02 avril 2020
L'âme du monde est en travaux
Ralentir
Silence
L'âme du monde est en travaux
Sous des bâches antivirales
Nos portes se ferment
Des plaies sociales s'ouvrent
Quelque chose se creuse en nous
Ne devenons pas des cavités
Où tomberait l'amer
Qui pourrait germer
Proliférer plus vite que le corona mondial
Nous ne pouvons plus nous égarer
Ni sous le couvert des morts
Ni dans nos villes
Ni sur nos chemins de traverse
Mais l'errance perdure dans les mots
Pour chercher les paroles de demain
Il nous faut à présent invoquer
Les mots du bâtir et du respir
Les oiseaux chantent plus fort
Nous avons sur la peau
Dans la brume de nos souffles
Dans les nœuds de nos gorges
L'empreinte de nos frères humains
Tous invisiblement touchés
Par une vérité commune
Dans les variations du temps
Nous marchons d'un pas toujours inégal
Apprises dans les poèmes
A l'envers à l'endroit
Avons perdu le sens de l'orientation
Dans nos solitudes nouvelles
Nos rues ne s'ouvrent plus que sous une pluie
De pétales et de silence
La lune envoie des invitations aux somnambules
Pour qu'ils découvrent l'ombre des arbres
Même en pleine nuit
Les poètes ne donnent pas de mots d'ordre
À jeter dans les fragments des heures volées à notre élan
Mais la vois- tu déjà cette lumière du soir
Filer comme une gueuse entre les grues immobiles
Et venir lécher nos terriers ?
De ces très-fonds renaîtront d'autres forces
Bientôt nous partirons
Vêtus seulement de nous mêmes
Nous marcherons dans le petit lait de l'aube
Nous retrouverons la beauté où nous l'avons laissée.
©paolapigani
14:38 Écrit par Paola Pigani dans Poésie, Un printemps inexorable | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : pandémie chez les poètes
01 avril 2020
Amarrer Amare
amarrer
amare
05:41 Écrit par Paola Pigani dans Poésie | Lien permanent | Commentaires (0)
29 mars 2020
Here is it
23:55 Écrit par Paola Pigani dans Musique | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : leonard cohen, sharon robinson
28 mars 2020
E cammino anche più in là di me
Non sapevo se le mie parole erano le stesse
per tutti, la mia notte
se era la stessa nessuno lo diceva.
Valli, ogni volta che venivo,
erba ripetevo, adesso è ancora questa erba,
e alberi, toccarli, dire alberi.
Viale che non guardo,
rimasto come lo sapevo ma neppure un viale.
E cammino anche più in là di me
adesso che piangere è pioggia,
e stare soli è più grande.
Mario Benedetti, da Tutte le poesie Garzanti, 2018
15:52 Écrit par Paola Pigani dans Le coeur des mortels, Poésie | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : mario benedetti
26 mars 2020
Sans notre présence
LA GARE
Ma non-arrivée dans la ville N
s'est passée à l'heure ponctuelle
Je te l’avais annoncé
par une lettre non envoyée.
Tu as eu tout le temps
de ne pas arriver à l'heure
Le train est arrivé quai trois
un flot de gens est descendu.
La foule en sortant emporta
l’absence de ma personne
Quelques femmes s’empressèrent
de prendre ma place dans la foule
Quelqu'un que je ne connaissais pas
courut vers une d'entre elles
qui la reconnut immédiatement.
Ils échangèrent un baiser
qui n’était pas pour nos lèvres.
Entre temps une valise disparut
qui n'était pas la mienne
La gare de la ville N a passé
son examen d’existence objective
Tout était parfaitement en place
et chaque détail avançait
sur des rails infiniment bien tracés.
Même le rendez-vous a eu lieu.
Mais sans notre présence.
Au paradis perdu
de la probabilité
Ailleurs
ailleurs.
Combien résonnent ces mots.
Wislawa Szymborska
11:46 Écrit par Paola Pigani dans Poésie, Un printemps inexorable, Voyage | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : wislawa szymborska, gare de saint pierre des corps
25 mars 2020
Ne pas perdre la vue...
En vain on a tenté de comprendre comment les hirondelles s'orientaient, en partant de notre idée humaine d’une direction à suivre : étoiles, soleil, configuration des terrains, magnétisme. Ou encore la nécessité première serait une surexcitation des glandes. Mais ni glandes ni triangulation ne désignent la situation des pays lointains. Aucune fonction normale ne rend compte de la facilité de la migration. Il n’y a rien d’autre qu’une affaire totalement fabuleuse. Les hirondelles pour leur départ ont cherché à être prises par une trame inconnue de l'espace, disons par un rêve total surgi d'une ordonnance extérieure et non d'elles-mêmes [...] un espace dont nous ignorons les images inconnues, qui sont les images d'un ailleurs.
