04 août 2018
Frère de plume
Les souvenirs appartiennent au règne des oiseaux, ils laissent une plume quand ils s'en vont.
Grâce à elle, on sait à quelle espèce ils appartiennent.
Erri De Luca
10:31 Écrit par Paola Pigani dans Des livres, Voyage | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : erri de luca, souvenir du mont noir, villa marguerite yourcenar, prochain roman
11 juillet 2018
Monte di Dio
Sono almeno questo, uno del Sud, uno che da bambino ha avuto le giornate più belle della terra e che sotto il sole ha visto la miseria più nitida che altrove.
Je suis au moins ça, un homme du Sud, un homme qui dans son enfance a eu les plus belles
journées de la terre et qui sous le soleil a vu la misère plus nette qu’ailleurs.
22:01 Écrit par Paola Pigani dans Voyage | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : napoli, monte di dio, erri de luca, la feltrinelli
17 juin 2018
Vado via
Dans ma valise, la photo de Jeffa, mes carnets, des sandales achetées au Mexique en 2008 en pneu increvable, ces mots d'Erri de Luca L’écriture est un acte de résurrection de lieux et de personnes du passé
pour les arracher de cette absence. .
Par San Gennaro, si je ne reviens pas avec les boutures d'un prochain livre...
14:53 Écrit par Paola Pigani dans Voyage | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : pino daniele, napoli, nona jeffa é ermacora, erri de luca
06 mai 2018
Délit de Solidarité
Lettera aperta sull'arresto dei tre di Briançon / lettre ouverte sur l'arrestation des trois de Briançon
[VERSION FRANÇAISE EN BAS]
Lo scorso 21 aprile i militanti di un gruppuscolo neo-fascista e suprematista hanno inscenato un'operazione di "blocco delle frontiere" tra la Francia e l'Italia.
Il giorno dopo, un gruppo di abitanti delle valli vicine, impegnati nella solidarietà concreta con i migranti in transito, attraversano simbolicamente la frontiera insieme a una cinquantina di migranti e arrivano senza alcun problema fino a Briancon, dove la gendarmerie francese effettua sei fermi di polizia in maniera completamente arbitraria.
L'accusa del procuratore è semplice quanto brutale nella sua chiarezza: aiuto all'immigrazione illegale con l'aggravante di aver compiuto il fatto in maniera collettiva ("en bande organisée”).
Per tre dei fermati Eleonora, Théo e Bastien viene convalidato l'arresto, con detenzione in carcere fino all'inizio del processo che si svolgerà il 31 maggio nella cittadina di Gap. Rischiano fino a 10 anni di prigione e 750'000 euro di multa.
Noi siamo e ci sentiamo tutti gente di montagna, accompagniamo da secoli chi deve oltrepassare le frontiere per mettersi in salvo. Le montagne ci aiutano con i loro sentieri innumerevoli. Continueremo a farlo. Rivendichiamo come legittimo il nostro aiuto. Dichiariamo illegittima la legge che ci incrimina, perché contraria alla fraternità. Come in mare così in terra: dichiariamo che proseguiremo a soccorrere chi ha bisogno dei nostri sentieri.
Non esistono i clandestini. Esistono ospiti di passaggio sulle nostre montagne.
Per aderire: firmaperitre@gmail.com
(Liste ci-dessous en cours de mise à jour)
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Ce 21 avril les militants d’un groupuscule néo-fasciste et suprémaciste, ont mis en scène une opération de "blocage des frontières" entre la France et l'Italie largement médiatisée.
Le lendemain, un groupe d'habitants des vallées frontalières, engagés dans la solidarité concrète avec les migrants transitant dans cette région, traversent symboliquement la frontière sans aucun problème de Clavière jusqu'à Briançon, où la gendarmerie française effectue 6 interpellations complètement arbitraires.
L'accusation du procureur est aussi simple que brutale dans sa clarté : aide à l'immigration illégale avec l'aggravante d'avoir commis les faits de manière collective ("en bande organisée"). Pour 3 des personnes, la garde-à-vue se transforme en prison préventive jusqu'au début du procès qui aura lieu le 31 mai à Gap. Ils risquent jusqu'à 10 ans de prison et 750 000 € d’amende.
Nous sommes et nous nous sentons tous des montagnards, nous accompagnons depuis des siècles ceux qui doivent traverser la frontière pour se mettre à l'abri. Les montagnes et leurs innombrables sentiers nous aident.
Nous continuerons à le faire. Nous revendiquons notre aide comme légitime. Nous déclarons illégitime la loi qui nous incrimine, parce que contraire à la fraternité. En mer comme sur terre: nous déclarons que nous continuerons à secourir ceux qui ont besoin de nos sentiers.
