Je reconnais la chanson qui flotte un moment sur le bazar ambiant.
Cette nuit, j’ai rêvé d’inondation j’étais submergée par des eaux tièdes étonnée d’être portée par la peur avec la même force que celle d’un bonheur. Je ne me suis rendormie qu’au petit jour après de longues heures de lutte pour essayer de nommer les visages et les voix traversées. Il y avait Diamon , Tara, mon père, des cris joyeux de bord de mer, un carreau cassé, des escaliers, l’appel de Mirko dans un drôle de téléphone qui ressemblait à un phonographe et l’eau qui gagnait mon lit, mes jambes…(...)
Paola Pigani
Extrait d'un roman en cours Mirko
08:35 Écrit par Paola Pigani | Lien permanent | Commentaires (1)
Commentaires
Coucou Paola: en voilà une heureuse initiative que ce blog!! tu as tant de choses à nous dire et nous montrer: à lire tes mots et voir tes images, notre existence s'emplit de mystères et de poésie!! Ca fait du bien, sur la toile! Bisous ma Pao
Écrit par : jojo | 15 octobre 2012
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