André Dhôtel . Je ne suis pas d’ici, Gallimard
11:49 Écrit par Paola Pigani dans Poésie, Un printemps inexorable, Voyage | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : andré dhôtel, je ne suis pas d’ici
24 mars 2020
Ne plus compter les pas de cellule en cellule
©paolapigani
Il y a des mois que j'écoute
Les nuits et les minuits tomber
Et les camions dérober
La grande vitesse à la route
Et grogner l'heureuse dormeuse
Et manger la prison les vers
Printemps étés automnes hivers
Pour moi n'ont aucune berceuse
Car je suis inutile et belle
En ce lit où l'on n'est plus qu'un
Lasse de ma peau sans parfum
Que pâlit cette ombre cruelle
La nuit crisse et froisse des choses
Par le carreau que j'ai cassé
Où s'engouffre l'air du passé
Tourbillonnant en mille poses
C'est le drap frais le dessin mièvre
Léchant aux murs le reposoir
C'est la voix maternelle un soir
Où l'on criait parmi la fièvre
Le grand jeu d'amant et maîtresse
Fut bien pire que celui-là
C'est lui pourtant qui reste là
Car je suis nue et sans caresse
Mais veux dormir ceci annule
Les précédents Ah m'évader
Dans les pavots ne plus compter
Les pas de cellule en cellule
Albertine Sarrazin. Fresnes, 1954-1955
23:16 Écrit par Paola Pigani dans Poésie, Un printemps inexorable | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : albertine sarrazin, montluc, prisons fresnes
23 mars 2020
Ronde
©paolapigani
RONDE
Quel est celui d'entre vous
qui rira le dernier
Quel est celui d'entre nous
qui mourra le premier
Qui est le plus bête de nous tous
est-ce moi est-ce lui est-ce vous
Qui est plus sage ou plus fou
ce n'est ni moi ni surtout vous
Rira bien qui mourra le dernier
Tout sera à recommencer
Mourra bien qui naîtra le premier
Il faut quelqu'un pour commencer
Philippe Soupault
16:35 Écrit par Paola Pigani dans Poésie, Un printemps inexorable | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : philippe soupault, pandémie, rire jaune
22 mars 2020
Va pensiero
La situazione di criticità in cui ci troviamo ha mutato profondamente la quotidianità di noi tutti, costretti in casa per contrastare l’emergenza virologica. Anche il mondo del Teatro e della Musica accusa il colpo e musicisti, cantanti, direttori, ecc. pagano un prezzo enorme poiché impossibilitati a lavorare e obbligati ad annullare esibizioni ed attività concertistiche, danno economico e morale inquantificabile.
International Opera Choir - Coro Internazionale Lirico Sinfonico, come le altre realtà corali, ha sospeso le attività in ottemperanza dei vari decreti di questi giorni. Abbiamo perciò aperto le porte della nostra sala prove virtuale che ognuno di noi “raggiunge” con i mezzi a disposizione, muniti di smartphone e voce, per sentirci e sentirvi vicini attraverso la Musica.
E se è vero che il “Coro di schiavi ebrei”, comunemente chiamato “Va’ pensiero”, nell’ottica di Verdi è specchio delle vessazioni subite dagli italiani prima dell’unificazione, oggi ci sentiamo un po’ quel popolo incatenato che rimpiange la “patria perduta” e la libertà di vivere il quotidiano come è abituato a fare. Il “Va pensiero” è parte della nostra storia, tutti possono intonarne i primi versi e le parole tornano automaticamente alla memoria. Sempre in lizza come ipotetico Inno nazionale, sono in molti a credere che possa rappresentarci più di ogni altro canto e ricordarci da dove veniamo.
Un grazie enorme a tutto il personale medico - sanitario impegnato a tener fronte all’emergenza Covid-19. Questo video è per voi!
Je vous souhaite un printemps inexorable.
Pablo Neruda
22:56 Écrit par Paola Pigani dans Musique, Un printemps inexorable | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : verdi, coro virtuale, va pensiero, international opera choir, nabbuco
21 mars 2020
Où tes chevaux hénissaient au soleil
Un homme , est mort à midi d'hier dans la Drôme accroché à un souvenir de crinière et de galop .
J'écris ces mots pour Maurice :
Nous ne ferons pas le tour de ton cercueil, ne toucherons pas son bois, ni les fleurs coupées
Nous n'approcherons pas le creux d'eau bénite, ni ton abîme de terre.
Mais nous serons avec toi
Sur ta colline où tes chevaux hennissaient au soleil
Nous serons avec toi quand le vent agitera les nuages
Ils dessineront des ombres douces
Nous les regarderons danser avec la tienne
Dans l'herbe et sur le fleuve
14:44 Écrit par Paola Pigani dans Le coeur des mortels | Lien permanent | Commentaires (0)