13 novembre 2012
Cabaret poétique dimanche 18 novembre
C'est bientôt : le prochain cabaret poètique animé par Frédérick Houdaer en collaboration avec la CIMADE,
je lirai quelques textes accompagnée du poète et musicien Grégoire Damon.
Ma ville parfois a des absences
Samedi dimanche et jours fériés
Ma ville toutes paupières baissées
Où l’eau des fontaines bégaie
Ma ville où je ne suis jamais née
Où je n’ai rencontré aucun seigneur
Ma ville et ses grappes d’encre
A cueillir les nuits sans étoiles
Quand rien ne chante
Ma ville passible de tous les vents
Où des hommes pissent dans la rue
Errent tête nue dans les parfums d’avril
Ma ville qui porte parfois l’étoffe de ténèbres
Frontière invisible entre le printemps et les Balkans
Toutes griffes arrachées
Petit peuple aux mains tues
Ma ville qui prend la fièvre
Dans le métro à Bellecour
Sur les doigts sales d’une gamine en fichu
Ma ville où vos deux noms
Flottent sur ce jour d’avril
Marianna Simona
Brûlées vives dans une caravane
A Surville au milieu des vôtres
Roms enfantés dans la promesse d’un voyage
Long comme une rivière
Ne plus être nomade c’est mourir
Dans ce ressac de Lyon
Où déposer vos cendres
Vos chants d’amour et d’ailleurs ?
Ce dimanche 4 avril
Les lilas seuls portent le jour
Paola Pigani
08:27 Écrit par Paola Pigani | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : cabaret poètique, lyon, houdaer, damon, cimade, rroms
01 octobre 2012
Un peu de bleu
Je cherche un peu de bleu un peu de vert qui trancherait sur l’ardoise de mes derniers jours. De quoi effacer la peau, la caresse, l’odeur, le baiser du refus. Ma chère absente, toi qui ne voulais plus de moi. Il me faudra mourir souvent. Il me faudra courir longtemps. Avant de reconnaitre ton visage dans la lumière du matin. Avant de te prendre dans mes bras, de serrer à nouveau ta gorge et de manger tes lèvres. Avant de croire en ta disparition. Avant d’empoigner ma douleur.
Quand tu m’as lâché la main. J’ai tiré sur le jour qui t’a vu naître ! Je voulais te voir nue plus que nue, désarmée. Sans l’ombre de cet homme. Je voulais étrangler l’amour, ne plus entendre sa respiration dans la solitude de mon sang. Toi, tu n’avais d’yeux que pour cet autre. Celui qui portait si bien les chemises claires. Le transparent. Mais qu’avait-il de plus que moi ? Des épaules larges ? Une peau chaude et odorante ? Des yeux d’ébène ? Ne sais-tu pas que les amants dans le noir mentent plus sûrement que des mains d’assassin ?
J’ai mis tous leurs rires, tous leurs yeux dans le même panier et j’ai jeté la clé. Leurs rires idiots d’amants comblés, leurs bouches en feu. Que reste-t-il à présent ? Une main qui tremble, un adieu qui flotte dans l’eau sale du canal bien loin des rues de ma ville.
La pluie fait des sacs sous mes pas. J’avance lentement dans ce qui me reste de temps. J’avance lentement dans ce qui me reste d’innocence.
Les aubes sont navrantes. Tu es à présent dans un monde à paraître, à l’envers des saisons, sur le drap blanc où je te couche.
Les aubes sont navrantes. Ces mots sur le dernier post-it que tu as collé sur le frigo pour contrer mes insomnies m’as-tu dit, pour m’encourager à ne broyer que du noir, du vrai et retourner au lit, loin de ton corps (... )
Paola Pigani
Extrait d'une nouvelle lue par F.Houdaer au théatre des Asphodèles à Lyon en mars 2011.
17:46 Écrit par Paola Pigani | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : asphodèles, houdaer