Personne n'est clandestin. Dans nos montagnes, il n'y a que des hôtes de passage.
Pour adhérer : firmaperitre@gmail.com
(Elenco sotto in corso de aggiornamento)
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FIRME/SIGNATURES
Erri De Luca (scrittore / écrivain)
01:02 Écrit par Paola Pigani | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : la clavière, briançon, soutien aux migrants, erri de luca, délit de solidarité, génération identitaire
23 avril 2018
Prière laïque
20:17 Écrit par Paola Pigani | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : erri de luca, la mia preghiera
18 janvier 2018
Le vrai et le faux
L’anglais est une langue utile pour qui part en voyage, mais pour celui qui reste à l’intérieur des frontières, l’italien est préférable. Fake news est l’expression d'usage actuel d’un phénomène qui a peu à voir avec le faux.
Pour distinguer le vrai de son contraire il faut qu’ils se trouvent au même niveau, à égalité. Dans la réalité ce qui est accepté comme vrai ou comme faux dépend du rapport de force entre les deux positions. Si un gouvernement affirme que l’expédition de troupes combattantes à l’étranger est une mission de paix, l’évidence contraire, la vraie, succombe. Il n’existe pas de mission de paix, mais des interventions militaires en dérogation de la constitution. Les missions de paix sont dévolues à des organisations rigoureusement démilitarisées et spécialisées dans les premiers secours. Mais c’est la formulation fausse du pouvoir en place qui prévaut. Il falsifie les faits et rends sa version officielle avec le soutien attentionné des organes d’information.
Si un gouvernement dit que la « TAV » (ligne à grande vitesse) en Val de Suse est un « ouvrage d’intérêt stratégique » c’est cette invraisemblable version d’un ouvrage superflu et nocif qui prévaut.
Qu’un chef d’État nie qu’il y ait des changements climatiques et les faits sont tenus de s’y plier.
Le vrai et le faux dépendent du rapport de force et non de l’évidence. Un gouvernement se verra démenti et contredit uniquement quand il sera destitué.
Tant qu’il dirige le chœur peut affirmer que la terre est plate et que le soleil en est son satellite. Ce sera cela l’interprétation de la réalité à ce moment là. Le contre-ordre viendra à temps révolu.
Fake News : il ne s’agit pas de la rubrique vrai ou faux des jeux de la semaine dans le journal, mais de la possibilité d’affirmer le faux sans en subir de conséquences.
C’était une prérogatives des régimes totalitaires, de nos jours elle est a disposition des systèmes de démocratie formelle.
Erri de Luca
22:21 Écrit par Paola Pigani | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : erri de luca, fakenews
14 mars 2017
Les chantiers du silence
Je m’appelle José, je m’appelle Moktar
Je m’appelle Lino, je m’appelle Mirko
Aujourd’hui, j’ai laissé mes chaussures de chantier sur un trottoir
Je suis parti pieds nus à la recherche de Molière.
©paolapigani
Ceci n’est pas un poème
La clause Molière voudrait éviter le recours abusif aux travailleurs détachés.
Qui fera la ronde sur les chantiers ?Des vigiles blanchis, des fonctionnaires ? Pour dénoncer qui ?Les chefs d’entreprises du BTP ?Les ouvriers ?Le français devient-il une nouvelle frontière, un mur de la honte que ne doivent plus franchir les travailleurs des Balkans , du Maghreb, de l’Europe entière, les travailleurs pas chers, qui ont assuré la santé du BTP depuis des décennies pour ne pas dire un siècle ?
le port du casque est obligatoire
le port des chaussures de chantier est obligatoire
le port du gilet de sécurité est obligatoire
Le port de la langue Française est obligatoire
Le port des papiers est obligatoire
Faudra-t-il avoir aussi des mains blanches ?
Faudra-t-il faire preuve de transparence ?
Faudra-t-il finir pas être muet ?
N’avoir qu’un corps
Bouche cousue et langue des signes
Travailleurs détachés quelle est cette langue essoufflée, technocratique qui use de tels mots pour désigner ceux qui depuis des lustres ont bâti les cités, les hôpitaux, les universités et continueront, venus de toute part à monter des murs, des barrages, des usines, des prisons ?
Les travailleurs immigrés des trente glorieuses sont devenus travailleurs détachés depuis peu, bientôt on fondra leur identité même dans une nouvelle expression, exécuteurs patentés, reconnus aptes au français, reconnus aptes à exécuter leurs tâches, reconnus aptes à ne rien dire.
