30 novembre 2018
A Vaulx je vis
Je viens de commencer un texte sur l'usage de la parole pour celui qui souffre d'une béance en pleine bouche. Dans sa chambre d'hôpital, il écrit sur des carnets, sur une ardoise Velleda , peut-être écrit-t-il sur nos lèvres .
Je pense à C qui n'a que son Smartphone et Google traduction pour tenter de mettre sur du papier quadrillé des morceaux de sa chanson russe.
Ils sont quelques uns dans ce groupe de primo arrivants à écrire à partir de pièces détachées, d'une langue qui leur échappe. On ne s'installe pas dans ce type d'atelier d'écriture, on part sans destination. Peut-être faut-il laisser monter en soi une insurrection de leur langue d'origine, qu'elle bouscule la neuve, l'obligée, l'empruntée? Je leur demande d'écrire en toutes lettres ce qui les appelle encore de là-bas, de recopier, de répéter, de lire à voix haute. Le bambara, l'albanais, l'arabe, l'italien, ça torrente, ça me trouble dans mes propres résurgences d'écriture.
Des mots s'acheminent très lentement
Je suis un bateau fragile dans un cimetière trés silencé
le mot silence du verbe silencer
J'ai su la lumière oubliée
Je suis la lumière oubliée
Nous sommes l'arbre qui donne fruit je serai père
En quittant le CDI, je tangue sur leur mer, je tremble de leur espoir.
23:06 Écrit par Paola Pigani dans Voyage | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : résidence d'écrivain vaulx en velin
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