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Depuis 1990, le festival Étonnants Voyageurs se tient chaque année à Saint-Malo et réunit 300 écrivains, cinéastes, photographes, musiciens du monde entier pour 3 jours de rencontres dans 28 lieux à travers la ville. Plus de 300 débats, cafés littéraires, lectures, 10 expositions, 100 films projetés.
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▶La passe du vent
Avec ses recueils de poèmes singuliers, ses textes parfois inédits, ou rares, du passé, et surtout ses œuvres actuelles ouvrant le champ de la réflexion et de l’imagination, La Passe du Vent entend tisser des liens, au-delà des courants ou des querelles esthétiques, avec ses formats adaptés aux traits et aux caractères de chacune des disciplines touchées : littératures contemporaines, histoire, patrimoine, mouvements sociaux, mémoire commune, arts visuels, action culturelle, éducation artistique ou populaire.
Après Indovina (« Devine »), chez le même éditeur — La Passe du vent —, le nouveau recueil de la romancière et poète Paola Pigani nous entraîne dans une exploration sensible de l’agglomération lyonnaise en regard des remarquables photographies en noir et blanc de Gilles Vugliano. Entre Rhône et Saône, sur les quais et les ponts, le long des rails des tramways, au déroulé du ballast des voies ferrées, dans les recoins obscurs, le photographe, sans artifice, capte la croisée des perspectives, fixe ce qui dans l’enchevêtrement des architectures est mouvement, énergie en chantier, façades à l’abandon. Il redonne visibilité aux flâneurs et aux sinistrés de l’exclusion urbaine... En exergue de ce bel ouvrage, Paola Pigani retient deux vers de Baudelaire à laquelle son titre se réfère : « La forme d’une ville / Change plus vite, hélas ! que le cœur d’un mortel » (in « Le cygne », "Tableaux parisiens", Les Fleurs du Mal). Et, par le poème, l’auteure retrouve l’humanité sous la dureté de la pierre, l’émotion derrière la froideur du fer et du béton, tandis que, invitation au voyage, les ponts et les rails nous poussent à grandes enjambées, tel Cendrars, vers de lointains Orénoque — sans barrage —, aux carrefours de tous les imaginaires…
L’encre du poème se fond dans les marges, en contrepoint ou au dos des images, avec une économie exemplaire. Il ne s’agit pour Paola Pigani ni de décrire ni de commenter. La chair des mots pénètre là où l’objectif du photographe n’a pu aller, là où l’émotion se dénoue. La langue irrigue la page, donne à voir au-delà du visible :
« Tu suis le cours du fleuve
Des murs montent
Des ombres glissent
S’écoule le sang épais de nos rêves ».
L’alchimie du noir et blanc ne s’arrête pas à l’œil, c’est tout le corps qui absorbe, tous sens en éveil :
« Dans le mouvement des nuages
Tu partiras
Téter la lumière ».
Le gigantisme des architectures isole les êtres en les empilant et en les cloisonnant :
« Entre le souvenir de l’arbre
Et le rêve d’une tour de quinze étages
Un gros cœur bat déjà dans le plein midi translucide
Demain il y aura trop de fenêtres où se pencher ».
Et quand l’urbanisme tentaculaire déborde à l’infini :
« Il y a
Des fraternités au bord du vide
[…]
La ville n’a plus de rives
À corps perdus
Nous sommes
En elle ».
Par le poème, le questionnement existentiel de l’auteure transcende l’asphalte, repousse l’horizon :
« Contre le vent
Contre le froid
Y a-t-il une géométrie de la joie ?
Pour décoller nos yeux des pavés ».
Quant aux isoloirs miniaturisés de la communication désincarnée, nos caresses se perdent, s’encrassent à fleur d’ego poisseux :
« Sur l’écran gras de nos Smartphones
La buée de nos bouches
Nos traces de doigts
Des messages inachevés
Des baisers comme des verres sales ».
À travers les images de Gilles Vugliano, le regard de Paola Pigani sur la ville s’obscurcit des structures noires qui cisaillent l’espace tout en aspirant à la lumière des nuances de blanc. Comme ce territoire du cœur des mortels incite à se réapproprier un monde à visage humain :
« Dans les herbes hautes
Penser aux vivants
Ils vont et viennent
Ignorent le ciel
Qui chavire
Sur la banlieue
Terre à partir ».
Michel Ménaché pour Terres de femmes D.R. Texte Michel Ménaché
Les mots tombent sur la page d’encre en une fine pluie de paroles resserrées qui semblent traduire le plus ordinaire des jours.
Paysages urbains, instants fixés dans leur singularité, rêveries permises, ciels et sols mêlés, tout ici se reflète dans l’œil aiguisé de la narratrice ou dans l’objectif, réservé, du photographe.
On ne touche pas, on effleure. On n’affirme pas, on suggère. Ce livre propose les choix poétiques de deux regards complices. La tendresse et la fragilité humaines sont, de nouveau, à l’ordre du jour.
