24 juin 2015
La vie quotidienne
Les humains apprirent à se modérer
c'est pourquoi on les nomma médiocres.
Ils allaient déjeuner à midi,
remplissaient, satisfaits, leur devoir,
dormaient la nuit de bon cœur dans leurs jolis
lits,et le lendemain vivaient
le même cours bien ordonné des
choses et les chemins de fer s'élançaient
avec une vélocité d'airain sur les rails
qui reluisaient bleutés dans le soleil, vers les
lointains, pour atteindre telle
ou telle contrée selon l'horaire.
Filles et garçons s'aimaient mécaniquement,
mari et femme essayaient de se ressaisir;
les bambins sautillaient sagement à l'école,
et les banques publiaient chaque année
les relevés de leurs bénéfices nets.
Pour éviter, à l'étourdie, de prendre feu,
je me maîtrisai moi aussi toujours mieux.
Robert Walser Bern 1924-1933 Editions Zoé
14:48 Écrit par Paola Pigani dans Poésie | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : robert walser, editins zoé