Guillevic 2016linoines la renouée aux oiseaux UA-98678848-1

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11 août 2019

Dehors

23:13 Écrit par Paola Pigani dans Musique | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : bashung

10 août 2019

Rue de l'été

 

 

 

 

 

rue de juillet

il a choisi l'angle d'un trottoir et l'asphalte tiède 

pour déposer son avoir

son été

son avoir-été

une virgule une flamèche rousse

animal inutile au bonheur des hommes

un rongeur d'éternité

un va nue-pattes un receleur un glandeur

un écureuil sans orgeuil

et de le voir ainsi gisant dans un reste de feu

je me dis que cette saison  pour moi aussi

c'est d'avoir été.

 

©paolapigani

09:19 Écrit par Paola Pigani dans Poésie | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : canicule

09 août 2019

A tant recoudre ses filets

cabanes.jpg

 

 

les cabanes de pécheurs 

pourquoi ont elles un toit ?

pourquoi la pluie  sur ces planches quand l'océan est à leurs pieds?

A tant recoudre ses filets

le vieil homme a laissé ses doigts faire le reste

modeler des oiseaux de patience avec des graines  du papier maché

quatre euros la créature

et gratuit le sourire à claire voie .

 

©paolapigani

 

09:06 Écrit par Paola Pigani dans Poésie, Voyage | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : ria formosa

07 août 2019

Rio Gilão

Ria formosa

 

 

l'onde sur le rio Gilão n'efface pas le reflet de la grue

ni  celui des nuages  

tu ne te verras pas sombrer ni t'élever dans ces eaux là

seule cette femme reste immobile le temps d'appartenir au vieux pont

aux facades blanchies d'été

où  sont épinglées des  images pieuses, santa Luzia, santo Gio

des mouches emmélées  aux prières

à la dentelle des rideaux    

dans l'ajour du grand âge.

 

©paolapigani

 

08:43 Écrit par Paola Pigani dans Poésie, Voyage | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : ria formosa

06 août 2019

Mon œil

20190701_100023 (1).jpg

écrire parcequ'on est muet comme une tombe

mais de pierre, de marbre , de granit ou de béton?

 

©paolapigani

09:48 Écrit par Paola Pigani dans Mon oeil, Poésie | Lien permanent | Commentaires (0)

05 août 2019

cadeau

un flacon d'été empli d'herbes sauvages du thym des Alpes, empli de ses chemins d'été 

la chanson d'une vie  qui traverse sa nuit 

je choisis cette langue de sel pour lui dire merci

terre et sel.jpg

10:21 Écrit par Paola Pigani dans Cadeaux de lectrices et lecteurs | Lien permanent | Commentaires (0)

04 août 2019

Margeride 2

saint Alban,

 

 

 l'aube lente sur les toits de saint Alban

des lauzes taillées en courbe

le grés rouge et le gris 

là 

entre les murs

existe un jardin d'oubli

où  demeurent quelques stèles  cernées d'herbes folles

et un christ de plomb 

les pieds dans les cailloux

bras tendus vers les graminées

les croix des fous ont été fauchées il y a longtemps

comme leurs vies deraisonnées

arrachées à cette paix étrange

il faut marcher dans la rosée

marcher sur l'aube

sur l'ombre naissante des grands arbres

qui serrent  entre leurs racines

 des joyaux

d'ossements  inconnus

eux seuls continuent l'ascension.

