07 janvier 2020
Chambre boisée
©m.laplace
L’hiver, le soir :
alors, parfois, l’espace
ressemble à une chambre boisée
avec des rideaux de plus en plus sombres
où s’usent les derniers reflets du feu,
puis la neige s’allume contre le mur,
telle une lampe froide.
Où serait-ce déjà la lune qui, en s’élevant,
se lave de toute poussière
et de la buée de nos bouches ?
Philippe Jaccottet / A la lumière d’hiver
Merci Michel
05:13 Écrit par Paola Pigani dans Cadeaux de lectrices et lecteurs | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : philippe jaccottet
06 janvier 2020
Partir revenir
L'hiver pourvu qu'on le cultive
Est aussi arable que le printemps.
...
Émily Dickinson
06:33 Écrit par Paola Pigani dans Poésie | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : saint front
04 janvier 2020
Croire aux fauves
Je suis de nouveau seule dans la chambre, j'ai mal. J'ai vomi du sang il y a quelques heures.Je suis sans conteste à 9,9 sur l'échelle et ça se voit, la morphine me sauve de la prostration. Les lumières principales s'éteignent, une douce chaleur court sous mon épiderme alors que la douleur s'apaise, je m'installe confortablement. J'ouvre mon cahier noir, je griffonne jusuq'au lever du jour. Cette nuit- là, j'écris qu'il faut croire aux fauves, à leurs silences, à leur retenue; croire au qui-vive, aux murs blancs et nus, aux draps jaunes de cette chambre d'hopital; croire au retrait qui travaille le corps et l'âme dans un non- lieu qui a pour lui sa neutralité et son indifférence, sa transversalité. L'informe s précise, se dessine, se redéfinit tranquillement, brutalement. Désinnerver réinnerver mélanger fusionner greffer. Mon corps aprés l'ours aprés ses griffes, mon corps dans le sang et sans la mort, mon corps en forme de monde ouvert où se rencontrent des êtres multiples, mon corps qui se répare avec eux, sans eux; mon corps est une révolution.
Nastassja Martin
Croire aux fauves, Editions Verticales
18:09 Écrit par Paola Pigani dans Des livres | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : nastassja martin, croire aux fauves, editions verticales
02 janvier 2020
Belle année à mes proches , à mes lointains, lointaines
15:55 Écrit par Paola Pigani dans Musique | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : tindersticks, for the beauty, voeux
31 décembre 2019
Bibliographie
Romans :
N'entre pas dans mon âme avec tes chaussures Éditions Liana Levi. 2013.
Venus d'ailleurs Éditions Liana Levi. 2015.
Des orties et des hommes Éditions Liana Levi. 2019.
Poésie :
Le ciel à rebours Éditions. Jalons. Presses de la cité.1999
Indovina Éditions La Passe du Vent. 2014 réédition 2018
Le coeur des mortels Éditions La Passe du Vent. 2019
La renouée aux oiseaux Éditions La Boucherie Litteraire. 2019
La Chaise de Van Gogh, Éditions La Boucherie Littéraire, 2021
Nouvelles :
Relevé d’empreinte Éditions La Passe du vent 2004 (recueil collectif)
Concertina Prix Prométhée de la nouvelle. Éditons du Rocher 2006
Textes publiés dans des revues et ouvrages collectifs:
-Jalons, Euro poésie, ACD , Le Croquant, Fout' Art,revue Microbe, Bacchanales, Liseron.
- Album collectif Des stèles aux étoiles avec Winfried Veit 2009. Impression l’Atelier et Ville de Pierre Bénite
Anthologies collectives:
Pasolini Un printemps sans vie brûle. Éditions La passe du vent. 2014
Apollinaire Hommes de l'avenir, souvenez-vous de nous! Éditons La passe du vent. 2018
L'ardeur Éditions Bruno Doucet. 2018
Cao Tang , Call for poems : write a poem for Chengdu Éditions du Festival international de poésie de Chengdu Chine, 2018
La beauté Éditions Bruno Doucet. 2019
Fraternellement, Charles Juliet. Ouvrage collectif. Jacques André éditeur. La Cause des Causeuses.2019
Courage! Dix variations sur le courage et un chant de résistance. Éditions Bruno Doucet. 2020
18:59 Écrit par Paola Pigani dans Bibliographie, Des livres | Lien permanent | Commentaires (0)
Enivrez-vous
13:51 Écrit par Paola Pigani dans Poésie | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : beaudelaire, reggiani
24 décembre 2019
Merry Christmas
15:19 Écrit par Paola Pigani | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : banksy, brexit, god bless birmingham
22 décembre 2019
L'uomo solo
parceque j'ai lu Le métier de vivre entre deux rives
alors que je venais de quitter Toulouse et son île du Ramier où je vivais dans une sinistre cité universitaire
pour une autre , l'île de la Jatte pour travailler en tant que berceuse dans un désoloir d'enfants
Pavese m'a éclairée sur le métier de vivre et la douloureuse condition virile pour qui peine à entrer dans les schemes et le désir amoureux.
