18 août 2018
Frères
Mon cher frère,
Merci de ta bonne lettre et du billet de 50 francs qu’elle contenait.
Puisque cela va bien, ce qui est le principal, pourquoi insisterais-je sur des choses de moindre importance, ma foi, avant qu’il y ait chance de causer affaires à tête plus reposée, il y a probablement loin.
Les autres peintres, quoiqu’ils en pensent, instinctivement se tiennent à distance des discussions sur le commerce actuel.
Eh bien vraiment, nous ne pouvons faire parler que nos tableaux. Mais pourtant mon cher frère, il y a ceci que toujours je t’ai dit et je le redis encore une fois avec toute la gravité que puissent donner les efforts de pensée assidument fixée pour chercher à faire aussi bien qu’on peut — je te le redis encore que je considérerai toujours que tu es autre chose qu’un simple marchand de Corot, que par mon intermédiaire tu as ta part à la production même de certaines toiles, qui même dans la débâcle gardent leur calme.
Car là nous en sommes et c’est là tout ou au moins le principal que je puisse avoir à te dire dans un moment de crise relative. Dans un moment où les choses sont fort tendues entre marchands de tableaux d’artistes morts et d’artistes vivants.
Eh bien, mon travail à moi, j’y risque ma vie et ma raison y a fondré (sic) à moitié — bon — mais tu n’es pas dans les marchands d’hommes pour autant que je sache, et tu peux prendre parti, je le trouve, agissant réellement avec humanité, mais que veux-tu ?
Vincent
10:49 Écrit par Paola Pigani dans Voyage | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : vincent et théodore van gogh, auvers sur oise
16 août 2018
vis-à- vis
Vis- à vis,
Vie-à vie,
Une vie
À même une vie.
On se frotte.
On s'ignore.
L'horizon
Derrière les murs.
Courage,
Frère.
Guillevic Ouvrir
10:28 Écrit par Paola Pigani dans Poésie, Voyage | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : guillevic, ma ville
15 août 2018
Café Renard
08:10 Écrit par Paola Pigani dans Musique | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : café renard, marie paule belle, françoise mallet joris
12 août 2018
Débarqués
je regardais ces barques sans doute inutiles au voyage
nous étions pareillement envasés dans une réalité sans fond
11:23 Écrit par Paola Pigani dans Voyage | Lien permanent | Commentaires (0)
10 août 2018
Là-bas
On ne sait comment éteindre ce qui brûle entre nos pages, nos rires, nos insomnies. On chante, on pleure, on finit par oublier ce qui dévaste la solitude des chambres quand l'écriture tarit notre confiance. Alors, On va se perdre dans la foret, scruter les éboulis, les falaises. La rivière est si discrète qu'on la traverse à pieds. Son message glacé nous le déplions plus loin sous les sapins.
Je m'accroupis pour cueillir des fraises des bois, égarées dans l'ombre comme les perles d'un collier cassé.
Dans la nuit, je suis la seule à fumer sous les étoiles et me faire un manteau d'été de cette voie lactée.
En refermant la porte sur un chien tendre, je dis merci au vin de soif comme au vin de joie, à la guitare bleue, aux chauves souris à tout ce qui s'est enlacé à mes chevilles, à mon cou, les ronces, les orties, le petit vent des soirs inépuisables.
13:32 Écrit par Paola Pigani | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : chantier d'écriture, ardèche, nuit des étoiles
09 août 2018
Le sourire fou de notre siècle
J'ai pris une voiture, traversé l'Arno, et la campagne toscane s'est ouverte jusqu’au sanctuaire de la Verna. J'ai roulé pendant deux heures à travers les collines du Casentino en pensant à la situation en Italie.Je me répétais cette question de Giorgio Agamben: " de quoi les Italiens ont-ils honte?" .
Je pensais: ils traversent la mort du politique avec le sourire fou de notre siècle.Je pensais à la dévastation culturelle qui accompagne toujours la corruption politique. Je pensais au ravage des corps où s’effacent désormais les gestes.Je pensais au sourire fou des Italiens qui tentent d'oublier leur honte en se prenant pour des victimes.
Au volant de la voiture, je répétais lentement cette phrase: traverser la mort du politique avec le sourire fou de notre siècle. Au fond , me disais-je, les Italiens font une expérience qui n'est pas seulement italienne , mais mondiale. C'est dans le monde entier qu'on traverse aujourd'hui la mort du politique avec un sourire fou.
Yannick Haenel Je cherche l'Italie
11:02 Écrit par Paola Pigani dans Des livres | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : yannick haenel, ischia
07 août 2018
Eté caniculaire
la peau de l'autre
je la connais
mais quand mon propre sel atteint mes lèvres
je prends ma part
ma part royale de cristaux
ma suée d'existence
11:48 Écrit par Paola Pigani dans Poésie | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : été caniculaire, paris
06 août 2018
Confiture d'été
Des éclats de lave sur ma robe
les pèches de vigne crèvent dans leur sucre
l'été me brûle les doigts
écrire me brûle les doigts
Je pose les mains sur la vitre chaude de la fenetre
la transparence n’existe plus
je cherche le noir sous mes paupières
j'attends la nuit pour goûter ma confiture de péché
14:48 Écrit par Paola Pigani dans Poésie | Lien permanent | Commentaires (0)
04 août 2018
Frère de plume
Les souvenirs appartiennent au règne des oiseaux, ils laissent une plume quand ils s'en vont.
Grâce à elle, on sait à quelle espèce ils appartiennent.
Erri De Luca
10:31 Écrit par Paola Pigani dans Des livres, Voyage | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : erri de luca, souvenir du mont noir, villa marguerite yourcenar, prochain roman