11 mars 2019
Le coeur des mortels
08:00 Écrit par Paola Pigani dans Des livres, Le coeur des mortels, Poésie | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : le coeur des mortels, la passe du vent, vugliano, pigani
15 février 2019
Des pics d'aluminium aux pics d'or
Une histoire de mobilier urbain ...
https://twitter.com/Abbe_Pierre/status/1093545296611737600
Pas plus que tes hardes
Tu ne pourras t’étendre sur un banc au design parfait
Conçu pour un corps assis
Ou plié en deux
Les pigeons c’est pareil
Entre les projecteurs et les pics d’aluminium
Ils en perdent leurs plumes
T’allonger au ras de la rue
Tu ne pourras pas non plus
Ne te reste qu’un lit de rivière
À remonter dans ta mémoire
Paola Pigani
Le coeur des mortels Editions La passe du vent, à paraitre en mars 2019
15:01 Écrit par Paola Pigani dans Le coeur des mortels, Poésie | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : mobilier urbain, fondation abbé pierre, le coeur des mortels, edtions la passe du vent
12 février 2019
Une nuit jamais totale
in attesa di vedervi
j'embrasse mes proches comme j'embrasse la douleur
avec les sanglots retenus avec les sanglots libérés
je pose une main sous ta gorge
je m'entends dire touchez- la
ici
sa peau fine d'enfant
incroyablement douce encore
en ce lieu du corps qui n'a pas souffert
que le soleil n'a pas abimé
un seuil clair avant le cou, avant le visage, avant la bouche, avant les yeux
un seuil avant l'autre naissance
j'impose encore mes deux mains sur ce commencement de statue
plus aucun battement de sang
de paupière
d'impatience
plus que le vent, le froid qui flagellent les dernières heures de janvier
je relis tes derniers mots écrits d'une main tremblée
comme tu le faisais pour chaque lettre au brouillon
avec le souci de bien écrire en italien comme en français
in attesa di vedervi
plus tard je suis saisie face à La nuit étoilée, une reproduction de Millet
je l'envoie à mes sœurs
la nuit n'est pas totale
le vide n'est pas total
la nuit n'est pas que nuit
le vide n'est pas que vide
me revient cette chanson de Jonasz
les mauvais chagrins d'hier
les orties dans les fougères
quand on s'aime
ils nous aiment aussi
Dans mon roman à paraitre en mars les fils d'orties ont déjà tissé un manteau de chagrin et d'amour pour franchir le dernier gué de l'enfance sauvage.
Merci pour tous vos messages, vos paroles et votre présence vraies, de prés ou de loin, merci pour les fleurs, les petites lumières et les silences partagés.
22:16 Écrit par Paola Pigani dans Le coeur des mortels | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : jean-françois millet, nuit étoilée, deuil
03 février 2019
Ma neige- reine
Ines Roman Pigani nous a quitté ce trente janvier deux mille dix neuf
mes yeux ne voient plus très clair
il neige des soupçons de roses sur ton visage
il neige une peine de pluie glacée
sur ta gorge, autour des tempes, ta peau devient silence
tu m'as donné la première part de ce monde vivant
tu me donneras la dernière
14:51 Écrit par Paola Pigani dans Le coeur des mortels | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : deuil
20 janvier 2019
Un signe vers Claude Chalaguier
Claude Chalaguier nous a quitté ce dimanche 20 janvier 2019.
Auteur entre autres de Travail Culture et Handicap, Éditions Bayard, Fernand Deligny, 50 ans d'asile, Éditions Erès, il était trés engagé sur les questions de société inclusive.
J'ai eu le privilège de faire sa connaissance en 2007 alors qu'il était un collaborateur passionné de la revue Le croquant avec Michel Cornaton, son fondateur.
Directeur artistique et metteur en scène du groupe de théâtre Signes , il m'avait fait l'honnneur de me demander à participer à la rédaction d'un livre retraçant l'expérience de Signes Une aussi longue étreinte avec le théâtre .
Je voudrais partager ma tristesse avec celles et ceux qui ont eu la chance de vivre ou de travailler avec lui et l' image d'un homme dans toute l'énergie de sa générosité , la main sur le coeur.
Claude Chalaguier,
Lyon le 24 juin 2008
©paolapigani
Ouvrez les portes de la représentation. Claude Chalaguier, le metteur en scène, fait acte avec des mots et des sons. Il fait silence avec des lumières. Il fait mouche sur les planches. Les gestes, et la présence des comédiens, portent une densité où se donne à entendre la voûte crépusculaire d’un songe où nous pouvons poser les pieds.
