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13 juillet 2018

Au seuil de l'instant

Nietzsche

 

 

Dans le plus petit comme dans le plus grand bonheur, il y a quelque chose qui fait que le bonheur est un bonheur: la possibilité d'oublier, ou pour le dire en termes plus savants, la faculté de sentir les choses, aussi longtemps que dure le bonheur, en dehors de toute perspective historique. L'homme qui est incapable de s'asseoir au seuil de l'instant tout debout en oubliant tous les événements du passé, celui qui ne peut pas, sans vertige et sans peur, se dresser un instant tout debout, comme une victoire, ne saura jamais ce qu'est un bonheur et, ce qui est pire, il ne fera jamais rien pour donner du bonheur aux autres.

Nietzsche – Considérations inactuelles -

 

 

 

 

 

 

22:12 Écrit par Paola Pigani dans Mon oeil | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : nietzsche

11 mai 2014

Piazza Carlo Alberto

 

Piazza Carlo Alberto, j'y étais hier

Je n'ai pas vu de traces de sang

Juste la rose rouge de Franca

un homme ivre

et un vent de pollens

à vous fermer les yeux

quand on est à la recherche 

d'un vieux fou

 

 

A Turin

piazza Carlo Alberto

les pavés se souviennent-ils encore

y avait-il d'ailleurs seulement des pavés

et qu'est-ce qui a reçu

le 3 janvier 1889

à la station des fiacres

les genoux vaincus de Nietzsche

et ses mains qui avaient pitié

les pavés se souviennent-ils encore

piazza Carlo Alberto

du cheval battu à mort

par une brute par un idiot

sous les yeux et l'impuissance de Nietzsche

 et de cette tête de cheval qu'entre ses bras il avait prise

de ses sanglots sur la rosse ensanglantée qui agonise

douleur incarnée dans la chair de cette carne

qui la soulève et s'y fiche

cheval indompté de son apocalypse

de l'abysse noir où il s'enfonça

Nietzsche

et mourut en compassion à l'esprit

piazza Carlo Alberto

d'autres imbéciles d'autres cogneurs

d'autres perverses têtes creuses

dans d'autres lieux sur d'autres places

ont cru bon de s'en parer

ont cru bon de s'en emparer

de son nom

de son regard sans mots

qui transperce toujours et les nuits et les murs

des amoureux noirs des carnages rouges

des serveurs haineux des vieux dieux obscurs

" il y aura des guerres

comme il n'y en a encore jamais eu ici-bas"

il dit et ne dit pas

et dans un désespoir à ne même plus hurler

son regard les fixe du fond de sa nuit

du fond de ce trou qui s'ouvrit sous lui

dans l'engloutissement de l'amour égorgé

et qu'il en devint fou

piazza Carlo Alberto.

 

Jean Pérol. Libre livre. Edition Gallimard

22:03 Écrit par Paola Pigani dans Poésie, Voyage | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : turin, perol, nietzsche

22 décembre 2024

Piazza Carlo Alberto

 

 

A Turin, j'y étais hier

n'ai vu  sur la place Carlo Alberto

que la rose rouge de Franca

 et des rafales de pollen à traverser

comme un poète clandestin

à la recherche d'un vieux fou...

 

Turin

Piazza Carlo Alberto

Les pavés se souviennent-ils encore

Y avait-il d’ailleurs seulement des pavés

Et qu’est-ce qui a reçu

Le 3 janvier 1889

A la station des fiacres

Les genoux vaincus de Nietzsche

Et ses mains qui avaient pitié

Les pavés se souviennent-t-ils encore

Piazza Carlo Alberto

Du cheval battu à mort

Par une brute

Par un idiot

Sous les yeux et l’impuissance de Nietzsche

Et de cette tête de cheval qu’entre ses bras il avait prise

De ses sanglots sur la rosse ensanglantée qui agonise

Douleur incarnée dans la chair de cette carne

Qui la soulève et s’y fiche

Cheval indompté de son apocalypse

De l’abysse noir où il s’enfonça

Nietzsche

Et mourut en compassion à l’esprit

Piazza Carlo Alberto

D’autres imbéciles d’autres cogneurs

D’autres perverses têtes creuses

Dans d’autres lieux sur d’autres places

Ont cru bon de s’en parer

Ont cru bon de s’en emparer

De son nom

De son regard sans mots

Qui transperce toujours et les nuits et les murs

Des amoureux noirs des carnages rouges

Des serveurs haineux des vieux dieux obscurs

«  il y aura des guerres

Comme il n’y en a encore jamais eu »

Il dit et ne dit pas

Et dans un désespoir à ne même plus hurler

Son regard les fixe du fond de sa nuit

Du fond de ce trou qui s’ouvrit sous lui

Dans l’engloutissement de l’amour égorgé

Et qu’il en devint fou

Piazza Carlo Alberto.

 

 

 

Jean Pérol . Libre Livre. Edition Gallimard

11:18 Écrit par Paola Pigani dans Des livres, Poésie, Voyage | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : turin, jean pérol, nietzsche