29 août 2012
L'hiver se poursuit
L’hiver se poursuit long comme la peine. La peine de n’être plus que l’ombre d’un peuple. On ne court plus après les nuages, les oiseaux migrateurs ne sont plus des frères. On court après le pain qui manque, on se gratte la peau. L’impétigo, le typhus, la gale, les maladies de langueur rôdent tout autour. On ronge les os qui trempent dans la soupe bleue. La vie même a perdu toute sa chair. Et c’est le temps qui devient sec et osseux.
Sous la bâche les amoureux inventent des caresses pour défier ce temps là. Ils trouvent sousleurs aisselles, dans le creux de leur cou, entre leurs paumes brûlantes des poussièresintimes, le souffle du miracle. Ils arrachent le linceul des misères, découvrent leurs propresbraises, extirpent la vie à pleine dents, émondent le désespoir à pleine bouche, s’embrassentdans le noir, recrachent la douleur. Ils se fondent l’un dans l’autre. Des éclairs déchirent lanuit au dehors. La roulotte tangue. La pluie crépite tout autour d’eux. Les arceaux tremblentsous la bâche qui ploie.
Extrait de mon roman en cours d’écriture « N’entre pas dans mon âme » pour lequel j’ai obtenu une bourse d’aide à la création de l’ARALD en 2011.
10:00 Écrit par Paola Pigani | Lien permanent | Commentaires (1) | Tags : bourse arald
27 août 2012
Tu pourrais être ce voyageur
Tu dois quitter ce jour si clair
Oublier l’éternité
Qui tremble dans ces bruissements d’arbre
Ton sang pagaie dans ton corps d’avant
Tu dois dire merci à ceux là
Lever les pièges un à un
Dans les bouches des femmes
Tu traverses ta rue
Tes yeux s’enfoncent là où
L’ouvrier turc casse l’asphalte
Au marteau piqueur
Tu vois son visage secoué
Plus paisible pourtant
Qu’un pain sur la table du soir
Tu pourrais être un voyageur
Aller vers le fleuve
Traverser un pont
Quitter ce jour si clair
Mais tu dois regagner ta vie
Par l’arrière
Trouver la serrure rouillée
La porte qui a bu tous tes automnes
Tu n’aurais qu’un coup d’épaule à donner
A l’intérieur il n’y aurait pas de lampe
Pas d’éclair dans ta mémoire
A peine quelques objets latents
Un verre vide et ses traces de lèvres
Paola Pigani
Texte lu à Lyon lors du festival Paroles Ambulantes organisé par l'espace Pandora en octobre 2011.
18:08 Écrit par Paola Pigani dans Poésie | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : voyageur, paroles ambulantes, lyon
26 août 2012
Travail manuel ou comment être bien accompagnée
10:18 Écrit par Paola Pigani | Lien permanent | Commentaires (0)
25 août 2012
Rimbaud
L'âcre amour du vieux gosse toujours en filigrane...
17:56 Écrit par Paola Pigani dans Poésie | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : rimbaud, joëlle kucksynski
22 août 2012
A pas de cheval
Enfant tu buvais des grenadines
Des menthes à l’eau
Aujourd’hui
La tristesse coule dans ta gorge
Sans glaçon
Tu écoutes une femme
Marcher dans la rue
A pas de cheval
Ses talons te martèlent le cœur
Tandis qu’une autre sur ta peau
Voit le poème du jour.
Paola Pigani
17:51 Écrit par Paola Pigani dans Poésie | Lien permanent | Commentaires (0)
21 août 2012
Rimbaud from Georgia
Une ambolie dans un cœur d’été, un caillot, un noyau
Je marche en aveugle dans le flot des voyageurs
Sous terre Métro Bellecour
Il m’interpelle, Il est grand
Des yeux nés de l’ombre
A son bras, une femme perdue
A l’autre, une béquille
A du mal à mettre un mot devant l’autre
Un pas devant l’autre
La femme enceinte jusqu’à la gorge
Parle, essaie quelques miettes d’anglais
We’re Russian , from Georgia
I’m a veteran...Tchechen war
I love France dit l’homme à la jambe invisible
Le voyage commence là
Je leur dis suivez-moi
Trio andante
Ma non troppo
Une rame arrive
Une autre part
Entre les deux il faut chercher
Par où la France ?
