12 mars 2018
Perfusions poétiques
De retour de la fête du livre de Bron où j'ai croisé Rimbaud par la voix de Jacques Bonnafé ( et quelques minutes son accent ardennais pour mieux extirper le poète de ses terres noires)
j'ai croisé Robert Desnos par la voix de Gaëlle Nohant qui lui a consacré un très beau roman Légende d'un dormeur éveillé,
J'ai croisé La folie d'Alekseyev mise en espace en voix et en musique par saint Octobre et David Champey pour donner encore plus de force au texte magnifique de Jean- Baptiste Cabaud dont j'avais parlé ici en novembre dernier.
Et puis le bonheur de rencontrer pour la première fois Milena Agus grâce à qui j'avais envoyé par la poste mon premier roman à notre éditrice commune, Liana Levi...
Après de telles perfusions poétiques , j'ai trouvé belle la pluie sur le pare-brise et j'ai dormi debout toute la nuit...
13:57 Écrit par Paola Pigani dans Des livres, Poésie | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : bonnafé, rimbaud, desnos, milena agus, liana levi, jean baptiste cabaud, gaëlle nohant, david champey, saint octobre
02 novembre 2017
Le capitaine revient!
Apres les Mécaniques et le nouveau Noum, le capitaine poète Jean Baptiste Cabaud nous revient !
Tu rejetteras au néant les siècles passés de navigation et les années d'aviation de l'humanité mais tu feras s'élever les bateaux hors de l'eau et voler les avions sur les flots.Tu offriras aux hommes tes ekranoplanes qui ne sont ni du sol ni de l'air.
Est-ce folie de voler, d'inventer les distances entre le sol et l'éternité? Dans la folie d'Alkseyev, l'été polaire donne soif, la terre est pauvre , le ciel clair pour les fantômes d'Anna Akhmatova , de Mandelstam et de tant d'autres.
Il n'y a plus d’inquiétude tant qu'on avance vers l'enfer où la neige est nuit même le jour.
C'est dans ce siècle chien -loup où le froid est carnivore que Mandestam souffle dans un râle , ses derniers poèmes avant d'être enseveli par ses camarades dans une fosse commune prés de Vladivostok
Le travail est affaire d'honneur, de gloire, de vaillance et d'héroïsme dans ce royaume de rouille cerné de poteaux noirs; un royaume de l'inachevé où des prisonniers constructeurs périssent de rêver , partagent la folie d'Alekseyev et veulent s'accrocher au tableau rouge des victoires industrielles, même s'ils sont condamnés à parler la langue des étoiles.Et Alekseyev parle:
Ecoute moi, Evguéni. Le ciel est trop vaste. trop haut.Trop d'énergie dépensée pour l'apprivoiser- sais-tu ce qu'il en coûte de roubles et de forces déployées pour faire monter un aéronef à trente mille pieds?Car mieux qu'un passé glorieux, ce ciel bien plus encore reste l'avenir. Tous se sont jetés dans sa gueule de vent depuis soixante ans. tous ont voulu le rejoindre, le posséder. tous l'ont voulu. Il scintille d'évidence, comme une perle d'avenir. Une perle de pouvoir, militaire, commerciale ( ...)regarde maintenant ce qu'on ne peut pas voir, Génia! Ce ciel! Ce ciel! De la même manière qu'il est parcouru de traînées blanches des réactions, il l'est désormais d'ondes et de fréquences. de radars, de radios.strié, divisé (...) Alors laissons-leur, ce ciel plein à craquer, mon ami. Nous volerons, nous, à ras de terre ( ...)
Une lune intense dans la nuit inondait le tableau vide de la toundra, et le froid dans mes phares polissait chaque forme de cette steppe dormante en lumineux arcs de givre. Installé dans le dépouillement sec du cockpit, suspendu, je traversais la nuit;Incroyablement bien je te l'assure. Je volais. Poussant la machine ainsi que nous l'avions convenu. Attentif à chaque signal, à chaque avertissement caché, le long de ce ruisseau de glace que la crue clarté transformait en diamant pur. Chaque éclat jeté dans les projecteurs, devant le nez de la machine, me portait un peu plus vers l'avant. Chaque scintillement, chaque miroitement lancé se développait au dessus du sol, en une chimie achevée pour venir renforcer la lame du vent qui me soutenait ( ...)
Bravo à toi capitaine et merci pour ce voyage
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15:11 Écrit par Paola Pigani | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : jean baptiste cabaud, la folie d'alekseyev, edtions dernier télégramme, les mécaniques
11 mars 2013
Printemps des poètes
Dans le cadre du Printemps des poètes,
et leur Collection Poésie dirigée par Frédérick Houdaer.
À l'honneur, lors de cette soirée, les auteurs
05:23 Écrit par Paola Pigani dans Poésie | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : jean baptiste cabaud, magali mélin
09 août 2012
Les mécaniques
Entre prose lyrique et quatrains d’enfer, les mécaniques de Jean Baptiste Cabaud nous emportent au delà de l’urbain, au delà de l’humain où un ciel de lune (…) en tout lieu est menacé de ce que l’homme jamais ne relève la tête. Le poète part en campagne, laissant derrière lui une chambre bleue, usée de silence et de pénombre, de multiples villes dans une drapure de brouillard, non sans réclamer, pourrait-on croire un bon verre ou vers pour la route :
Un dernier un ultime
Un mot suivi d’un autre
Et m’étoiler dedans
On croise avec lui des bergères au pied des balançoires, un capitaine qui n’a jamais pris le large mais tangué tant et plus dans les rues de Lyon, un dandy nommé Nino Ferrer, allongé au sol du sud sous des cèdres bleus, des souvenirs d’amour ou d’amitié qu’il a fallu laisser car il faut partir encore l’espace est si grand /parcourir encore le temps est si long
A tu et à toi avec la mélancolie, J.B. Cabaud ne craint pas cependant de parler ni des arbres ni des oiseaux, ces grands déserteurs de la poésie contemporaine. Il ne veut pas pas renoncer au monde même dans ce bruit de verre brisé d’une jeunesse écriée plutôt que pleurée.
Et qui renait de qui
Quand le vin se dissipe ?
L’eau métamorphosée
N’engloutit plus personne
…
Au fond d’une rivière
Où je m’étends en croix
Demi-corps envasé
Envasé mais christique
Ici est la magie
Insolente et cachée
Dans le pouvoir du verbe
Et du pain et du vin.
On devient lyrique des lors que la vie à, l’intérieur de soi palpite à un rythme essentiel nous disait Cioran. Avec Jean Baptiste Cabaud, jeune poète bien vivant, nous sommes dans le tempo et le lyrisme d’une génération que semblent vouloir défendre les éditeurs d’A plus d’un titre;
Paola Pigani
Jean Baptiste Cabaud
Les mécaniques éditions A plus d’un titre
12:46 Écrit par Paola Pigani | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : jean baptiste cabaud