 

©paolapigani

 

 

 

saint Alban,

 

 

 

 

 

Trois cents tombeaux réglés de terre nue
Pour trois cents morts masqués de terre
Des croix sans nom corps du mystère
La terre éteinte et l'homme disparu


Paul Eluard

 

 

 

saint Alban,

hopital psychiatrique saint Alban, Sylvie Souton-Chany

Retour en ville

villeurbanne.jpg

 

 

 

J'ai croisé une femme en boubou

enceinte jusqu'au ciel

mon sourire n'était pas à sa hauteur

elle marchait sur l'asphalte chaude

son ventre débordait des couleurs

de l'étoffe 

débordait d'été et de fatigue

pourtant ses yeux ont rendu mon sourire 

18:13 Écrit par Paola Pigani | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : villeurbanne, canicule

03 août 2019

En Margeride

 

 

 

 

 

 

 

 

 

4 auteurs en margeride.jpg

 

avec Olivier Truc, Vanessa Bamberger et Franck Bouysse

entre un Cartographe des Indes boréales, des vaches de l'Aubrac , une Rose et des orties, nous avons eu de quoi dire , lire , manger , boire et nous réjouir d'un tel public réuni grâce à la librairie Le Rouge et le Noir et les nombreux bénévoles des Cafés Litteraires de saint Chely d'Apcher.

Un grand Merci à Pascal et Marie-Pierre Aurejac !

01 août 2019

Des orties et des hommes lecture de Jean-Pierre Quincarlet

 

Quand on m'envoie un retour de lecture , j'en apprends toujours un peu plus sur mes propres livres et ...la nature humaine. Délicat de  partager les messages personnels que je reçois  mais chaque courriel ou lettre de papier, transmis par voie postale, par mon éditrice ou par mail m'éloigne un peu de l'aridité traversée entre deux livres  et m'offre une certaine fraicheur fraternelle.

 

Merci Jean Pierre!

 

 

Chère Paola 

Grand admirateur de Marie-Hélène Lafon (dont je crois avoir lu tous les ouvrages), c’est avec beaucoup d’intérêt que j’ai lu votre dernier livre, Des orties et des hommes. Il y a bien des points communs entre l’univers de Pia et celui des personnages de Marie-Hélène Lafon, bien des divergences aussi. La plaine charentaise est certes différente des hauts plateaux du Cantal. Mais vous décrivez toutes deux une ruralité en train de disparaître, un monde très dur qu’un fossé de plus en plus large sépare d’une société dont l’industrialisation accélérée bouleverse les conditions de vie. Comme chez Marie-Hélène Lafon, on trouve dans votre récit le dilemme qui se présente aux habitants de ces campagnes en perte de vitesse : partir ou rester. Partir, c’est le destin presque inéluctable des filles, surtout si elles ont suivi leurs études avec succès. Comme l’écrit Marie-Hélène Lafon : « Les filles surtout sont voués à partir et le font par l’école, les études, le travail qui se trouve dans les villes ; je ferai comme toutes, je serai les autres. » (Traversée). Face à cette alternative, la narratrice de Des orties et des hommes se demande comment certains peuvent faire le choix de l’attachement à la terre : « Pourquoi la vie est-elle si claire pour certains ? Rester dans un seul univers, embrasser une géographie intime, être captif des mêmes arbres, des mêmes cultures. Ce qui coule de source, le secret de la continuité. Pour les autres, peut-être, mais je sens bien qu’il va me falloir pousser au-delà. » (Page 282). Mais cette possibilité n’est pas offerte à tous et tous ne peuvent se résoudre à ce départ. L’avenir est sombre, cependant, pour ceux qui s’accrochent à cette terre ingrate et leur obstination les conduit dans une impasse, quand ce n’est pas à un drame. Chez Marie-Hélène Lafon, cette différence de destinée se traduit souvent par l’opposition entre deux frères, dont l’un a réussi sa vie en partant loin du « pays » et l’autre est resté embourbé dans une glaise qui l’entraîne vers un destin fatal. Dans Les derniers Indiens, le frère et la sœur sont tous les deux restés, figés dans l’immutabilité des habitudes ancestrales et dans la volonté « que rien ne change, jamais, ne devienne nouveau et étranger»