Jeune femme de 26 ans , j'ai trouvé alors en Pavese un frère ...
L'homme seul - qui a été en prison - se retrouve en prison
toutes les fois qu'il mord dans un quignon de pain.
En prison il rêvait de lièvres qui détalent
sur le sol hivernal. Dans la brume d'hiver
l'homme vit entre des murs de rues, en buvant
de l'eau froide et en mordant dans un quignon de pain.
On croit qu'après la vie va renaître,
le souffle s'apaiser, et l'hiver revenir
avec l'odeur du vin dans le troquet bien chaud,
le bon feu, l'écurie, les dîners. On y croit,
tant que l'on est en taule, on y croit. Puis on sort un beau soir
et les lièvres, c'est les autres qui les ont attrapés et qui, en rigolant,
les mangent bien au chaud. On doit les regarder à travers les carreaux.
L'homme seul ose entrer pour boire un petit verre
quand vraiment il grelotte, et il contemple son vin :
son opaque couleur et sa lourde saveur.
Il mord dans son quignon, qui avait un goût de lièvre
en prison ; maintenant, il n'a plus goût de pain
ni de rien. Et le vin lui aussi n'a que le goût de brume.
L'homme seul pense aux champs, heureux
de les savoir labourés. Dans la salle déserte
il essaye de chanter à voix basse. Il revoit
le long du talus, la touffe de ronciers dénudés
qui était verte au mois d'août. Puis il siffle sa chienne.
Et le lièvre apparaît et ils cessent d'avoir froid.
CESARE PAVESE
MUSIQUE : LÉO FERRÉ
20:28 Écrit par Paola Pigani dans Musique, Poésie | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : leo ferre, cesare pavese, l'uomo solo
21 décembre 2019
Se garer ou s'égarer?
— Qui aimes-tu le mieux, homme énigmatique, dis ? ton père, ta mère, ta sœur ou ton frère ?
— Je n’ai ni père, ni mère, ni sœur, ni frère.
— Tes amis ?
— Vous vous servez là d’une parole dont le sens m’est resté jusqu’à ce jour inconnu.
— Ta patrie ?
— J’ignore sous quelle latitude elle est située.
— La beauté ?
— Je l’aimerais volontiers, déesse et immortelle.
— L’or ?
— Je le hais comme vous haïssez Dieu.
— Eh ! qu’aimes-tu donc, extraordinaire étranger ?
— J’aime les nuages… les nuages qui passent… là-bas… là-bas… les merveilleux nuages !
Charles Baudelaire, Petits poèmes en prose, 1869
17:40 Écrit par Paola Pigani dans Poésie | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : charles baudelaire, petits poèmes en prose, l'étranger
20 décembre 2019
Heureux comme un naufragé
Un homme court dans le village endormi
L’écho de ses pas monte avec les brumes
Un homme traverse le matin
Sans l’ombre d’un doute
Pier Paolo cherche des lieux
Qui n’existent plus
Il s’approche des maisons vides
croit voir Guido son frère assassiné
Mais c’est un cheval
Un oiseau
Un reste d’orage
Qui remuent dans l’herbe haute
Pier Paolo commence alors
Un nouveau voyage
Entre les rails de fonte
Et le sillage des nuages
Il court, il dévale
Les collines de Belluno
Il dévale son enfance
Il cielo fugge,
E un cieco fiume [1]
Guido si loin
Les champs escarpés
Les rues d’Udine
Les lions jaloux de Venise
Il court, il dévale
Jusqu’au ras du monde
Jusqu’à cette poitrine glabre
Qu’il mord de rage
Dans un rire d’amour
Sur le sable d’Ostia.
La fronte e la radice
Dei tuoi negri capelli
Sono lidi remoti,acque deserte .
Io li guardo affranto,
Felice, comme un naufrago[2].
[1] Le ciel fuit, c’est un fleuve aveugle
[2] Le front et la racine
De tes noirs cheveux
Sont des rivages lointains, des eaux désertes
Je les regarde épuisé,
Heureux, comme un naufragé.
Paola Pigani. Un printemps sans vie brûle. Anthologie Pasolini. La Passe du vent. 2015
10:51 Écrit par Paola Pigani dans Poésie | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : pier paolo pasolini, ernest pignon ernest, un printemps sans vie brûle, éditions la passe du vent, paola pigani