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25 mars 2020

Ne pas perdre la vue...

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En vain on a tenté de comprendre comment les hirondelles s'orientaient, en partant de notre idée humaine d’une direction à suivre : étoiles, soleil, configuration des terrains, magnétisme. Ou encore la nécessité première serait une surexcitation des glandes. Mais ni glandes ni triangulation ne désignent la situation des pays lointains. Aucune fonction normale ne rend compte de la facilité de la migration. Il n’y a rien d’autre qu’une affaire totalement fabuleuse. Les hirondelles pour leur départ ont cherché à être prises par une trame inconnue de l'espace, disons par un rêve total surgi d'une ordonnance extérieure et non d'elles-mêmes [...] un espace dont nous ignorons les images inconnues, qui sont les images d'un ailleurs.

André Dhôtel . Je ne suis pas d’ici, Gallimard 

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24 mars 2020

Ne plus compter les pas de cellule en cellule

 

Albertine Sarrazin. Fresnes,

©paolapigani

 

 

 

Il y a des mois que j'écoute
Les nuits et les minuits tomber
Et les camions dérober
La grande vitesse à la route
Et grogner l'heureuse dormeuse
Et manger la prison les vers
Printemps étés automnes hivers
Pour moi n'ont aucune berceuse
Car je suis inutile et belle
En ce lit où l'on n'est plus qu'un
Lasse de ma peau sans parfum
Que pâlit cette ombre cruelle
La nuit crisse et froisse des choses
Par le carreau que j'ai cassé
Où s'engouffre l'air du passé
Tourbillonnant en mille poses
C'est le drap frais le dessin mièvre
Léchant aux murs le reposoir
C'est la voix maternelle un soir
Où l'on criait parmi la fièvre
Le grand jeu d'amant et maîtresse
Fut bien pire que celui-là
C'est lui pourtant qui reste là
Car je suis nue et sans caresse
Mais veux dormir ceci annule
Les précédents Ah m'évader
Dans les pavots ne plus compter
Les pas de cellule en cellule


Albertine Sarrazin. Fresnes, 1954-1955

 

 

 

 

 

23 mars 2020

Ronde

philippe soupault,pandémie,rire jaune

©paolapigani

 

 

 

RONDE

Quel est celui d'entre vous
qui rira le dernier
Quel est celui d'entre nous
qui mourra le premier

Qui est le plus bête de nous tous
est-ce moi est-ce lui est-ce vous
Qui est plus sage ou plus fou
ce n'est ni moi ni surtout vous

Rira bien qui mourra le dernier
Tout sera à recommencer
Mourra bien qui naîtra le premier
Il faut quelqu'un pour commencer

Philippe Soupault

22 mars 2020

Va pensiero

 

 

La situazione di criticità in cui ci troviamo ha mutato profondamente la quotidianità di noi tutti, costretti in casa per contrastare l’emergenza virologica. Anche il mondo del Teatro e della Musica accusa il colpo e musicisti, cantanti, direttori, ecc. pagano un prezzo enorme poiché impossibilitati a lavorare e obbligati ad annullare esibizioni ed attività concertistiche, danno economico e morale inquantificabile.

International Opera Choir - Coro Internazionale Lirico Sinfonico, come le altre realtà corali, ha sospeso le attività in ottemperanza dei vari decreti di questi giorni. Abbiamo perciò aperto le porte della nostra sala prove virtuale che ognuno di noi “raggiunge” con i mezzi a disposizione, muniti di smartphone e voce, per sentirci e sentirvi vicini attraverso la Musica.

E se è vero che il “Coro di schiavi ebrei”, comunemente chiamato “Va’ pensiero”, nell’ottica di Verdi è specchio delle vessazioni subite dagli italiani prima dell’unificazione, oggi ci sentiamo un po’ quel popolo incatenato che rimpiange la “patria perduta” e la libertà di vivere il quotidiano come è abituato a fare. Il “Va pensiero” è parte della nostra storia, tutti possono intonarne i primi versi e le parole tornano automaticamente alla memoria. Sempre in lizza come ipotetico Inno nazionale, sono in molti a credere che possa rappresentarci più di ogni altro canto e ricordarci da dove veniamo.

Un grazie enorme a tutto il personale medico - sanitario impegnato a tener fronte all’emergenza Covid-19. Questo video è per voi!

 

 

Je vous souhaite un printemps inexorable.

Pablo Neruda

21 mars 2020

Où tes chevaux hénissaient au soleil

 

 

 

Un courant d'ailes.jpg

 

 

Un homme ,  est mort à midi d'hier dans la Drôme accroché à un  souvenir de crinière et de galop  .