La singularité de votre roman, c’est que ce déclin du monde rural est vécu et observé à travers le regard d’une enfant (puis d’une adolescente) qui passe graduellement des plaisirs simples que permet, malgré la pauvreté, un entourage aimant à la prise de conscience de l’absence de perspectives laissées par un environnement réduit qui ne peut satisfaire la soif d’ouverture et de connaissances d’un esprit éveillé par la littérature. Cela induit un changement de tonalité au sein de ce livre, qui débute dans la joie et l’innocence puis devient, au fil des pages, de plus en plus sombre et révolté : « Mais une colère me vient parfois, ça monte comme le lait bouillant. » (Page 282). Au premier chapitre, Joël, le « garçon-paysage » aux « yeux plissés dans le secret de sa bonté », salue la voiture dans laquelle Pia trouve des images poétiques pour convaincre sa petite sœur de ne plus avoir peur du noir. Le dernier chapitre nous fait assister à l’enterrement de Joël, sur lequel la narratrice tourne la page de son enfance : « Avec lui s’en va la mémoire des jours où chacun travaillait à ce que rien ne s’affaisse de cette mêlée de rêves et de boue, entre l’eau de la rivière, ce sur quoi on marchait sans savoir. » (Page 290). À la mort de Joël se superpose la disparition d’une campagne qui s’éteint inexorablement : « Le temps d’un infime adieu, me retourner à peine vers ce paysage aimant qui accompagne déjà le grand sommeil de Joël. » (Page 294). Car Pia souffre de cette déchirure, de cet adieu à l’enfance qui est perçu comme une inévitable trahison. « On sera bientôt tous déserteurs. » dit Pia (page 281). Cela fait écho (vous me pardonnerez, j’espère, d’y faire de nouveau référence) aux phrases de Marie-Hélène Lafon, qui, dans Album, écrit : « [Les chemins] nous suivent plus que nous ne les suivons, ils sillonnent en nous dans l’hiver des villes, quand nous avons déserté, si nous désertons. » et dont un personnage, Claire, dans Les Pays, parle de  : « Pays quitté, quitté comme on répudie, comme on déserte. Pour faire sa vie. » Car, comme le chantait superbement Jean Ferrat : « Il n’y a rien de plus normal que de vouloir vivre sa vie ».

Roman d’initiation, d’une certaine manière, Des orties et des hommes suit le parcours de Pia, de Cellefrouin à La Rochefoucauld puis à Angoulême, en attendant le départ vers d’autres horizons. À mesure qu’elle grandit, la campagne autour d’elle semble se rétrécir, se dessécher, s’étioler. Nul doute que la vie est ailleurs, loin de ce « pays premier, séminal et infusé que chacun [porte] en soi » (Marie-Hélène Lafon, Traversée). Car l’empreinte est forte de cette terre de l’enfance : « Ce pays est le mien pour quelque temps encore. Même s’il n’est que de pierre, d’écorce et de terre, je n’ai qu’à le respirer par la peau et garder l’horizon pour voyage. Les frontières tendres, le sorgho et le blé, le maïs trembleront encore sous mes yeux quand j’habiterai une ville. » (Page 211). Vous traduisez fort bien cette ambivalence du pays, source d’appauvrissement, quand il isole et enferme dans son insularité, mais devient terreau fertile pour celui ou celle qui l’investit par l’écriture : « Le pays premier peut être une prison, il peut être un royaume suffisant, une source vive, un trésor. Je ne sais pas bien où passe la frontière entre la chance et le risque, le partir et le rester, l’attachement et l’arrachement ; je cherche à tâtons et suis des chemins ombreux ou troués de lumière qui s’enfoncent dans la terre des origines et partent dans le monde. » (Marie-Hélène Lafon, Traversée).

Les derniers chapitres de ce roman, écrit dans une langue belle et poétique, m’ont, je l’avoue, empli de tristesse. Pourtant, il faut imaginer Pia heureuse, peut-être grâce à l’écriture : « Les mots se dresseront pareil dans le silence et dans la vie. » (Page 295). Si l’on en croit Marie-Hélène Lafon, « Écrire et partir c’est le même mouvement vital, ça ne se sépare pas. »(Traversée).

Merci, chère Paola, pour ce très beau roman.

Très amicalement,

Jean-Pierre