18 mars 2020
Et toujours les oiseaux
©paolapigani
Mon laissez passer dans le sac à dos,
je croise les clandestins
qui comme moi arpentent les rues
les yeux en l'air.
La ville est un grand corps vidé pourrait-on croire,
pas encore...
Corbeaux et corneilles se font entendre plus fort,
fichés dans le bleu du ciel
comme des sentinelles aux aguets.
©paolapigani
Je vous souhaite un printemps inexorable.
Pablo Neruda
11:23 Écrit par Paola Pigani dans Poésie, Un printemps inexorable | Lien permanent | Commentaires (0)
17 mars 2020
Domani
En ces temps de pas comptés,d'heures liquides, de voyages empêchés, il me plait de penser à une nouvelle immensité...
Come il sogno poi si dissolverà
Da domani rinizierà una nuova immensità
Da domani
Da domani
Da domani
Andrea Laszlo De Simone
Je vous souhaite un printemps inexorable.
Pablo Neruda
12:31 Écrit par Paola Pigani dans Musique, Un printemps inexorable | Lien permanent | Commentaires (0)
16 mars 2020
Ménage de printemps
Robes désoleillées de l'été dernier
flacons de sable et de terre
d'Arménie, du Vésuve, du Niger, ocres de Rouissillon, fleurs de sel de la Ria Formosa
dents de lait de plusieurs enfances
traînes de parafines des lumières d'hiver
chaussettes et poèmes dépareillés
lianes sèches du chévrefeuille
poussière des livres oubliés
traces de doigts sur les carreaux
par où commencer?
Où finir?
©paolapigani
Je vous souhaite un printemps inexorable.
Pablo Neruda
12:17 Écrit par Paola Pigani dans Poésie, Un printemps inexorable | Lien permanent | Commentaires (0)
Entre les eaux de Venise, de Charente et nos rues
Les italiens chantent " Bocca Corona" con la mascherina
A Venise, ils redécouvrent des poissons dans les eaux clarifiées de la lagune .
Dans ma ville endormie, un chibanis traverse la rue un sac de galettes à la main, hâte le pas en diagonale, jusqu'au ras de mon vélo. Sur le trottoir, des gars cognent leur canette de bière et trinquent.
L'un d'eux semble attendre la mariée du jour, un énorme bouquet de fleurs blanches sur son sac à dos.
Ils parlent peut-être de cette bienvenue- malvenue qui va faire les rues désertes et les oboles impossibles.
Antoine Gallardo m'envoie une photo de Charente où j'étais en février entre Blanzac et Barbezieux .
Je vous souhaite un printemps inexorable.
Pablo Neruda
©antoinegallardo
A Blanzac la rivière Né s'écoule entre les pierres
Sous le toit du vieux lavoir
Les araignées ne tissent plus de rêves fous
Au sommeil des lavandières
Leur dentelle froide dans la lumière de février
11:10 Écrit par Paola Pigani dans Poésie, Un printemps inexorable, Voyage | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : venise, charente, sdf, bocca corona
15 mars 2020
Allégorie de la folie
©gilles vugliano
Il a manqué un peu de lumière
Un peu d'eau à sa bouche
De la pierre à ton visage
Il a voulu te draper de lui-même
Que s'écoule son regard
Sur la surface diurne de ton être vivant
De tes épaules à ton nombril
Qui a frémi ?
Toi ou une autre?
Il t'a semblé pourtant qu'un pan de ciel
Se posait sur ton corps transparent
Une pesanteur nouvelle
Un murmure de source sanguine
Tu as glissé de l'ombre
Puis de ta chair invisible
Jusqu'au seuil de la folie
Où Dieu s'est enfui
©paolapigani
12:37 Écrit par Paola Pigani dans Poésie | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : gilles vugliano, antonio corradini, allégorie de la foi, exposition drapé, musés des beaux arts, lyon
Vivement Dimanche dernier
Atmosphère de film au ralenti dans les rues de mon quartier. Nous sommes des figurants invités à tourner dans le dernier plan séquence " a voté" et à regagner nos intérieurs; En longeant les murs de l'hôpital, j'entends le bruit de grelot d'une canette de soda, poussée par le vent sur l'asphalte. Les arbres s'agitent et grondent dans la lumière. Il est à craindre que les jours à venir ressemblent à un dimanche sans fond où s'égailleront des heures et des sons contradictoires.
Je vous souhaite un printemps inexorable.
Pablo Neruda
11:08 Écrit par Paola Pigani dans Un printemps inexorable | Lien permanent | Commentaires (0)
14 mars 2020
Une forêt en marche
Le ciel s'éclaire doucement à la fenêtre. Les médias, les consignes, injonctions des pouvoirs publics, leur martèlement ne couvrent pas encore tout à fait le chant d'une tourterelle à 8h, ne réussiront pas à faire que ce printemps soit captif. Il nous reste nos jambes, il nous reste nos yeux, notre faim, notre soif, les grandes et minuscules preuves du vivant.