J'écris ces mots pour Maurice :

Nous ne ferons pas le tour de ton cercueil, ne toucherons pas son bois, ni les fleurs coupées

Nous n'approcherons pas  le creux d'eau bénite, ni ton abîme de terre.

Mais nous serons avec toi

Sur  ta colline où tes chevaux hennissaient  au soleil

Nous serons avec toi quand le vent agitera les nuages

Ils dessineront des ombres douces

Nous les regarderons danser avec la tienne

Dans l'herbe et sur le fleuve

14:44 Écrit par Paola Pigani dans Le coeur des mortels | Lien permanent | Commentaires (0)

20 mars 2020

L'étreinte du monde

 

J'écoute la voix d'une jeune chanteuse  En cavale qui porte un nom de fruit... Parmi les cadeaux de lecteurs, je puise Je suis les pas du chat noir d'Anouar Brahem, une voix, des musiques qui irriguent  les membranes du cœur, des poumons, dilatent le temps immobile.

J'oublie les murs, le virus que je ne veux plus nommer.

J'ouvre les fenêtres et les livres oubliés.

Je relis L'étreinte du monde d'Abdellatif Laâbi.

 

Regarde mon amour

ce monde qui s'écroule

autour de nous

en nous

serre bien ma tête contre ta poitrine

et dis- moi ce que tu vois

Pourquoi ce silence?

Dis- moi simplement ce que tu vois

Les étoiles contaminées tombent-elles

de l'arbre de la connaissance

Le nuage toxique des idées

nous submergera-t-il bientôt?

 

 

l'étreinte du monde,abdellatif laâbi.

©paolapigani

 

 

 

Je vous souhaite un printemps inexorable.

Pablo Neruda

 

 

19 mars 2020

Rejouer l'enfance

arbres d'hiver.jpg

 

 

 

Chez les arbres l'encre est une maladie,

un suintement à la base du tronc,

d'où s'écoulent des filaments obscurs.

L'arbre meurt.

La nuit aussi remonte sur les vitres,

le jour dévasté ressemble aux ruines

d'une âme surprise par le temps.

 

Il faut rejouer l'enfance, courir avec ce chien

immortel jusqu'au bout du champ,

hésiter devant la barrière de bois,

l'inaccessible de quelques secondes.

Il faut regarder l'Ouvert, fidèle et nu,

qui attend qu'on franchisse encore la barrière.

 

Au milieu des terres vastes et veuves

sur les pas forcés des exils,

l'engloutissement des noms, l'absence des tombes,

où est l'Ouvert?

dans les regards en allés sous le bois de la barrière,

dans les enfances en poussière

qui parfois se relèvent.

Emmanuel Merle, Tourbe. Alidades création.

 

 

 

 

11:25 Écrit par Paola Pigani dans Poésie | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : emmanuel merle, tourbe. alidades création.

18 mars 2020

Et toujours les oiseaux

 

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©paolapigani

 

 

 

Mon  laissez passer  dans le sac à dos,

je croise les clandestins

qui comme moi arpentent les rues

les yeux en l'air.

La ville est un grand corps vidé pourrait-on croire,

pas encore...

Corbeaux et corneilles se font entendre plus fort,

fichés dans le bleu du ciel  

comme des sentinelles aux aguets.

 

©paolapigani

 

 

 

Je vous souhaite un printemps inexorable.

Pablo Neruda

11:23 Écrit par Paola Pigani dans Poésie, Un printemps inexorable | Lien permanent | Commentaires (0)

17 mars 2020

Domani

 

 

 

 

 

En ces temps de pas comptés,d'heures liquides, de voyages empêchés, il me plait de penser à une  nouvelle immensité...

 

Tutta la realtà è immensità
Come il sogno poi si dissolverà
Da domani rinizierà una nuova immensità
Da domani
Da domani
Da domani

 

 

Andrea Laszlo De Simone

 

 

 

Je vous souhaite un printemps inexorable.

Pablo Neruda

 

 

12:31 Écrit par Paola Pigani dans Musique, Un printemps inexorable | Lien permanent | Commentaires (0)

16 mars 2020

Ménage de printemps

 

 

Robes désoleillées de l'été dernier

flacons de sable et de terre

d'Arménie, du Vésuve, du Niger, ocres de Rouissillon, fleurs de sel de la Ria Formosa

dents de lait de plusieurs enfances

traînes de parafines des lumières d'hiver

chaussettes et poèmes dépareillés

lianes sèches du chévrefeuille

poussière des livres oubliés

traces de doigts sur les carreaux

par où commencer?

Où finir?

 

 

 

©paolapigani

 

 

 

Je vous souhaite un printemps inexorable.

Pablo Neruda

 

12:17 Écrit par Paola Pigani dans Poésie, Un printemps inexorable | Lien permanent | Commentaires (0)