Joël Clerget
Je lui dois beaucoup. C'est un frère s’en va. Il nous manquera beaucoup !
Charles Gardou
Anthropologue , professeur à l'Université Lumière Lyon 2
L’homme qui s’est fait signe
Il y a plus de 10 ans de ça
Maintenant
De mon appel à propos de contre écritures partagées.
La rencontre fut soudaine,
Claude d’un seul homme
Prit son temps,
Le fait est rare
Ni une ni deux
Le voici dans l’atelier
À bras le corps.
Depuis, plus que de l’eau a coulé sous les ponts,
De l’encre aussi
Et bien des larmes retenues.
Papiers et contre écritures, les ogres
Jonas et la tentation de Saint Antoine
Les fables de la Fontaine, les ogres encore
Et puis sourire vide en temps de guerre
Presque tous
Vus et revus avec envie.
Et toujours ces visages
Les expressions de ces acteurs
De ces autres dont on ne le dira pas assez
Qui nous font sortir de notre torpeur.
Bien des langues ont du se délier
Bien des yeux s’écarquiller
Des souffrances s’alléger,
Des blessures se réveiller peut-être aussi.
Le son de l’être
À l’unisson
Un autre univers
Tout ça sur un plateau
À portée de main
Chaleur et humanité
Singulière façon
De nous aimer.
Accepter en retour
Cette reconnaissance de dette,
Pour ce tour de force,
Plutôt trois fois qu’une
Pour ce faire,
Le dire et l’écrire en corps.
Insigne particulier du groupe
Marque indélébile de mon affection effective indéfectible.
Agnan KROICHVILI
Publié in « Une aussi longue étreinte avec le théâtre »
Claude Chalaguier le Groupe Signes : écrits croisés
Ed L’Harmattan coll le Croquant une vie une œuvre
mars 2010 ISBN : 978-2-296-11467-8
20:17 Écrit par Paola Pigani dans Le coeur des mortels | Lien permanent | Commentaires (4) | Tags : claude chalaguier, groupe signes, une aussi longue étreinte avec le theâtre, le croquant, agnan kroichvili
08 janvier 2019
Son voyage nocturne
" En mars dernier , j'ai assisté à la crémation de Gabriel au cimetière du Père- Lachaise. Je me suis tenue aux côtés de Marc. Diego était là aussi, vêtu d'un costume sombre qu'il n'a pas du porter souvent.En sortant du funérarium, Marc a dit: " Voilà, je suis orphelin maintenant."Sa peine était immense, mais sa solitude remontait à plus loin que ce jour.
J'ai pensé à la dernière leçon de Jonn.Celle qui portait sur la mort. Pour les Egyptiens, avait-il expliqué,il existait quatre formes de survie. Si le défunt était accompagné de rites efficaces, il pouvait se manifester à travers son bâ, son essence, représenté par un petit oiseau émanant de sa momie, remonter le long du puits funéraire pour s'en aller voleter dans sa tombe et jouir du monde idéal que les peintres y avaient representé. La deuxième forme de survie était souterraine, aux côtés du dieu Osiris, dans un royaume qui ressemblait à la campagne nilotique, mais une campagne transfigurée où l'on pouvait pêcher des milliers de poissons et chasser des milliers d'oiseaux. La troisième, la plus glorieuse, était solaire. Identifié à l'astre, le défunt traversait dans sa barque le monde des morts pour renaître un jour. Mais , avait ajouté Jonn, il existait une quatrième forme de survie, sur laquelle les textes se montraient peu explicites. La survie au sein de la mère. Elle apparaît parfois sur des sarcophages où figure Nout, la déesse du ciel, dont le corps arqué est accompagné de cette phrase: Ta mère est au-dessus de toi.
(...) parfois, il m'arrive de repenser à cette histoire que m'a racontée Gabriel. La montagne des morts. Les quatre momies, les parents et les enfants, couchés côte à côte dans un creux de la roche. L'envie qu'il a eue de tendre la main.
Peut-être, me dis-je, la vie paraîtrait -elle moins absurde, moins effrayante si nous l'envisagions ainsi. Non comme une petite case temporelle attribuée à chacun, contre les cloisons de laquelle on se heurte pour tenter de trouver un sens si ce n'est une issue. Mais comme une longue chaîne. Ou plutôt un même fil sur lequel, depuis la profondeur des âges, tels des funambules fragiles et obstinés, les uns aprés les autres, nous nous efforçons de tenir debout.
Gabriel a mené sa vie. Moi je mène la mienne. A la lisière entre deux mondes. Celui où le soleil accomplit sa course dans le ciel, dont je goûte la lumière; et celui de son voyage nocturne, dont j'apprivoise la pénombre.
