31 mars 2017
Mio padre
Tout se durcit et dure
dans le présent de l’écriture
Il n’y a qu’un temps pour dire
Le nombre que nous sommes
Rien ne l’entame
Je m'atèle au silence des roses
au silence des pierres
Aux craquements de la maison vide
La malle est là descendue du grenier
sur le ciment de la cave
Est passé de la remise de la mémoire
à la zone de transit
Avec tout ce qui doit partir
vinaigriers vieux fusil Singer baratte à beurre bocaux vides
La malle en bois blanc
Vidée de la robe de mariée
vidée de vos lettres
Des percales de nourrisson
Des rêves de France
La malle qui n’a jamais fermé à clé
je ne suis pas diariste
peu m’importe d'écrire que sont éparpillés au pied de mon lit des collants roulés en boule , la forêt des renards perdus, glaneurs de rêves, partage des vivants et Rilke dans la pléiade
peu m'importe de faire savoir que j'avale une cuillère de pollen d'abeille chaque matin
aujourd'hui, j'ai pensé à toi devant la photo que j'avais collée dans une écorce de bouleau trouvée au bois des cosses à Cellefrouin
J'ai pensé à nous tous qui chantions bella ciao lorsque nous t'avons porté en terre
le plus jeune des enfants avait répété à l'orée du caveau ces mots qu'il ne comprenait pas
j'ai pensé à l'écho de cette voix d'enfant, à la croûte de polenta qu'on n'avait qu' à soulever pour y trouver tes souvenirs de partigiano,perdu dans le maquis à fuir les oustachis
aujourd'hui on m'a tendu un sarrau couleur ardoise qui m'allait bien au teint
je me suis glissée sur la planche
je suis entrée dans un tunnel
à travers le casque, des chansons anglaises essayaient de masquer le bruit de moissonneuse-batteuse de la machine
Imagerie à résonance magnétique
aujourd'hui j'ai fais un court voyage dans le noir
hier avec Marie nous sommes allées plus loin
nous avons parlé des rivages de nos pères, du Château d'If, de Trieste
nous avons remonté le boulevard Berthelot
nous avons croisé une manifestation CGT
la voiture balai diffusait Bella ciao
nous avons chanté dans le soleil
où volaient les cendres de nos pères
15:48 Écrit par Paola Pigani dans Le coeur des mortels, Poésie | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : bella ciao, savage rose
30 mars 2017
D'eux
©paolapigani
Il est seul dans la cour murée
avec un jouet dont bat
le ressort fatigué
une plume s'envole
qui s'en vient retomber
sur la terre où s'affrontent
les forces de l'amour
celles aussi de la peur.
Le mur étincelle
son faîte est recouvert
de ces gros tessons verts
arrêtant les voleurs.
Jean Follain. Exister. Éditions Gallimard, 1969
09:19 Écrit par Paola Pigani dans Poésie | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : follain
29 mars 2017
Sans titre
©paolapigani
15:25 Écrit par Paola Pigani | Lien permanent | Commentaires (0)
27 mars 2017
People
18:31 Écrit par Paola Pigani dans Musique | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : kat frankie
21 mars 2017
Sans titre
©paolapigani
C'est ici que la lucarne
reçoit des appels d'oiseaux
Jean-Claude Pirotte
22:33 Écrit par Paola Pigani | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : pirotte
Passages
19:29 Écrit par Paola Pigani dans Musique | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : ghostlight orchestra
20 mars 2017
Le poète sans feu
Lyonel trouillot à Bron le 11 mars 2017©richardsestier
Absence
Analgésique léger utilisé comme traitement de substitution de la mort, comme le chocolat pour l'héroïne. Permet au poète d'être un peu mort, sans trop et sans effets secondaires, et de continuer à produire une oeuvre présumée immortelle. En cas d'usage abusif, un peu d'alcool suffit à nettoyer la blessure.
Geneviève de Maupeou, Alain Sancerni, Lyonel Trouillot.
Dictionnaire de la rature (Actes Sud)
23:13 Écrit par Paola Pigani | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : geneviève de maupeou, alain sancerni, dictionnaire de la rature, fête du livre de bron, lyonel trouillot
19 mars 2017
Regard sur la ville
22:17 Écrit par Paola Pigani | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : pierre beppi martin, lyon
17 mars 2017
Magnifique printemps des poètes suite
En ces jours de sacre du printemps des poètes, je voudrais saluer la poésie d’Anne Sibran à qui je dois le plus beau voyage qui m’ait été donné à vivre cet hiver à la lecture de l’enfance d’un chaman paru en janvier 2017 dans l’excellente collection Haute Enfance chez Gallimard.
Je suis l’enfant du fleuve
D’un peuple cent fois mort
Mais qui toujours renaît.
Le fils de l’homme à la sarbacane
Le grand souffleur d’oiseaux,
Le fils de la femme- fleur,
Mordue par le serpent.
Je suis l’enfant des ruisseaux
Sauvé par la loutre,
Lucero tanguila
Né le jour du volcan,
Le neveu de l’homme tigre,
Qui mord le cou des panthères
Et plante les enfants
Dans le ventre des femmes
Qui lui portent une soupe.