Les maçons de la Creuse , les italiens, les arabes ,les portugais les polonais les français avec leur argot, n’ont-ils coulé que leur force et leur fatigue dans le ciment, le mortier , la boue des chantiers ?
De quoi étaient - ils détachés, eux ?De la guerre , de la misère, de l'économie de marché ?
N’ont - ils pas injecté dans la langue de Molière ce qu’il faut pour qu’elle ne meurt pas d’anémie : le patois, l’argot, la langue des soupirs, de la colère, les jurons, la poésie , une langue qui rit ,qui gueule, qui a recours à la langue du pays pour résister à toutes fatigues et toutes les humiliations ?
Audiberti, Cavana, Thierry Metz , Erri De Luca et tant d’autres l’ont entendu cette langue des chantiers, ils l’ont portée, l’ont secouée, l’ont rendue car elle témoigne de le vitalité de notre langue à tous .
Tu sais que toujours
un parmi nous
s'absente
pour habiter sa clarté
sa langue
poète ou manœuvre
convives d'un mot
illuminé
Thierry Metz
Journal d'un manoeuvre
Thierry Metz
15:44 Écrit par Paola Pigani dans Poésie | Lien permanent | Commentaires (2) | Tags : clause molière, thierry metz, erri de luca, cavanna
26 août 2016
Naufragio e terremoto
Il terremoto è un naufragio in terra. Le case diventano imbarcazioni scosse tra le onde e sbattute sugli scogli. Si perde tutto, si conserva la vita, lacera, attonita che conta gli scomparsi sul fondo delle macerie.
Si abita un suolo chiamato per errore terraferma. È terra scossa da singhiozzi abissali. Questi di stanotte sono partiti da oltre quattromila metri di profondità. Qualche giorno fa stavo agli antipodi, oltre quattromila metri sopra il mare. Quel monte delle Alpi non è un meteorite piovuto dal cielo, ma il risultato di spinte e sollevamenti scatenati dal fondo del Mediterraneo. Forze gigantesche hanno modellato il nostro suolo con sconvolgimenti.
Si abita una terra precaria, ogni generazione cresce ascoltando storie di terremoti. Così, con le narrazioni, i vivi smaltiscono le perdite. Le macerie si spostano, si abita di nuovo lentamente, ma al loro posto restano le voci, le parole degli scaraventati all’aperto, a tetti scoperchiati. Ricordano, ammoniscono a non insuperbirsi di nessun possesso.
Arriva cieco di notte il terremoto e sconvolge i piccoli paesi. Ma i mezzi di soccorso sono di stanza nei grandi centri. Fosse un’invasione, quale generale accentrerebbe le sue forze lontano dai confini? Per il protettor civile questo ragionamento non vale. Ogni volta deve spostare le sue truppe con lento riflesso di reazione. Ai naufraghi nelle prime ore serve il conforto al cuore di un qualunque segnale di pubblica prontezza. Invece arriva prima un parente, un volontario, un giornalista. Il terremoto è anche un’invasione, contro la quale avere riserve piccole e pronte sparpagliate ovunque.
“Si sta come/ d’autunno/ sugli alberi/ le foglie”. La frase di guerra di cent’anni fa del soldato Ungaretti Giuseppe racconta il sentimento di stare attaccati all’ albero della vita con un solo piccolo punto di congiunzione.
Erri De Luca
22:30 Écrit par Paola Pigani | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : erri de luca, amatrice
16 novembre 2015
No pasaran
Arrivé de Rome ce samedi matin, l’écrivain Erri de Luca, qui intervenait à 17 heures au premier Salon du livre des lanceuses et des lanceurs d’alerte à Montreuil, commente les attentats et suggère d’organiser une réaction populaire.
«C’est la deuxième fois cette année que je me trouve à Paris au moment d’attentats. En janvier, j’avais été invité à intervenir dans un colloque à la Sorbonne qui se tenait deux jours après la fusillade contre Charlie. J’exprime un soutien de fraternité pour votre pays, pour lequel J’ai de la gratitude. La France m’a bien accueilli, d’abord comme un maçon, puis comme un écrivain, puis comme un coupable de délit d’opinion.
«Il y a une différence avec ce qui s’est passé en janvier. En janvier, c’était le moment de la réponse et du témoignage. Il y a eu cette grande manifestation pour laquelle je donnerais comme titre "no pasaran" ("Ils ne passeront pas"), le slogan de la guerre civile espagnole. Face à l'attaque de vendredi, qui est à une échelle différente, il faut une mobilisation générale de la vie civile, du peuple français. Il faut s’emparer soi-même de la question de la sécurité sans la déléguer à l’Etat. La déléguer à l’Etat, c’est réduire ses propres libertés. En revanche, chacun doit être responsable de ce qui se passe à côté de lui, de son voisin. Il faut lancer l’alerte au niveau zéro de la société, dans un mouvement populaire et de fraternité.