Depuis ce matin, je suis une forêt en marche. Des arbustes, des surgeons, de mes poèmes se sont dépliés. Vendredi avant qu'ils apprennent la fermeture de leur école en Auvergne, pour une durée indéterminée, des enfants m'ont offert un livre composé de leurs textes et photos de leur danse en forêt. Je n'ai pu recueillir ce cadeau magnifique à pleines mains ( La semaine de la poésie étant annulée , vous pouvez cependant sur le site découvrir les poèmes des auteurs invités http://lasemainedelapoesie.assoc.univ-bpclermont.fr/ ).
Je les regarde en pensée, au présent de l'envie et partage quelques extraits :
Je suis un arbre
Le vent violent me secoue
L’automne approche de mes feuilles
Toutes douces
Lentement je me couche
Joseph
Tronçonneuse
Scie
Hache
Aïe
Ma sève coule j'ai mal
Sacha
Je suis un arbre
Brillant
Je suis le coucher du soleil
L’arbre des dieux
Lilian
Je suis un arbre
Sac à patates
Gros
Je suis serré
Dans mes petites lumières
Léa
Je suis un arbre
Mes feuilles se secouent
La musique tombe
Neyssa
Je suis un arbre
Qui marche
Qui marche dans les prés
Qui marche dans les jardins
Qui marche dans la forêt
Je cherche un temple
Paul
Ils font sauter les mots comme des cordes à jouer, ces poètes de moins de 7 ans avec leur langue des commencements, sans arrière pensée. Avec leurs syllabes à bonheur, ils jouent à être des arbres. Ils s'habillent d'écorces de papier canson ou de crépon, de sacs à patate, écrivent les mots de leurs métamorphoses. Ils prennent part au printemps des poètes avec leur enseignante Catherine.
Mille merci pour leurs flocons de joie sur ces jours de mars.
Ce soir après avoir attendu que le soleil renverse son écuelle derrière la vieille bâtisse de l'hôpital, j'entre dans la danse des arbres. Ma tristesse en tombe de fatigue. Je cherche un banc pour profiter des derniers rayons de chaleur; j'attends que la corneille posée là, me cède sa place.
Je vous souhaite un printemps inexorable
Pablo Neruda
11:04 Écrit par Paola Pigani dans Poésie, Un printemps inexorable | Lien permanent | Commentaires (0)
13 mars 2020
Pandémie
Jour ordinaire ou presque... entre papiers à trier, rendez-vous en ville, messages à envoyer , annulations de rencontres, regrets sincères...Oui , la pandémie est là pour tout le monde. On doit restreindre nos périmètres de vie mais pas La vie...je quitte la médiathèque de la Part Dieu où vont et viennent des lecteur.trices, des personnes désœuvrées , des clients.tes qui prennent la traversante vers le centre commercial à deux pas. J'abandonne ce lieu où déjà se tamisent les contacts, où même les livres sont porteurs potentiels de virus. J'enfourche mon vélo, heureuse du vent du soir et du mouvement des autres dans les rues à l'heure de la fermeture des bureaux, heureuse de la force motrice de nos corps sur une roue, deux roues, qui elle ne s'est pas résignée. Je m’arrête faire quelques course dans une supérette.Suis circonspecte devant les rayons de pâtes dévastés, même plus une boite de spaghetti capellini. J’achète du riz, des sardines portugaises, deux picodons. A la caisse, devant moi, piaffent des jeunes filles aux cheveux mauves et verts qui déposent sur le tapis des bouteilles d'alcool en parlant de fêter leurs prochaines vacances non-stop, un homme derrière moi, tend son unique article, un bidon d'eau de javel. A chacun son ivresse...
Je vous souhaite un printemps inexorable
Pablo Neruda
14:42 Écrit par Paola Pigani dans Un printemps inexorable, Voyage | Lien permanent | Commentaires (0)
sur les bords de la Saône
Hier je suis allée sur les bords de la Saône. J'ai regardé ses eaux gris vert s'enjouer contre les quais.
Deux cormorans, une mouette, trois canards. Sous la lumière tendre de mars, j'ai compté, recompté les joies du vivant de part et d'autre de ce flux. A la proue d'une péniche un danseur de résine semblait partager son élan avec une grue sur l'autre rive et désigner aux passants les oiseaux , les nuages à ne pas manquer .
Jusqu'à la passerelle saint Georges, j'ai marché. Sur la balustre, ces mots écrits au marqueur noir en lettres bâtons SEULES AU PLURIEL.
Les eaux, les vies continueront d'affluer, seules au pluriel, au singulier, contre tous, contre toutes tentatives de nous convaincre de vivre moins.
Je vous souhaite un printemps inexorable
Pablo Neruda
10:45 Écrit par Paola Pigani dans Un printemps inexorable, Voyage | Lien permanent | Commentaires (0)
09 mars 2020
Sobre el cielo verde
Sobre el cielo verde, un lucero verde
¡¿qué ha de hacer, amor,
¡ay! sino perderse
Las torres fundidas con la niebla fría,
¿cómo han de mirarnos con sus ventanitas?
Cien luceros verdes sobre un cielo verde, no ven a cien torres blancas, en la nieve.
Y esta angustia mía para hacerla viva, he de decorarla con rojas sonrisas.
Federico Garcia Lorca
16:52 Écrit par Paola Pigani dans Musique, Poésie | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : federico garcia lorca, nilda fernandez