21 décembre 2019
Se garer ou s'égarer?
— Qui aimes-tu le mieux, homme énigmatique, dis ? ton père, ta mère, ta sœur ou ton frère ?
— Je n’ai ni père, ni mère, ni sœur, ni frère.
— Tes amis ?
— Vous vous servez là d’une parole dont le sens m’est resté jusqu’à ce jour inconnu.
— Ta patrie ?
— J’ignore sous quelle latitude elle est située.
— La beauté ?
— Je l’aimerais volontiers, déesse et immortelle.
— L’or ?
— Je le hais comme vous haïssez Dieu.
— Eh ! qu’aimes-tu donc, extraordinaire étranger ?
— J’aime les nuages… les nuages qui passent… là-bas… là-bas… les merveilleux nuages !
Charles Baudelaire, Petits poèmes en prose, 1869
17:40 Écrit par Paola Pigani dans Poésie | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : charles baudelaire, petits poèmes en prose, l'étranger
20 décembre 2019
Heureux comme un naufragé
Un homme court dans le village endormi
L’écho de ses pas monte avec les brumes
Un homme traverse le matin
Sans l’ombre d’un doute
Pier Paolo cherche des lieux
Qui n’existent plus
Il s’approche des maisons vides
croit voir Guido son frère assassiné
Mais c’est un cheval
Un oiseau
Un reste d’orage
Qui remuent dans l’herbe haute
Pier Paolo commence alors
Un nouveau voyage
Entre les rails de fonte
Et le sillage des nuages
Il court, il dévale
Les collines de Belluno
Il dévale son enfance
Il cielo fugge,
E un cieco fiume [1]
Guido si loin
Les champs escarpés
Les rues d’Udine
Les lions jaloux de Venise
Il court, il dévale
Jusqu’au ras du monde
Jusqu’à cette poitrine glabre
Qu’il mord de rage
Dans un rire d’amour
Sur le sable d’Ostia.
La fronte e la radice
Dei tuoi negri capelli
Sono lidi remoti,acque deserte .
Io li guardo affranto,
Felice, comme un naufrago[2].
[1] Le ciel fuit, c’est un fleuve aveugle
[2] Le front et la racine
De tes noirs cheveux
Sont des rivages lointains, des eaux désertes
Je les regarde épuisé,
Heureux, comme un naufragé.
Paola Pigani. Un printemps sans vie brûle. Anthologie Pasolini. La Passe du vent. 2015
10:51 Écrit par Paola Pigani dans Poésie | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : pier paolo pasolini, ernest pignon ernest, un printemps sans vie brûle, éditions la passe du vent, paola pigani
17 décembre 2019
Merci neige
©aconvert
Faleminderit bora
La neige éclaire les enfants
ils courent vers un train de papier
j'ai envie de voler comme eux
comme la neige
j'ai envie de me sentir enfant
encore un peu
faleminderit bora
Merci neige
Abdija
Texte écrit en atelier dans une classe du lycée Robert Doisneau par Abdija , jeune fille venant d'arriver d'Albanie.
Souvenir ému de ma résidence à Vaulx en Velin décembre 2018 avec l'association Dans tous les sens.
12:29 Écrit par Paola Pigani dans Poésie | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : association dans tous les sens, lycée robert doisneau vaulx en velin, .
Nos enfants
12:09 Écrit par Paola Pigani dans Musique | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : aksil beat, seven, regarde moi
16 décembre 2019
Poésie nomade
samedi dimanche derniers , en poésie dans le Lubéron, c'était bien!
Merci à Antoine Gallardo , notre éditeur, programmateur,chef d'orchestre, auteur de ces photos noir et blanc, , aux bénévoles de La Boucherie Littéraire et du café villageois de Lauris.
Aux voix des poètes, à la musique et au vin, à la boue fine du chemin , à la vieille roue à aube sur le ruisseau, au soleil en rasade...
16:51 Écrit par Paola Pigani dans Poésie | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : poésie nomade en lubéron, la boucherie littéraire, antoine gallardo, emanuel campo, nat'yot, café villageois de lauris, hélène dassavray, lili frikh, isabelle alentour
13 décembre 2019
Le M manquant
Il manque parfois un M
dans nos vies
une corde à notre arc
un bleu qui dure
©paolapigani
16:49 Écrit par Paola Pigani dans Poésie | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : gare part dieu
10 décembre 2019
Prochaine rencontre dans le Lubéron
Poésie en rafales au café villageois
avenue de la gare
84360 Lauris
16:35 Écrit par Paola Pigani dans Agenda, Poésie | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : la boucherie littéraire, antoine gallardo, thézame barréme, emanuel campo, hélène dassavray, lili frick, paola pigani, nat'yot, isabelle alentour
08 décembre 2019
De l'autre côté du chronométre
Lettre d’Albertine à Julien,
Hôpital Cochin
Le 25 janvier 1967
Zi-Lou-Lien mon père et ma mère mon amour ma vie toute, il est 6 H et après une nuit en grande partie blanche je suis là, à chialer comme je n’ai peut-être plus fait depuis la plage de Calais, c’est rien, t’en fais pas, c’est peut-être l’alcool absorbé hier – par voie externe – à pleines compresses, ces voitures stridentes menant ici jusqu’à ma cretonne l’idée de mort et de gâchis, peut-être simplement, comme au seuil des grands instants, l’instant d’immanence de la vérité, je sais pas, j’avais des mots tout à l’heure en foule dans le cœur, pressés comme les larmes qui merde me dégoulinent sur la liquette locale, une vraie combinaison de nonnette – et puis ne m’en reviennent que ces trois JE T’AIME, Julien, Julien, sois là, ne me quitte pas, jamais, j’ai besoin de toi pour revivre, je voudrais seulement que ces quelques heures où je m’absente un peu de toi nous soudent à jamais, tous deux bien serrés comme dans les nuits récentes, et même si devaient revenir les nuits à moitié morts, à moitié tronqués de Nous, soudent le cercle de l’osselet, nous y rivant toi et moi pour l’éternité des éternités.
Pardon, Zi, pour tout ce qui dans cette décennie m’a empêchée d’être la Sarrazine, pour mes maussaderies, mes maux, mes ivresses, mes caprices, mes distractions, mes rognes, je ne sais pas encore aimer aussi bien que toi, tu es moi et je m’aime ; mais j’oublie, parfois, que je suis toi et le « tu » appelle les mots injustes, cruels, les évidences où, si tu n’as pas raison, tu n’y es pour rien ; je sais, Zi, ton amour si pur et si immense que le mien s’étrangle parfois de honte. Je reviendrai tout à l’heure, certainement – comme disait le gars hier, c’est de la géométrie, c’est aussi de la mathématique générale, je reviendrai – Mais, flirter avec la mort étant quand même de plus en plus risqué pour moi, je veux te dire que ce ne pourra être qu’un flirt, une passade plus ou moins longue et sommeillante et que je t’attends, comme tu m’attends, de l’autre côté du Chronomètre.
Albertine Sarrazin. Lettres à Julien (Pauvert, 1971)
16:49 Écrit par Paola Pigani dans Des livres | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : albertine et julien sarrazin
07 décembre 2019
Trees fall
10:41 Écrit par Paola Pigani dans Musique | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : tindersticks
05 décembre 2019
Gréve
Tous une raison d'y être, entre les rails ou dans la rue...
Dans la gare divine, le chef de gare est aimé,
Dans la gare divine la locomotive d'or va souffler...
Nougaro
04:59 Écrit par Paola Pigani dans Musique | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : grève, claude nougaro, locomotive d'or