21 octobre 2012
Russie
La Neva charrie des canettes de bière
Des bouteilles de vodka
Un homme torse nu pèche ses regrets
En eaux troubles
La cathédrale St Sauveur du sang -versé
Est tatouée sur la moitié de son corps
Les nuits blanches
S’impriment sur les visages
Les rues bruissent de papier journal
Et de rires défaits
Aux bras d’hommes gras des femmes interminables
Traversent la Nevsky Prospect en robe bleue
Leurs grandes enjambées tristes
Lèvent tous les voiles de Saint Petersbourg
La Neva te poursuit
Paola Pigani
Pour Valentin Simonkov rencontré à Saint Petersbourg en juin 1998.
10:57 Écrit par Paola Pigani dans Poésie, Voyage | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : simonkov, saint petersbourg
18 octobre 2012
Hudson River
Le Columbus traverse les flots
Autour d’Ellis island
Les voix des émigrants
Sont retournées à l’eau
Le pont de Brooklyn
Enjambe le matin calme
Ici New-York
Ici New-York
L’écume aux lèvres
Un quatre mâts sans voile
Stagne devant les grues
De la Freedom Tower en construction
Le ground zéro n’est plus un trou
Au passage du zodiac de la NY Policy
Des pilotis tremblent dans l’eau brune
Les nounous noires de Battery Park
poussent des enfants blonds et muets
Assise au bord de l’Hudson River
Une jeune femme penchée
sur un écriteau de carton
I’m looking for kindness
Je cherche la bonté.
Paola Pigani
18:22 Écrit par Paola Pigani dans Poésie, Voyage | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : hudson river, new york
27 décembre 2024
La vie restera toujours inachevée
18:52 Écrit par Paola Pigani dans Des livres, Voyage | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : andré dhôtel
Piazza Carlo Alberto
A Turin, j'y étais hier
n'ai vu sur la place Carlo Alberto
que la rose rouge de Franca
et des rafales de pollen à traverser
comme un poète clandestin
à la recherche d'un vieux fou...
Turin
Piazza Carlo Alberto
Les pavés se souviennent-ils encore
Y avait-il d’ailleurs seulement des pavés
Et qu’est-ce qui a reçu
Le 3 janvier 1889
A la station des fiacres
Les genoux vaincus de Nietzsche
Et ses mains qui avaient pitié
Les pavés se souviennent-t-ils encore
Piazza Carlo Alberto
Du cheval battu à mort
Par une brute
Par un idiot
Sous les yeux et l’impuissance de Nietzsche
Et de cette tête de cheval qu’entre ses bras il avait prise
De ses sanglots sur la rosse ensanglantée qui agonise
Douleur incarnée dans la chair de cette carne
Qui la soulève et s’y fiche
Cheval indompté de son apocalypse
De l’abysse noir où il s’enfonça
Nietzsche
Et mourut en compassion à l’esprit
Piazza Carlo Alberto
D’autres imbéciles d’autres cogneurs
D’autres perverses têtes creuses
Dans d’autres lieux sur d’autres places
Ont cru bon de s’en parer
Ont cru bon de s’en emparer
De son nom
De son regard sans mots
Qui transperce toujours et les nuits et les murs
Des amoureux noirs des carnages rouges
Des serveurs haineux des vieux dieux obscurs
« il y aura des guerres
Comme il n’y en a encore jamais eu »
Il dit et ne dit pas
Et dans un désespoir à ne même plus hurler
Son regard les fixe du fond de sa nuit
Du fond de ce trou qui s’ouvrit sous lui
Dans l’engloutissement de l’amour égorgé
Et qu’il en devint fou
Piazza Carlo Alberto.
Jean Pérol . Libre Livre. Edition Gallimard
18:52 Écrit par Paola Pigani dans Des livres, Poésie, Voyage | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : turin, jean pérol, nietzsche