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21 avril 2020

Toujours le ciel

mur ciel trop bleu.jpg

 

Même si on ne nous laisse qu'une ruelle exigüe à arpenter, au dessus d'elle , il y aura toujours le ciel tout entier.

 

Etty Hillesum

15:44 Écrit par Paola Pigani dans Un printemps inexorable | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : etty hillesum

19 avril 2020

In attesa

fenêtre d'hiver.jpg

 

 

 

je voudrais une robe couleur d'iris 

et sur le seuil d'un jour

prochain

accueillir le vent.

 

 

©paolapigani

 

 

 

 

 

 

 

Je vous souhaite un printemps inexorable.

 

Pabo Neruda

15:20 Écrit par Paola Pigani dans Poésie, Un printemps inexorable | Lien permanent | Commentaires (0)

16 avril 2020

Ma closerie

carafe.jpg

©paolapigani

 

 

 

 

 

Depuis ces premiers jours de liberté conditionnelle ordonnés par l'état

Je prélève chaque jour, de mes allers-retours sous les arbres  une tige de lierre sauvage, les dépose dans des carafes, flacons, verres

Une douce lumière vient se mêler à l'eau claire où survivent les petits lierres

Dans ma closerie végétale, je ne compte plus les jours mais les petites racines qui renaissent et se hissent dans la transparence des heures

 

©paolapigani

 

 

 

Je vous souhaite un printemps inexorable.

 

Pablo Neruda

 

 

14:52 Écrit par Paola Pigani dans Poésie, Un printemps inexorable | Lien permanent | Commentaires (0)

11 avril 2020

No time no space

10 avril 2020

Se parler aux fenêtres

 

 

Se parler  à travers des écrans

Se parler aux fenêtres

Ne pas oublier

Des œillets en bottes au rebord

S'intriquent aux nerfs à vifs

 Les dénouent

 

Des voix dans la rue

Ni le soleil ni la vie  ne sont moindres

Des portières claquent

La tige de lierre tombée du vent dimanche

Dans un pot de terre

A  présent se hisse

Nos petites vies entre feuilles sèches et feuilles reverdies.

 

©paolapigani

 

 

 

Je vous souhaite un printemps inexorable.

Pablo Neruda

 

 

14:36 Écrit par Paola Pigani dans Poésie, Un printemps inexorable | Lien permanent | Commentaires (0)

03 avril 2020

A tire d'Aile

a tire d'aile Georges Braque.jpg

 

Mon terrier n'est pas loin d'une volière géante

Les oiseaux prennent le dessus

Je le sens bien

Un bec  est venu déchirer à l'aube

Le rêve de cette  nuit

J'étais une ortie bleue

Parmi d'autres

Serrées sous le vent

Nous étions des milliers

Au ras des prés

Autour de nous

Des ruines de maisons inconnues

Des serpes, des paniers vides

Jetés dans les fossés

Plus loin des briquets-tempête, des montres à gousset

Plus loin encore des Smartphones, des cannettes de soda, des masques antiviraux

À mon réveil, j'ai trouvé mes draps tachés d'herbe écrasée et troués de soleil

Je les ai portés à ma fenêtre

Les ai agités, claqués et  tendus au dessus de ma rue

Un merle  s'est épris de mon ciel un peu froissé

L'a traversé jusqu'à toucher ma bouche

Un baiser d'oiseau

Pour croire à demain

 

©paolapigani

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02 avril 2020

L'âme du monde est en travaux

 

Oiseau grue.jpg

 

 

Ralentir

Silence

L'âme du monde est en travaux

Sous des bâches antivirales

Nos portes se ferment

Des plaies sociales s'ouvrent

Quelque chose se creuse en nous

Ne devenons pas  des cavités

Où tomberait l'amer

Qui pourrait germer

Proliférer plus vite que le corona mondial

 

Nous ne pouvons plus nous égarer

Ni sous le couvert des morts

Ni dans nos villes

Ni sur nos chemins de traverse

Mais l'errance perdure dans les mots

Pour  chercher les paroles de demain

Il nous faut à présent invoquer

Les mots du bâtir et du respir

Les oiseaux chantent plus fort

Nous avons sur la peau

Dans la brume de nos souffles

Dans les nœuds de nos gorges

L'empreinte de  nos  frères humains

Tous invisiblement touchés

Par une vérité commune

 

