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Hier j’ai été invitée dans une résidence de seniors pour animer une rencontre dans le cadre du magnifique printemps des poètes. Avec Fabienne, l’animatrice, nous avions eu auparavant quelques échanges pour imaginer ce moment. J’avais envoyé des textes de Hölderlin, Paz, Andrade, Reverdy pensant avec mes stupides scrupules pédagogiques que les résidents allaient pouvoir s’imprégner de ces textes, en parler entre eux, échanger des impressions, des émotions. On m’a vite fait savoir qu’ils n’aimaient pas du tout ces textes et préféraient des poètes d’avant comme Victor Hugo ou Lamartine. Pour moi qui ai surtout navigué avec Rimbaud, Baudelaire, Cendrars, Artaud, leurs poètes d’avant étaient restés planqués depuis fort longtemps dans mon vieux Lagarde et Michard. Je ne suis pas diplômée en lettres, je ne sais pas dispenser de savoir. Je sais tout juste transmettre ce que j’aime mais je leur ai lu un extrait des Contemplations, j’ai lu Le Lac dont certains en connaissaient de longs passages par cœur. Et doucement, nous sommes entrés dans cette langue d’avant. Des portes se sont ouvertes sur un souvenir de noyade dans ce fameux lac du Bourget, sur un souvenir de lettre cachée dans une coquille de noix envoyée dans un colis à l’amoureux prisonnier des allemands. Sur chaque palier de la mémoire la poésie ressurgissait comme Le dormeur du val, des vers portés pendant plusieurs décennies.
Une femme a fredonné Trenet, Brassens. Nous étions déjà revenus au XX ème siècle. Une autre femme s’est souvenue du bruit terrible de l’œuf cassé sur un comptoir d’étain, une autre de son père qui avait connu Apollinaire dans les tranchées de 1914- 18 . Finalement, ils ont aimé que je leur lise un extrait de Zone du même Apollinaire puis des textes de Jean-Claude Pirotte, de Dominique Sampiero. Et ils ont aimé que je leur lise un de mes poèmes d’amour.
J’allais repartir avec tous nos frissons entre les roses, la poésie ressurgie du fond de leur bel âge, de leurs yeux, la poésie aux lèvres mais juste avant de prendre mon blouson, mon sac, mon bouquet, une femme s’est avancée vers moi, m’a avoué d’une voix chuchotée que la poésie, elle l’avait trouvée, elle, dans les psaumes et qu’ici, elle cachait sa foi (Dans toute communauté humaine existent de vraies solitudes). Je lui ai parlé du cantique des cantiques, des poèmes qui sont des prières, des prières qui sont des poèmes. Ses petits yeux humides ont acquiescé et nous avons serré nos quatre mains en riant.
Merci à ces résidents ouverts à tous les vents, à la vieillesse tendre, à Fabienne et Marion animatrices de cet Ehpad, à Frédéric Merme de l’Espace Pandora de m’avoir donné à vivre une telle rencontre.
Hommes de l’avenir, souvenez-vous de nous !Une anthologie pour saluerGuillaume Apollinaire. « Hommes de l’avenir, souvenez-vous de moi... », s’exclame Guillaume Apollinaire dans « Vendémiaire », le poème qui clôt son recueilAlcools, paru en 1913. Cinq ans plus tard, le poète disparaissait à trente-huit ans, terrassé par... la grippe espagnole, le 9 novembre 1918, deux jours avant l’armistice qui mettait fin à la Première Guerre mondiale. Pour aider à « se souvenir », à travers l’auteur de Calligrammes, des dix millions de victimes de la Grande Guerre, le présent ouvrage réunit, dans la diversité de leurs voix, onze poètes ou écrivains de notre temps. Et regroupe aussi, outre le texte du spectacle créé à l’occasion de ce centenaire, une vingtaine de dessins dus à de jeunes artistes, qui ont aujourd’hui l’âge qu’avaient la plupart des combattants de 14-18.
SAMANTHA BARENDSON • GABRIEL BELMONTE • ALAIN FISETTE • ALAIN FREIXE • ALBANE GELLÉ • AHMED KALOUAZ • MICHEL KNEUBÜHLER • EMMANUEL MERLE • RAPHAËL MONTICELLI • PAOLA PIGANI • FRANCIS PORNON • JEAN ROUAUD
Autant de contributions pour redire avec un autre grand poète du 20e siècle, Jacques Prévert : « Quelle connerie la guerre ! ». Et quel précieux bienfait que la paix...
Une vingtaine de dessins choisis parmi ceux réalisés, sous la houlette de leur enseignant, Dominique Simon, par cent quarante – oui, cent quarante ! – étudiants de l’École Émile-Cohl illustre cet ouvrage.
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