Hier j’ai été invitée dans une résidence de seniors pour animer une rencontre dans le cadre du magnifique printemps des poètes. Avec Fabienne, l’animatrice, nous avions eu auparavant quelques échanges pour imaginer ce moment. J’avais envoyé des textes de Hölderlin, Paz, Andrade, Reverdy pensant avec mes stupides scrupules pédagogiques que les résidents allaient pouvoir s’imprégner de ces textes, en parler entre eux, échanger des impressions, des émotions. On m’a vite fait savoir qu’ils n’aimaient pas du tout ces textes et préféraient des poètes d’avant comme Victor Hugo ou Lamartine. Pour moi qui ai surtout navigué avec Rimbaud, Baudelaire, Cendrars, Artaud, leurs poètes d’avant étaient restés planqués depuis fort longtemps dans mon vieux Lagarde et Michard. Je ne suis pas diplômée en lettres, je ne sais pas dispenser de savoir. Je sais tout juste transmettre ce que j’aime mais je leur ai lu un extrait des Contemplations, j’ai lu Le Lac dont certains en connaissaient de longs passages par cœur. Et doucement, nous sommes entrés dans cette langue d’avant. Des portes se sont ouvertes sur un souvenir de noyade dans ce fameux lac du Bourget, sur un souvenir de lettre cachée dans une coquille de noix envoyée dans un colis à l’amoureux prisonnier des allemands. Sur chaque palier de la mémoire la poésie ressurgissait comme Le dormeur du val, des vers portés pendant plusieurs décennies.
Une femme a fredonné Trenet, Brassens. Nous étions déjà revenus au XX ème siècle. Une autre femme s’est souvenue du bruit terrible de l’œuf cassé sur un comptoir d’étain, une autre de son père qui avait connu Apollinaire dans les tranchées de 1914- 18 . Finalement, ils ont aimé que je leur lise un extrait de Zone du même Apollinaire puis des textes de Jean-Claude Pirotte, de Dominique Sampiero. Et ils ont aimé que je leur lise un de mes poèmes d’amour.
J’allais repartir avec tous nos frissons entre les roses, la poésie ressurgie du fond de leur bel âge, de leurs yeux, la poésie aux lèvres mais juste avant de prendre mon blouson, mon sac, mon bouquet, une femme s’est avancée vers moi, m’a avoué d’une voix chuchotée que la poésie, elle l’avait trouvée, elle, dans les psaumes et qu’ici, elle cachait sa foi (Dans toute communauté humaine existent de vraies solitudes). Je lui ai parlé du cantique des cantiques, des poèmes qui sont des prières, des prières qui sont des poèmes. Ses petits yeux humides ont acquiescé et nous avons serré nos quatre mains en riant.
Merci à ces résidents ouverts à tous les vents, à la vieillesse tendre, à Fabienne et Marion animatrices de cet Ehpad, à Frédéric Merme de l’Espace Pandora de m’avoir donné à vivre une telle rencontre.
Hommes de l’avenir, souvenez-vous de nous !Une anthologie pour saluerGuillaume Apollinaire. « Hommes de l’avenir, souvenez-vous de moi... », s’exclame Guillaume Apollinaire dans « Vendémiaire », le poème qui clôt son recueilAlcools, paru en 1913. Cinq ans plus tard, le poète disparaissait à trente-huit ans, terrassé par... la grippe espagnole, le 9 novembre 1918, deux jours avant l’armistice qui mettait fin à la Première Guerre mondiale. Pour aider à « se souvenir », à travers l’auteur de Calligrammes, des dix millions de victimes de la Grande Guerre, le présent ouvrage réunit, dans la diversité de leurs voix, onze poètes ou écrivains de notre temps. Et regroupe aussi, outre le texte du spectacle créé à l’occasion de ce centenaire, une vingtaine de dessins dus à de jeunes artistes, qui ont aujourd’hui l’âge qu’avaient la plupart des combattants de 14-18.
SAMANTHA BARENDSON • GABRIEL BELMONTE • ALAIN FISETTE • ALAIN FREIXE • ALBANE GELLÉ • AHMED KALOUAZ • MICHEL KNEUBÜHLER • EMMANUEL MERLE • RAPHAËL MONTICELLI • PAOLA PIGANI • FRANCIS PORNON • JEAN ROUAUD
Autant de contributions pour redire avec un autre grand poète du 20e siècle, Jacques Prévert : « Quelle connerie la guerre ! ». Et quel précieux bienfait que la paix...
Une vingtaine de dessins choisis parmi ceux réalisés, sous la houlette de leur enseignant, Dominique Simon, par cent quarante – oui, cent quarante ! – étudiants de l’École Émile-Cohl illustre cet ouvrage.
Auteurs : Collectif À PARAÎTRE EN MARS 2015 ISBN : 978-2-84562-269-2
À l’occasion du quarantième anniversaire de l’assassinat de Pier Paolo Pasolini, poète, romancier, essayiste, dramaturge et cinéaste, les éditions La passe du vent ont sollicité, pour leur collection Haute Mémoire, une quinzaine d’écrivains français et italiens (poètes, romanciers, universitaires) afin que chacun d’entre eux rédige un texte libre (poème, lettre, prose poétique, étude) en hommage au poète assassiné. Ici, plusieurs facettes de l’auteur du poème autobiographique Qui je suis., et du célèbre roman Théorème (devenu un film, ensuite), du réalisateur de Mamma Roma, sont révélées au (grand) public. Un Pasolini mis à nu, tiré au clair, un Pasolini dévoilé, déchirant dans sa déchirure, un Pasolini poétique, politique et prophétique… Un Pasolini, donc, plus vrai que nature. Qu’on se le lise !
Thierry Renard, éditeur
LES AUTEURS : Samantha Barendson, Angela Biancofiore, Jean-Baptiste Cabaud, Stani Chaine, Jean-Gabriel Cosculluela, Erri De Luca, Vanessa De Pizzol, Frédérick Houdaer, Andrea Iacovella, Jean-Charles Lemeunier, Giuseppe Lucatelli, Paola Pigani, Jean-Michel Platier, Marc Porcu, Thierry Renard, Éric Sarner, Joël Vernet, Francis Vladimir...