Dans les variations du temps

Nous marchons d'un pas toujours inégal

Apprises dans  les poèmes

A l'envers à l'endroit

Avons   perdu le sens de l'orientation

 Dans  nos solitudes nouvelles

 

 Nos  rues  ne s'ouvrent plus que  sous une pluie

 De  pétales et de silence

La lune envoie des invitations aux  somnambules

Pour qu'ils découvrent l'ombre des arbres

Même en pleine nuit

 

Les poètes ne donnent pas de mots d'ordre

À jeter dans les fragments des heures  volées à notre élan

Mais la vois- tu déjà  cette lumière du soir

Filer comme une gueuse entre les grues immobiles

Et venir lécher nos   terriers ?

De ces très-fonds renaîtront d'autres  forces

 Bientôt nous partirons

Vêtus seulement de nous mêmes

 Nous marcherons  dans le petit lait de l'aube

Nous retrouverons la beauté où nous l'avons laissée.

 

 

 

©paolapigani

 

 

 

 

26 mars 2020

Sans notre présence

gare de saint pierre des corps.jpg

 

 

 

LA GARE

 

Ma non-arrivée dans la ville N
s'est passée à l'heure ponctuelle

Je te l’avais annoncé
par une lettre non envoyée.

Tu as eu tout le temps
de ne pas arriver à l'heure 

Le train est arrivé quai trois
un flot de gens est descendu.

La foule en sortant emporta
l’absence de ma personne

Quelques femmes s’empressèrent
de prendre ma place dans la foule

Quelqu'un que je ne connaissais pas
courut vers une d'entre elles 
qui la reconnut immédiatement.

Ils échangèrent un baiser
qui n’était pas pour nos lèvres.
Entre temps une valise disparut
qui n'était pas la mienne

La gare de la ville N a passé
son examen d’existence objective

Tout était parfaitement en place
et chaque détail avançait
sur des rails infiniment bien tracés.

Même le rendez-vous a eu lieu.

Mais sans notre présence.

Au paradis perdu
de la probabilité

Ailleurs
ailleurs.
Combien résonnent ces mots.

 

Wislawa Szymborska

25 mars 2020

Ne pas perdre la vue...

hirondelles.jpg

 

En vain on a tenté de comprendre comment les hirondelles s'orientaient, en partant de notre idée humaine d’une direction à suivre : étoiles, soleil, configuration des terrains, magnétisme. Ou encore la nécessité première serait une surexcitation des glandes. Mais ni glandes ni triangulation ne désignent la situation des pays lointains. Aucune fonction normale ne rend compte de la facilité de la migration. Il n’y a rien d’autre qu’une affaire totalement fabuleuse. Les hirondelles pour leur départ ont cherché à être prises par une trame inconnue de l'espace, disons par un rêve total surgi d'une ordonnance extérieure et non d'elles-mêmes [...] un espace dont nous ignorons les images inconnues, qui sont les images d'un ailleurs.

André Dhôtel . Je ne suis pas d’ici, Gallimard 

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24 mars 2020

Ne plus compter les pas de cellule en cellule

 

Albertine Sarrazin. Fresnes,

©paolapigani

 

 

 

Il y a des mois que j'écoute
Les nuits et les minuits tomber
Et les camions dérober
La grande vitesse à la route
Et grogner l'heureuse dormeuse
Et manger la prison les vers
Printemps étés automnes hivers
Pour moi n'ont aucune berceuse
Car je suis inutile et belle
En ce lit où l'on n'est plus qu'un
Lasse de ma peau sans parfum
Que pâlit cette ombre cruelle
La nuit crisse et froisse des choses
Par le carreau que j'ai cassé
Où s'engouffre l'air du passé
Tourbillonnant en mille poses
C'est le drap frais le dessin mièvre
Léchant aux murs le reposoir
C'est la voix maternelle un soir
Où l'on criait parmi la fièvre
Le grand jeu d'amant et maîtresse
Fut bien pire que celui-là
C'est lui pourtant qui reste là
Car je suis nue et sans caresse
Mais veux dormir ceci annule
Les précédents Ah m'évader
Dans les pavots ne plus compter
Les pas de cellule en cellule


Albertine Sarrazin. Fresnes, 1954-1955