En équilibre."
Aline Kiner La vie sur le fil , éditions Liana Levi
Hier soir , j'ai appris la mort d'Aline Kiner et j'ai relu dans la nuit La vie sur le fil. Pour la retrouver vivante, à travers son écriture , ne pas consentir à sa disparition. La dernière fois que j'ai pu partager un verre avec elle , c'était en novembre 2017 juste avant la présentation de son trés beau roman La nuit des béguines dans une librairie de Lyon où elle a laissé le souvenir d'une si belle rencontre . Elle était une femme et une romancière magnifique. Je partage la tristesse de ses proches et de celles qui l'ont accompagnée chez Liana Levi, notre éditrice.
©sophiebassouls
09:51 Écrit par Paola Pigani dans Le coeur des mortels | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : aline kiner, la vie sur le fil, la nuit des béguines, éditions liana levi
01 octobre 2018
Mourir d'aimer
Le firmament
Accueille les chants
Qui de partout
Montent vers lui.
Il les absorbe
Et les transforme en bleu.
Guillevic
16:21 Écrit par Paola Pigani dans Le coeur des mortels, Poésie | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : aznavour, exil, guillevic
27 août 2018
Nue Rachel
Une main a taggé Ave, ne reste sur la plaque de la rue que nue Rachel
des gens endimanchés sortent de berlines aux verres fumés,
vont à la noce de l'air et de la terre
Le cimetière est frais sous le pont Caulaincourt
Les talons hauts des femmes peinent sur les pavés
Des lèvres rouges ont embrassé le marbre blanc de Madame Du Plessis
Daniel Razoum
la taille de son âme dépasse la dalle noire que je peine à contourner
La femme qui pleure est sage prés de sa sœur
sous un granit constellé d'étoiles mortes
Un arbre dans ma ville porte ces chiffres 240262
cloués au tronc
comme ceux d'une naissance
vingt quatre février mille neuf cent soixante deux
Sur chaque tombe du cimetière de Montmartre
les dates vont par deux
le début et la fin
l'éther et le gypse
sauf sur celle de Dalida
morte le 3 mai 1987
sait on si elle est née un jour?
Au cimetière ferroviaire de Culoz
je repars pour l'impossible
dans les wagons éclatés
combien de nue Rachel graffées,
et de soleils désespérés
dans la cendre du voyage
13:43 Écrit par Paola Pigani dans Le coeur des mortels, Poésie, Voyage | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : daniel darc, marie duplessis, dominique laffin, dalida, culoz
04 février 2018
Adieu Pedro
Tu fabriquais des escarcelles de cuir
A même le trottoir
Je ne t’en ai jamais achetées
Je me disais ça sera pour la prochaine fois
Il y a eu des années de prochaines fois
Devant le bureau de poste
Quand je marchais au ras de tes grands pieds
Avec mon gros ventre
Tu me disais Bonjour ma jolie
Mon enfant est né
Tu es passé aux bracelets et moi aux brassières
Je marchais toujours au ras de tes grands pieds
Mais avec un landau
Le bébé a grandi
A fait ses premiers pas de citadin
Au ras de tes grands pieds
Il te regardait avec de grands yeux étonnés
Tu étais l' homme jamais debout
Sur ce trottoir, le monde s’était écrasé
Le mien était dans mes entrailles
Avec de nouveau un ventre énorme qui passait devant toi
Mon second bébé est né
Entre tes doigts
Il n’y a plus eu que du papier à cigarette, du tabac
Un geste qui partait à vau l’eau avec ces mots
Bonjour ma jolie
Déraison et colère avaient déjà déposé leur écume
Dans le bleu navré de tes yeux
Mes enfants ont appris ton nom
Pedro
Ils t’ont toujours connu
Parfois tu prêtais main forte aux vieilles dames, aux livreurs du quartier
Tu dépliais ton grand corps jusqu’à être utile
Plus tard, mes fils ont ri de toi
Sur le chemin du collège
Ils te saluaient
Comme on salut le veilleur
D’un parking vide
Tu ne faisais pas partie des murs
Tu faisais partie du dehors
Un dehors intime
Tu avais fini par entrer dans leur vie
Ce sont ces enfants là qui ont partagé la nouvelle
Sur Face book
Ces premiers jours de février 2018
A la mort venue dans tes bras
Peut-être as-tu dis
Bonjour ma jolie.
22:26 Écrit par Paola Pigani dans Le coeur des mortels | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : peter loffner dit pedro
06 décembre 2017
Adieu Johnny
07:01 Écrit par Paola Pigani dans Le coeur des mortels, Musique | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : johnny halliday, beethoven