11 mai 2020
Retour en ville
Lyon, perle de soie grise...
Stanislas Rodanski
09:30 Écrit par Paola Pigani dans Lyon perle de soie grise, Mon oeil | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : lyon, saone, stanislas rodanski
09 mai 2020
Donne toi à ce jour
"Parfois, j'ai l'impression que l'homme vit au bord d'un gouffre dans lequel se précipite le présent. Nous connaissons exactement le passé et nous nous en soucions en vain puisque nous ne pouvons plus le changer ; nous connaissons non moins exactement l'avenir et nous nous en soucions tout aussi en vain puisque nous sommes incapables de le deviner et de le modeler à notre guise. La seule chose que nous ne connaissons pas, c'est le présent : cet après-midi, l'heure même que nous vivons. Nous thésaurisons sur le passé, nous spéculons sur l'avenir, et nous gaspillons le présent si désespérément que nous prenons à peine conscience de fait que la vie, c'est le présent et uniquement le présent. Par exemple, nous prenons du thé et nous nous disons que c'est juste cela : un intermède entre ce qui a été et ce qui sera. Mais, en réalité, c'est cela même, la vie ; la vie n'est rien d'autre. Elle est sans gloire, sans éclat, pleine de déceptions - en fait elle n'est qu'une seule et longue déception ; nous sommes assis en permanence dans la salle d'attente à guetter un rapide qui ne vient pas. Mais cette lande pleine de bruyère, de sables et de maigres pins dont le soleil illumine les couronnes rouillés - quelle plus merveilleuse beauté que celle-là? Et toi, mon cœur stupide, ne pense pas en ce moment à cet homme qui t'aime trop, ou trop peu, c'est selon. Ne pense pas au manteau neuf, à la doublure de l'an dernier, et à la lettre qu'il faut absolument écrire au percepteur, ne pense qu'à cette lande. Penses-y totalement, embrasse-la à pleine bouche, regarde-la en oubliant tout le reste, ne sois ni triste, ni gai, ni heureux, ni plein de désir, car tout cela est absurde ; sois présent, donne-toi à ce jour, et pour l'amour du ciel, fais un effort, essaye de ne contempler que cette heure et d'en tirer tout ce qu'elle peut donner. Efforce-toi de briser cette chaîne du destin qui fait que les hommes ne voient sous les événements qu'incertitude, douleur, insatisfaction et attente. Sois ! Tout simplement. Personne ne te rendra ce que tu viens de laisser échapper de ta main, mais demain tu riras de la douleur d'aujourd'hui. Tu n'as jamais rien vécu que tu n'aies regardé, le lendemain, sous un éclairage tout autre et sous un autre encore, le surlendemain. Tu peux d'ores et déjà parier que tout ce qui te semble tellement capital ne l'est point. En prenant tes soucis pour des questions de vie et de mort, tu oublies, insouciant que tu es, l'heure présente : pourtant, c'est elle seule qui compte absolument, car elle est perdue à tout jamais, cette part irremplaçable de ta vie que tu as laissé détruire.
L'attente est mauvaise conseillère, 22 août 1926."
Milena Jesenska
10:44 Écrit par Paola Pigani dans Des livres | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : milena jesenska, frantz kafka
07 mai 2020
Dans la rue
Sur un trottoir de mon quartier
On a tracé sur le bitume
Les lignes des futures excisions
Les chantiers sont à l'arrêt
Un homme à deux pas
Repeint le mur de sa maison
Celui qu'on a épinglé comme un papillon
Sur un lit d'hôpital est seul
Au milieu d'un essaim nerveux
D'escale en escale
Il poursuit le voyage
De ses ailes abîmées.
Je vous souhaite un printemps inexorable.
Pablo Neruda
15:32 Écrit par Paola Pigani dans Poésie, Un printemps inexorable | Lien permanent | Commentaires (0)
05 mai 2020
Poste restante
Sur une boite aux lettes de la Poste
Des mots tracés au marqueur
Envoie des lettres d'amour
Plus loin
Des mains d'enfants ont dessiné
Une marelle
Qui va jusqu'au ciel de craie
Et toujours aux fenêtres
Des soleils au feutre à l'eau et
Leur sourire de papier
Des grands mercis en pattes d'araignée
Plus loin
Des gants de latex
Jetés avec la peur dans le caniveau
Fin du périmètre de l'enfance
©paolapigani
Je vous souhaite un printemps inexorable.
