18 juin 2015
De Sisco à San Francisco
J'ai l’humanité qui meurt
et je meurs
je meurs encore
car nous avons plusieurs morts
peut-être même
sommes nous déjà morts
Je ne me livre ni ne me délivre
en silence je me voûte
suis-je matière
suis-je lumière
j'habite le mystère
l'univers
et le corps quantique
la vie et la mort
la mort et la vie
je sais
et pourtant
je suis révolté
au poing levé
se lie ma colère
et ma peine
et mes chaines
je voudrais être un caillou
ou un putain d'objet
une grue
ou une bécane
tiens, pourquoi pas une bonne bécane
qui a du couple
une cylindrée
au son qui gronde
et je l'enfourche la moto
et je me lance dans la ville
comme dans le vide
je l'enfourche la moto
et mon corps la voilà ma mort
la voilà
et je meurs
et je rêve que je vis
et je rêve que je vis
et je meurs
j'ai tout juste le temps de murmurer
mon nom
Béatrice Brérot
De Sisco à Sans Francisco . Editions L'atelier du Hanneton
21:34 Écrit par Paola Pigani | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : béatrice brérot, l'atelier du hanneton, le syndicat des poètes qui vont mourir un jour