14 avril 2014
Men in blue
Un arbre est mort ce matin
Tombé
Rue des lilas à 8h30 ce 19 mars 2014
Je ne connais ni son nom si son âge
Il y a un linceul dans le ciel
Qui n’atteindra jamais ses branches
Un linceul bleu inutile
L’élagueur qui a tué l’arbre
a un Jesus tatoué sur la peau du cou
Dans une boutique franchisée
du centre commercial la Part-Dieu
Une promotion intitulée Men in blue :
25 % sur tous les vêtements bleus
Les employés ne voient pas le ciel de la journée
ils ont mieux à faire
En 1914 ceux des tranchées
portaient des uniformes
Bleu horizon
Quelques cris de flamme annoncent sans cesse ma présence
J'ai creusé le lit où je coule en me ramifiant en mille petits fleuves qui vont partout
Je suis dans la tranchée de première ligne et cependant je suis partout ou plutôt je commence à être partout
C'est moi qui commence cette chose des siècles à venir
Ce sera plus long à réaliser que non la fable d'Icare volant
Je lègue à l'avenir l'histoire de Guillaume Apollinaire
Qui fut à la guerre et sut être partout
Dans les villes heureuses de l'arrière
Dans tout le reste de l'univers
Dans ceux qui meurent en piétinant dans le barbelé
Dans les femmes dans les canons dans les chevaux
Au zénith au nadir aux 4 points cardinaux
Et dans l'unique ardeur de cette veillée d'armes
Guillaume Apollinaire (1880 - 1918)
07:45 Écrit par Paola Pigani dans Poésie | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : première guerre mondiale 1914-18, apollinaire
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