Je suis celui qui s’est dressé
Devant le fauve aux yeux luisants.
Celui dont la mort n’a pas voulu,
Ce soir,
Celui dont la mort ne voudra pas !
Dans ce magnifique récit entre conte et témoignage, j’apprends que la forêt amazonienne est aussi fertile de l’âme humaine que de l’âme animale, que la parole sacrée des indiens y chante et guérit .
J’apprends comment ce peuple enfoui tente de résister depuis des siècles aux prédateurs blancs, aux compagnies pétrolières.
Dans cette forêt, tout est signe, le chant de l’eau comme le chant des arbres. Anne Sibran est entrée, il y a plusieurs années dans la langue de ceux qui sont devenus siens, le Quechua, elle est entrée dans la réalité, l’histoire et l’âme de ce peuple en équateur où elle vit le plus souvent possible.
Le chaman me voyait toujours écrire, noter des choses dans mon carnet. Lui ne sait ni lire ni écrire, pour lui, l’écriture est de l’ordre de l’humiliation : dans le système équatorien, les gens qui ne savent pas lire ne sont pas respectés. Il me dit : « que mets-tu dans tes carnets ? » et comme il le dit fort, comme pour s’excuser, il me dit encore : « je n’ai pas les yeux pour le livre » et je lui réponds « si tu n’as pas les yeux pour le livre, moi je n’ai pas les yeux pour la forêt ».
Avoir grandi au milieu des arbres et des champs, avoir touché du bois toute mon enfance, avoir cru dans les arbres, du verbe croire et du verbe croître, me donne le droit d’affirmer qu’Anne Sibran révèle dans ce livre l’essence même de la forêt. Son écriture toute imprégnée de cette lymphe végétale donne au récit entier une respiration qui ne faiblit jamais .Une écriture vivante qui fait entrer en nous la parole de Lucero, cet enfant chaman donné à la forêt, aux tigres, aux biches rouges, au fleuve, au volcan, apparu dans un corps d’homme, disparu dans la bête, ressurgi dans l’humain pour n’en sauver ni l’apparence ni la vanité mais pour que la forêt continue d’exister, inviolable.
Plonger de la falaise, c’est entrer d’abord dans cette tiédeur saturée de parfums : l’haleine de la forêt. Il y a toujours cette expiration un peu tiède qui flotte au-dessus des arbres et qui se montre parfois, dans une brume effilochée.
Mais, perçant le rideau des feuilles, la lumière s’interrompt. L’air s’épaissit. Les odeurs viennent cogner lourdement et repartent. La terre lui faiblement comme un ciel renversé.
Et partout cette musique, tendue les branches, dans les fils de lumière et dans les gorges d’ombre : cette vibration portée de gueule en gueule, amplifiée aux froissements d’un élytre, d’un cri rauque, d’un roulement dans le cou d’un oiseau.
A chaque instant la forêt est épaisse de ce qu’elle s’apprête à dire, ou bien de ce qu’elle tait. Tout parle, sous les mousses, au coude d’un vieil arbre. Même le parfum au ventre de la fleur est un mot prononcé.
Cette acoustique singulière, cette luisance mystérieuse sur le dos des rochers, n’existent pas partout avec la même insisté dans la forêt, mais seulement dans certains endroits, où l’homme n’aura plus le droit de pénétrer par la suite. Ce sont les portes, ces passerelles entre les mondes, où habitent les esprits.
Je ne peux que vous recommander de venir écouter Anne Sibran ce soir!
ENFANCE D'UN CHAMAN
RENCONTRE - DISCUSSION
Anne Sibran
Vendredi 17 mars à 19h
Librairie Raconte moi la terre
14 rue du Plat 69002 Lyon
07:00 Écrit par Paola Pigani dans Des livres, Poésie, Voyage | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : anne sibran, raconte moi la terre, l'enfance d'un chaman
16 mars 2017
Magnifique printemps des poètes
PRIX RENÉ LEYNAUD : GABRIEL DE RICHAUD
Centre d’Histoire de la Résistance et de la Déportation, Espace Berthelot, 14 avenue Berthelot, Lyon 7e
Jeudi 16 mars, 18h30
René Leynaud était un journaliste, poète et résistant lyonnais, ami d’Albert Camus, mort fusillé pour actes de résistance à Villeneuve. Depuis 3 ans, un prix à son nom récompense un ouvrage de poésie contemporaine porteur d’un souffle de résistance, écrit par un poète émergent.
Le lauréat Gabriel de Richaud donnera une lecture d’extraits de son recueil récompensé Une vie pour Camille (La Crypte, 2016). Remise du prix par Emmanuel Merle, en présence des membres du jury. introduction par Patrice Béghain, auteur de l’anthologie Poètes à Lyon au 20e siècle (La passe du vent). événement organisé par l’Espace Pandora, en partenariat avec le CHRD.
Entrée libre sur réservation : 04 78 72 23 11
Le magnifique printemps continue jusqu'au 26 mars!
08:33 Écrit par Paola Pigani dans Poésie | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : gabriel de richaud, prix réné leynaud