«Accepter seulement la réponse qui vient d’en haut, avec une multiplication des gendarmes dans la rue, n’est pas efficace. Il est quasi impossible d’arrêter des auteurs d’attentats suicide avant. Mais les gens qui vivent autour de ces assassins se sont parfois aperçus de quelque chose et ont préféré se taire. Il faut une grande mobilisation de cette responsabilité civile avec la garantie que les forces de l’ordre créeront un réseau pour exploiter les informations qui remontent. Au niveau du terrain, on peut parvenir à prévenir les attaques. Au moment où elles sont déclarées, on les subit. Il ne faut pas laisser aux seules forces de l’ordre la responsabilité. Elle doit être partagée par le rez de chaussée de la société, comme une lance d’alerte. La militarisation totale n’est même pas efficace.
« Si on ne fait que de la sécurisation militaire, on va aller tout droit dans les bras de l’extrême droite. Il faut une organisation populaire par quartier. Un réseau qui s’organise pour faire de la résistance d’en bas, des quartiers, est à la portée d’un président de gauche. Sinon, il y aura une solution de droite. Aujourd’hui, il faut combattre la peur avec le courage et non par un accroissement de la peur. »
Libération 15 novembre 2015
17:49 Écrit par Paola Pigani | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : erri de luca
19 octobre 2015
Le parole non si processano, le parole si liberano
Juste avant le verdict du tribunal de Turin qui juge Erri De Luca pour " incitation au sabotage " du chantier du tunnel Lyon-Turin.
"Je serais présent dans cette salle même si je n’étais pas l’écrivain inculpé pour incitation. Au-delà de mon cas, négligeable cas personnel, je tiens l’accusation contestée pour un essai, la tentative de faire taire les paroles contraires. C’est pourquoi, j’estime que cette salle est un avant-poste tourné vers le présent immédiat de notre pays. J’exerce l’activité d’écrivain et je me considère comme la partie lésée par toute volonté de censure.
Je suis inculpé par un article du code pénal qui remonte à 1930 et à cette période de l’histoire d’Italie. Pour moi, cet article est dépassé depuis la rédaction postérieure de la Constitution de la République. Je suis dans cette salle pour savoir si ce texte est en vigueur et décisif ou si le chef d’accusation aura le pouvoir de suspendre et d’invalider l’article 21 de la Constitution.
J’ai empêché mes défenseurs d’introduire une instance relative à l’inconstitutionnalité du chef d’accusation. Si elle avait été recevable, elle aurait arrêté ce procès, transféré les pièces dans les chambres d’une Cour Constitutionnelle surchargée de travail et qui se serait prononcée dans plusieurs années. Si elle avait été recevable, l’instance aurait fait l’impasse de cette salle et de ce temps précieux. Je crois que ce qui est constitutionnel se décide et se défend dans des lieux publics comme celui-ci, de même que dans un commissariat, une salle de classe, une prison, un hôpital, sur un lieu de travail, aux frontières traversées par les demandeurs d’asile. Ce qui est constitutionnel se mesure au rez-de-chaussée de la société.
Je suis inculpé pour avoir employé le verbe saboter. Je le considère noble et démocratique. Noble, parce que prononcé et utilisé par de grands personnages comme Gandhi et Mandela, avec d’énormes résultats politiques. Démocratique, parce qu’il appartient depuis l’origine au mouvement ouvrier et à ses luttes. Une grève, par exemple, sabote la production. Je défends l’emploi légitime du verbe saboter dans son sens le plus efficace et le plus vaste. Je suis prêt à subir une condamnation pénale pour son emploi, mais non pas à laisser censurer ou réduire ma langue italienne.
« C’est à ça que servaient les cisailles » : à quoi ? À saboter une entreprise aussi colossale et nuisible avec des cisailles ? Aucun autre perfide outillage de quincaillerie n’est consigné dans les pièces de ma conversation téléphonique. Alors, accuse-t-on le soutien verbal d’une action symbolique ? Je ne veux pas interférer dans le domaine de compétence de mes défenseurs.
Je termine en affirmant une fois de plus ma conviction que la ligne soi-disant à grande vitesse en val de Suse doit être freinée, entravée, donc sabotée pour la légitime défense de la santé, du sol, de l’air, de l’eau d’une communauté menacée.
Ma parole contraire subsiste et j’attends de savoir si elle constitue un délit."
Erri De Luca ce 19 octobre
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17:00 Écrit par Paola Pigani | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : erri de luca, tav