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02 novembre 2017

Le capitaine revient!

 

 

Apres les Mécaniques  et  le nouveau Noum, le capitaine poète Jean Baptiste Cabaud nous revient !

 

 

 

jean baptiste cabaud, La folie d'Alekseyev, Edtions Dernier télégramme

Tu rejetteras au néant les siècles passés de navigation et les années d'aviation de l'humanité mais tu feras s'élever les bateaux hors de l'eau et voler les avions sur les flots.Tu offriras aux hommes tes ekranoplanes qui ne sont ni du sol ni de l'air.

Est-ce folie de voler, d'inventer les distances entre le sol et l'éternité? Dans la folie d'Alkseyev, l'été polaire donne soif, la terre est pauvre ,  le ciel clair pour les fantômes d'Anna Akhmatova , de Mandelstam et de tant d'autres.

Il n'y a plus d’inquiétude tant qu'on avance vers l'enfer où la neige est nuit même le jour.

C'est dans ce siècle chien -loup où le froid est carnivore que  Mandestam souffle dans un  râle , ses derniers poèmes avant d'être enseveli par ses camarades dans une fosse commune prés de Vladivostok

Le travail est affaire d'honneur, de gloire, de vaillance et d'héroïsme dans ce    royaume de rouille cerné de poteaux noirs; un  royaume de l'inachevé où des prisonniers constructeurs périssent de rêver ,  partagent la folie d'Alekseyev  et veulent  s'accrocher au tableau rouge des victoires industrielles, même s'ils sont condamnés à parler la langue des étoiles.Et Alekseyev parle:

Ecoute moi, Evguéni. Le ciel est trop vaste. trop haut.Trop d'énergie dépensée pour l'apprivoiser- sais-tu ce qu'il en coûte de roubles et de forces déployées pour faire monter un aéronef à trente mille pieds?Car mieux qu'un passé glorieux, ce ciel bien plus encore reste l'avenir. Tous se sont jetés dans sa gueule de vent depuis soixante ans. tous ont voulu le rejoindre, le posséder. tous l'ont voulu. Il scintille d'évidence, comme une perle d'avenir. Une perle de pouvoir, militaire, commerciale ( ...)regarde maintenant ce qu'on ne peut pas voir, Génia! Ce ciel! Ce ciel! De la même manière qu'il est parcouru de traînées blanches des réactions, il l'est désormais d'ondes et de fréquences. de radars, de radios.strié, divisé (...) Alors laissons-leur, ce ciel plein à craquer, mon ami. Nous volerons, nous, à ras de terre ( ...)

 

 Une lune intense dans la nuit inondait le tableau vide de la toundra, et le froid dans mes phares polissait chaque forme de cette steppe dormante en lumineux arcs de givre. Installé dans le dépouillement sec du cockpit, suspendu, je traversais la nuit;Incroyablement bien je te l'assure. Je volais. Poussant la machine ainsi que nous l'avions convenu. Attentif à chaque signal, à chaque avertissement caché, le long de ce ruisseau de glace que la crue clarté transformait en diamant pur. Chaque éclat jeté dans les projecteurs, devant le nez de la machine, me portait un peu plus vers l'avant. Chaque scintillement, chaque miroitement lancé se développait au dessus du sol, en une chimie achevée pour venir renforcer la lame du vent qui me soutenait ( ...)

Bravo à toi capitaine et merci pour ce voyage

 

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