01 octobre 2018
Mourir d'aimer
Le firmament
Accueille les chants
Qui de partout
Montent vers lui.
Il les absorbe
Et les transforme en bleu.
Guillevic
16:21 Écrit par Paola Pigani dans Le coeur des mortels, Poésie | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : aznavour, exil, guillevic
27 août 2018
Nue Rachel
Une main a taggé Ave, ne reste sur la plaque de la rue que nue Rachel
des gens endimanchés sortent de berlines aux verres fumés,
vont à la noce de l'air et de la terre
Le cimetière est frais sous le pont Caulaincourt
Les talons hauts des femmes peinent sur les pavés
Des lèvres rouges ont embrassé le marbre blanc de Madame Du Plessis
Daniel Razoum
la taille de son âme dépasse la dalle noire que je peine à contourner
La femme qui pleure est sage prés de sa sœur
sous un granit constellé d'étoiles mortes
Un arbre dans ma ville porte ces chiffres 240262
cloués au tronc
comme ceux d'une naissance
vingt quatre février mille neuf cent soixante deux
Sur chaque tombe du cimetière de Montmartre
les dates vont par deux
le début et la fin
l'éther et le gypse
sauf sur celle de Dalida
morte le 3 mai 1987
sait on si elle est née un jour?
Au cimetière ferroviaire de Culoz
je repars pour l'impossible
dans les wagons éclatés
combien de nue Rachel graffées,
et de soleils désespérés
dans la cendre du voyage
13:43 Écrit par Paola Pigani dans Le coeur des mortels, Poésie, Voyage | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : daniel darc, marie duplessis, dominique laffin, dalida, culoz
04 février 2018
Adieu Pedro
Tu fabriquais des escarcelles de cuir
A même le trottoir
Je ne t’en ai jamais achetées
Je me disais ça sera pour la prochaine fois
Il y a eu des années de prochaines fois
Devant le bureau de poste
Quand je marchais au ras de tes grands pieds
Avec mon gros ventre
Tu me disais Bonjour ma jolie
Mon enfant est né
Tu es passé aux bracelets et moi aux brassières
Je marchais toujours au ras de tes grands pieds
Mais avec un landau
Le bébé a grandi
A fait ses premiers pas de citadin
Au ras de tes grands pieds
Il te regardait avec de grands yeux étonnés
Tu étais l' homme jamais debout
Sur ce trottoir, le monde s’était écrasé
Le mien était dans mes entrailles
Avec de nouveau un ventre énorme qui passait devant toi
Mon second bébé est né
Entre tes doigts
Il n’y a plus eu que du papier à cigarette, du tabac
Un geste qui partait à vau l’eau avec ces mots
Bonjour ma jolie
Déraison et colère avaient déjà déposé leur écume
Dans le bleu navré de tes yeux
Mes enfants ont appris ton nom
Pedro
Ils t’ont toujours connu
Parfois tu prêtais main forte aux vieilles dames, aux livreurs du quartier
Tu dépliais ton grand corps jusqu’à être utile
Plus tard, mes fils ont ri de toi
Sur le chemin du collège
Ils te saluaient
Comme on salut le veilleur
D’un parking vide
Tu ne faisais pas partie des murs
Tu faisais partie du dehors
Un dehors intime
Tu avais fini par entrer dans leur vie
Ce sont ces enfants là qui ont partagé la nouvelle
Sur Face book
Ces premiers jours de février 2018
A la mort venue dans tes bras
Peut-être as-tu dis
Bonjour ma jolie.
22:26 Écrit par Paola Pigani dans Le coeur des mortels | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : peter loffner dit pedro
06 décembre 2017
Adieu Johnny
07:01 Écrit par Paola Pigani dans Le coeur des mortels, Musique | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : johnny halliday, beethoven
02 octobre 2017
A mesure que je m’éloigne de la lumière...
J’ai rencontré Philippe Rahmy le 28 juin 2013 à Paris où nous présentions chacun un livre à paraître pour la rentrée de septembre. Mais nous nous étions croisés sans nous voir en 2009 entre les pages de l’album Des stèles aux étoiles autour de l’œuvre de Winfried Veit, puis retrouvés à Morges.
Philippe Rahmy, un corps, un visage sans âge mais quelque chose de l’enfance trépigne dans se jambes, dans ses yeux. Homme advenu par la grâce de l’écriture. Une charpente osseuse fragile mais la charpente mentale d’une cathédrale. Des trouées de lumière à travers des vitraux, une poésie qui scinde sa vision du monde et des hommes, l’énigme d’être, d’une part, l’enveloppe, la peau, la parure, d’autre-part.
Merci pour l'émotion, la fureur , la poésie qui traversent Béton armé, Allegra, Un portrait de la douleur.Je m’apprêtais à lire Monarques quand j'ai appris ta mort.
Je voudrais t'embrasser Philippe avant ta grande traversée
Paola
...à mesure que je m’éloigne de la lumière, je m’enfonce davantage en elle.
Philippe Rahmy Un portrait de la douleur Cheyne Editeur
15:54 Écrit par Paola Pigani dans Des livres, Le coeur des mortels, Poésie, Voyage | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : philippe rahmy
11 septembre 2017
Adieu Jacques Truphemus
23:24 Écrit par Paola Pigani dans Le coeur des mortels | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : truphemus
31 mars 2017
Mio padre
Tout se durcit et dure
dans le présent de l’écriture
Il n’y a qu’un temps pour dire
Le nombre que nous sommes
Rien ne l’entame
Je m'atèle au silence des roses
au silence des pierres
Aux craquements de la maison vide
La malle est là descendue du grenier
sur le ciment de la cave
Est passé de la remise de la mémoire
à la zone de transit
Avec tout ce qui doit partir
vinaigriers vieux fusil Singer baratte à beurre bocaux vides
La malle en bois blanc
Vidée de la robe de mariée
vidée de vos lettres
Des percales de nourrisson
Des rêves de France
La malle qui n’a jamais fermé à clé
je ne suis pas diariste
peu m’importe d'écrire que sont éparpillés au pied de mon lit des collants roulés en boule , la forêt des renards perdus, glaneurs de rêves, partage des vivants et Rilke dans la pléiade
peu m'importe de faire savoir que j'avale une cuillère de pollen d'abeille chaque matin
aujourd'hui, j'ai pensé à toi devant la photo que j'avais collée dans une écorce de bouleau trouvée au bois des cosses à Cellefrouin
J'ai pensé à nous tous qui chantions bella ciao lorsque nous t'avons porté en terre
le plus jeune des enfants avait répété à l'orée du caveau ces mots qu'il ne comprenait pas
j'ai pensé à l'écho de cette voix d'enfant, à la croûte de polenta qu'on n'avait qu' à soulever pour y trouver tes souvenirs de partigiano,perdu dans le maquis à fuir les oustachis
aujourd'hui on m'a tendu un sarrau couleur ardoise qui m'allait bien au teint
je me suis glissée sur la planche
je suis entrée dans un tunnel
à travers le casque, des chansons anglaises essayaient de masquer le bruit de moissonneuse-batteuse de la machine
Imagerie à résonance magnétique
aujourd'hui j'ai fais un court voyage dans le noir
hier avec Marie nous sommes allées plus loin
nous avons parlé des rivages de nos pères, du Château d'If, de Trieste
nous avons remonté le boulevard Berthelot
nous avons croisé une manifestation CGT
la voiture balai diffusait Bella ciao
nous avons chanté dans le soleil
où volaient les cendres de nos pères
15:48 Écrit par Paola Pigani dans Le coeur des mortels, Poésie | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : bella ciao, savage rose