Victor Hugo ?
Le grand Charles le petit Napoléon ?
Par où l’été ?
La Georgie est loin
Où l’on plante encore des enfants dans la chair des femmes
La Tchétchénie est loin où l’on saute sur des obus
L’homme qui marche comme un oiseau
N’a pas besoin du vent pour vaciller
Dans l’escalator, il chancelle
Tombe dans mes bras
Que faut-il faire de la jambe invisible ?
De l’enfant invisible ?
L’escalator s’élève
L’homme retrouve son équilibre
Là-bas, il court encore
Georgia ,Georgia
I love Paris, Esmeralda
dit-il encore
en disparaissant
Dans le wagon suivant.
Paola Pigani
17:49 Écrit par Paola Pigani dans Poésie | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : rimbaud, georgia
19 août 2012
Contre saison
Lyon perle de soie grise... Stanislas Rodanski
©paolapigani
17:38 Écrit par Paola Pigani | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : lyon, rodanski
14 août 2012
Outre le bleu
Outre le bleu
Avant les mots
Avant les yeux ouverts
Le ciel
C’est toujours
Pour ceux qui naissent
L’air des vivants
Monte et descend
Le seul voyage
Après les mots
Outre le bleu
Si je meurs
Je veux
Un ciel
Blanc de février
Le vol d’une alouette
Si je demeure
Paola Pigani
12:23 Écrit par Paola Pigani dans Poésie | Lien permanent | Commentaires (0)
09 août 2012
Les mécaniques
Entre prose lyrique et quatrains d’enfer, les mécaniques de Jean Baptiste Cabaud nous emportent au delà de l’urbain, au delà de l’humain où un ciel de lune (…) en tout lieu est menacé de ce que l’homme jamais ne relève la tête. Le poète part en campagne, laissant derrière lui une chambre bleue, usée de silence et de pénombre, de multiples villes dans une drapure de brouillard, non sans réclamer, pourrait-on croire un bon verre ou vers pour la route :
Un dernier un ultime
Un mot suivi d’un autre
Et m’étoiler dedans
On croise avec lui des bergères au pied des balançoires, un capitaine qui n’a jamais pris le large mais tangué tant et plus dans les rues de Lyon, un dandy nommé Nino Ferrer, allongé au sol du sud sous des cèdres bleus, des souvenirs d’amour ou d’amitié qu’il a fallu laisser car il faut partir encore l’espace est si grand /parcourir encore le temps est si long
A tu et à toi avec la mélancolie, J.B. Cabaud ne craint pas cependant de parler ni des arbres ni des oiseaux, ces grands déserteurs de la poésie contemporaine. Il ne veut pas pas renoncer au monde même dans ce bruit de verre brisé d’une jeunesse écriée plutôt que pleurée.
Et qui renait de qui
Quand le vin se dissipe ?
L’eau métamorphosée
N’engloutit plus personne
…
Au fond d’une rivière
Où je m’étends en croix
Demi-corps envasé
Envasé mais christique
Ici est la magie
Insolente et cachée
Dans le pouvoir du verbe
Et du pain et du vin.
On devient lyrique des lors que la vie à, l’intérieur de soi palpite à un rythme essentiel nous disait Cioran. Avec Jean Baptiste Cabaud, jeune poète bien vivant, nous sommes dans le tempo et le lyrisme d’une génération que semblent vouloir défendre les éditeurs d’A plus d’un titre;
Paola Pigani
Jean Baptiste Cabaud
Les mécaniques éditions A plus d’un titre
12:46 Écrit par Paola Pigani | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : jean baptiste cabaud