24 juin 2016
Les milusos
©paolapigani
Les jeunes cracheurs de feu de Mexico
Ils se remplissent la bouche d’alcool
et le crachent sur une bougie allumée
aux carrefours. Partout, en fait,
où les voitures forment une file et les conducteurs
sont fâchés ou frustrés et cherchent
à se distraire- c’est là qu’on trouve
les jeunes cracheurs de feu. Faisant ce qu’ils font
pour quelques pesos. S’ils ont de la chance.
Mais au bout d’un an, ils ont les lèvres
desséchées, la gorge irritée.
Ils n’ont plus de voix un an après.
Ils ne peuvent plus parler ni crier-
ces enfants silencieux qui chassent
à travers les rues avec une bougie
et une canette de bière pleine d’alcool.
On les appelle les milusos. Ce qui veut dire
les « mille usages ».
Ray Carver
21:35 Écrit par Paola Pigani dans Poésie, Voyage | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : ray carver
22 juin 2016
Ma rue
21:32 Écrit par Paola Pigani dans Poésie, Voyage | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : sopha
21 juin 2016
Le ortiche
©pierrerosin
In giardino spuntano le ortiche
20:17 Écrit par Paola Pigani dans Poésie | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : pierre rosin
19 juin 2016
Viviamo per vivere
©paolapigani
22:22 Écrit par Paola Pigani dans Voyage | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : boris pasternak
18 juin 2016
solo una goccia
©Jean-François Guillermet
Qu'il fasse clair
Ou qu'il fasse nuit
Sur les prairies,
Un jour il faudra
prendre avec les mains
De l'eau d'un fossé,
Pour qu'en tombe une goutte
Au hasard du vent,
Sur un mur perdu
entre bois et prés.
Parce que c'est la pierre,
parce que c'est l'eau,
parce que c'est nous.
Guillevic
21:45 Écrit par Paola Pigani dans Poésie | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : jean françois guillermet, guillevic
15 juin 2016
Au beau milieu de la vie
C'est alors, au beau milieu de la vie, que le rêve déploie ses vastes cinémas. Je descends une rue irréelle de la Ville Base, et la réalité des vies qui n'existent pas m'enveloppe tendrement le front d'un chiffon blanc de fausses réminiscences. Je suis navigateur, sur une mer ignorée de moi-même. J'ai triomphé de tout, là où je ne suis jamais allé. Et c'est une brise nouvelle que cette somnolence dans laquelle je peux avancer, penché en avant pour cette marche sur l'impossible.
Chacun de nous a son propre alcool. Je trouve assez d'alcool dans le fait d'exister. Ivre de me sentir, j'erre et marche bien droit. Si c'est l'heure, je reviens à mon bureau, comme tout le monde. Si ce n'est pas l'heure encore, je vais jusqu'au fleuve pour regarder le fleuve, comme tout le monde. Je suis pareil. Et derrière tout cela, il y a mon ciel, où je me constelle en cachette et où je possède mon infini.
Fernando Pessoa- Le livre de l'intranquillité. Editions Christian Bourgois
14:02 Écrit par Paola Pigani dans Poésie, Voyage | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : pessoa, lisboa
14 juin 2016
Pour voir
©paolapigani
il traçait au peigne des parallèles, des méridiens sur le bleu,
il avait ramené le ciel à la taille d'une tête d'épingle,
pour voir ce qu'il y avait autour,
Kenny Ozier-La fontaine
Billes
13:57 Écrit par Paola Pigani | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : editions maeström, kenny ozier lafontaine
13 juin 2016
Qui volera le plus haut à présent ?
Le combat du siècle
(Reportage en quinze reprises)
1
Cassius Clay, grande gueule, bateleur du ring
Gros braillard !
Joe Frazier, cogneur permanent, vaillante machine
Chantre des taudis !
2
Tous deux négociés avec la peau et les os pour 25 millions
Comme des Mona Lisa qui gigotent
Au Madison Square Garden, le zoo de la boxe à New-York
Pour l’enfer d’un unique combat :
3
Ils cognent à un rythme inouï, accrochés l’un à l’autre
Je vais te tuer ! crie Clay
Je vais te tuer ! crie Frazier.
4
Clay, l’homme aux poings les plus rapides du monde
Tambourine le crâne de Frazier
Qui fonce à son tour comme une loco
Et assène un grand coup de son brogne
Dans le poumon de Clay.
5
Clay pendouille dans les cordes, ses longs bras
Fragadinguent dans le corps à corps
Trois ans exclu du ring pas les juges de Disneyland
Du plomb dans les jambes comme barreaux de prison.
6
Clay grabache du poing, gratouille Joe, le décape
Jusqu’à ce qu’un crochet du gauche le punisse
Et le prolo des abattoirs de Philadelphie
Défloque en ses muscles comme les chutes du Niagara.
7
Deux bêtes noires en rotation
Rondonnent dans les téléviseurs :
Frazier rabote les côtes de Clay pour en chasser l’air
Clay mis trois ans au ban du ring
Pour refus d’assassinat au Vietnam
Ali ! Ali!
8
Lui que le Pentagone n’a pas envoyé au tapis
Lui qui grapigne après son titre volé, Clay-Ali
Décoche ses blagues à l’oncle Tom Joe
De guerre lasse
Bouh !
9
Frazier, the great white hope
Coince Clay dans les cordes, le trépagne à mort
Clay décoche trois crochets du droit dans le diable maigre. Ali !
10
Frazier, ingrabugé, brutal comme action en bourse
Se bréchaque par un tir de barrage dans les chiquettes de l’autre
Artisan sans cervelle
Clay le dessaque d’un gauche, l’empoque du droit.
11
À la onzième reprise, Clay pique du nez
Se reverticale, hourle, broucane : c’est moi, le champion !
Et Frazier lui rataplombe dessus, un ouragan
Clay titube !
12
Frazier veut en finir avec l’idole
Frazier trébouche en avant-garde basse
Frazier le baptiste calé dans la Bible
Frazier mène nettement aux points.
13
Frazier encaisse tout sans problème
Sa trogne s’enflouille en un gloume grimaçant
Il kalpanthère Clay avant l’assaut de cette forteresse
Ce dieu des nègres
Stoppe Ali dans sa marche sur la Capitole
Scalpe la gloriole des Black Panthers.
14
Clay donne tout ce qu’il a encore dans le ventre : ce que peut
Cassius Marcellus Clay, qui a pris le nom de Mohammed Ali.
15
Clay roule à terre, son menton se décerise
Clay sait qu’il est battu
Clay est presque sans défense, outragé, embroché
Il succombe aux points face au meilleur, Joe l’aveugle fonceur
Clay-Ali, inscrit parmi les vainqueurs dans le combat
Du siècle.
Volker Braun
(Traduit de l’allemand par Alain Lance)
11:11 Écrit par Paola Pigani dans Poésie | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : volker braun, joe frazier, cassius clay, mohammed ali
12 juin 2016
Retour de Syrie
©paolapigani
la fatigue parfois déballe les lettres
vieilles frusques débordant de la valise
sur un quai
On dit Syrie partout
sans être du voyage
sans être de l'obscur
hier le soleil a donné
à Ciry Le Noble
Si la différence ne tenait qu'à une lettre
©jeanfrançoisguillermet
22:12 Écrit par Paola Pigani dans Voyage | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : ciry le noble, gare du creusot
Dans la nef des livres
©paolapigani
Ce jour dans la nef des livres
Nimrod
21:07 Écrit par Paola Pigani dans Poésie, Voyage | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : nimrod, clameurs, dijon, la nef des livres