Pablo Neruda
08:51 Écrit par Paola Pigani dans Poésie, Un printemps inexorable | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : dans la rue
04 mai 2020
Une épave sans postérité
Bruto ! Ignores-tu que le poème a pour
vocation de se fondre au cœur des choses afin
de les éclairer ? Et que l’action révolutionnaire
établit les conditions matérielles de cette
lumière ? L’un sans l’autre, que sont-ils ?
Une épave sans mémoire !
Une épave sans postérité !
(...)
Nous aurons l’art des floraisons intempestives,
celui des passions convulsives, le geste
suave et impertinent de notre âge ardent,
la coquetterie des fées et la virulence des
esthètes au verbe caressant ; nous serons des
prophètes sans prophétie, car notre cœur est
gazeux, il répand ses douceurs dans tous les
bas-fonds de ce triste monde.
(...)
Et nous combattrons ainsi le discours
managérial appliqué à la floraison des êtres et
des choses.
Et nous aurons l’art des détours. Mais
nos détours n’auront pas la dégaine d’un
déjeuner sur l’herbe… Le risque serait trop
grand de se trouver à nouveau piégé par
cette navrante contemplation de nature verticale.
Car il n’y a d’éternité que baignant dans
les couches temporelles des saisons, dans le
bourgeonnement des passions et des choses (…)
L’art des dilutions, éditions Abrüpt
Pier Lampàs
11:21 Écrit par Paola Pigani dans Des livres, Poésie | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : l’art des dilutions, éditions abrüpt, pier lampàs
03 mai 2020
Un dimanche de mai
Le claquement tardif des volets un dimanche de mai
Le vrombissement d'un jouet électrique dans la cour
La voix d'une mère qui tourne autour des enfants devinés
S'efforcer dans l'écoute
S'écorcer dans la sensation de n'être qu'une des peaux
Du temps présent
©paolapigani
Je vous souhaite un printemps inexorable.
Pablo Neruda
05:17 Écrit par Paola Pigani dans Poésie, Un printemps inexorable | Lien permanent | Commentaires (0)
02 mai 2020
Aprés la pluie
©paolapigani
Je suis comme l’eau
Qui doit obéir.
Je suis comme les nuages
Qui doivent aller
Et tomber en pluie.
Guillevic
04:16 Écrit par Paola Pigani dans Poésie | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : guillevic
01 mai 2020
Dans le jour inquièt
L'orage cette nuit n'a rien violenté
Sauf ces lilas si tôt vieillis
L'air, les nuages, les pensées du marcheur
Sont d'un mauve dé soleillé
Il sent l'herbe humide de la ville
Avance doucement dans le jour inquiet
Comme un enfant privé de cordes à jouer
Seuls les oiseaux le tiennent en respect
©paolapigani
Je vous souhaite un printemps inexorable.
Pablo Neruda
11:34 Écrit par Paola Pigani dans Poésie, Un printemps inexorable | Lien permanent | Commentaires (0)
29 avril 2020
Passages
Tous, mourons tous d'un arrêt du coeur
Tous , revivons d'un arrêt du coeur.
Jusqu'au seuil des passages
©paolapigani
17:35 Écrit par Paola Pigani dans Poésie, Un printemps inexorable | Lien permanent | Commentaires (0)
27 avril 2020
Le commis de la poésie
Je n'étais pas fait pour ce cirque planétaire. Je suis las d'être le commis de la poésie avec pour toute récompense d'être enfermé dans le tombeau d'un livre. Mon cœur est un chapiteau usé, déchiré. Une montre à mon poignet déjà rongé par la vieillesse, un peu d'or à mon cou comme une pendule détraquée. Mais le ciel est imprévisible. Le plus grand penseur un jour ne veut plus penser, et c'est là que le ciel lui offre des pensées inattendues. Jambes croisées sur le tapis persan de la misère, il ne lui reste plus qu'à prendre son envol.
Jean-Marie Kerwich. Le livre errant. Mercure de France
06:52 Écrit par Paola Pigani dans Des livres, Poésie | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : jean- marie kerwich, le livre errant