11 avril 2016
Les années noires, Angoulême
Discours de Monsieur Jérome Seguy
70e anniversaire de la fermeture du camp des Alliers
Angoulême, mercredi 6 avril 2016 à 14h
Il y a dix ans, était inaugurée la stèle devant laquelle nous sommes réunis.
Dix ans… C’est bien peu au regard des 78 années d’histoire d’un lieu qu’on ne peut considérer autrement qu’avec émotion. Des 800 Espagnols réfugiés ici, en juillet 1939, il reste peu ou prou le souvenir du sinistre train du 20 août 1940, vers Mauthausen, premier train de 927 déportés à partir de France et dont bien peu revinrent vivants.
Des Tsiganes, tels qu’on les appelait alors, il reste le souvenir d’une page sombre de notre Histoire, de celles dont on doit tirer les leçons. Car ce 6 avril 1940, la France n’est pas encore vaincue ; la IIIème République est encore debout. Pourtant, la Patrie des Droits de l’Homme marquait certains de ses citoyens du sceau de l’infamie en les considérant comme des parias, des espions, des traîtres en puissance.
Depuis le 22 octobre 1939, les Tsiganes étaient interdits de circulation en Charente, tout comme dans la Vienne, les Deux-Sèvres, la Haute-Vienne, La Dordogne, la Corrèze… Le 6 avril 1940, il y a 76 ans exactement, partout en France, les nomades sont assignés à résidence pour la durée de la guerre. Enfin, en ce triste mois de décembre 1941, si on leur accorde un château d’eau et une salle de classe, on leur supprime leur univers, leur autre moi, leur roulottes.
Ce petit camp d’internement, à peine libéré de ses réfugiés espagnols, accueillait une nouvelle catégorie d’opprimés, qui avaient pour seul crime de ne pas vivre comme les autres, de préférer l’itinérance à la sédentarité. Lorrains d’abord, puis Charentais, Charentais maritimes, 450 êtres humains vont vivre durant six longues années entre ces grillages, dans des baraques délabrées, des conditions d’hygiène épouvantables, confrontés à la disette, à la maladie, au froid.
Leurs seuls droits, pour pallier le manque de nourriture, ils sont autorisés à travailler à l’extérieur, de jour uniquement, à cultiver un lopin de terre au fond du camp. Les sœurs apprennent le français aux enfants qui ne le comprennent pas, à lire et compter à ceux qui le pratiquent.
Et tout ceci durera six ans. Six ans, c'est-à-dire jusqu’au 1er juin 1946, date de la dernière libération de prisonniers en Europe. La France était libérée depuis près de deux ans ; la guerre était gagnée depuis 13 mois. La République avait ouvert le camp, elle le ferme bien tardivement, laissant les derniers libérés partir, sans moyen, sans aide, sans indemnisation, pour recommencer leur vie à zéro…
Dans la patrie de la bande dessinée, je vous invite, à ce sujet, à lire ce magnifique ouvrage intitulé « les années noires, Angoulême 1940-1944 », qui retrace quelques destins angoumoisins de ces années, et notamment le récit, sous la plume d’Eric Wantiez et Fawzi, de l’histoire de Micheline Déchelotte, passée d’un régime à l’autre, d’un gardien à l’autre, entre ces mêmes murs.
Aujourd’hui, le centre social des Alliers perpétue la mémoire directe de ceux qui ont souffert, en assurant un soutien sans faille aux nouvelles générations. Saluons à cette occasion le travail accompli, notamment en faveur de la santé, ou encore votre travail à nos côtés pour mettre en place un nouveau schéma d’accueil des gens du voyage. Accueil. Voilà le mot qui traduit la volonté commune de vivre ensemble, qu’auraient tant désiré ceux qui ont vécu ici, il y a trois quarts de siècle.
Je vous remercie
Jérôme Seguy, sous-préfet directeur de cabinet du préfet de Charente.
Merci à Stéphane Coudret directeur du centre social des Alliers qui m'a transmis ce discours.
La mémoire comme une plaie à panser
la mémoire comme une plaie à penser
Paola Pigani
17:04 Écrit par Paola Pigani | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : angoulême, camp des alliers, stéphane coudret, seguy jerôme
07 avril 2016
Ecritoire
©paolapigani
Le bois délavé par l'hiver
expire le feu
respire le soleil
23:28 Écrit par Paola Pigani dans Poésie | Lien permanent | Commentaires (0)
05 avril 2016
Adio Lino, Adio Gian Maria
Gian Maria est parti le 30 mars 2016
Nous nous étions rencontrés en 2005 à Lyon, nous avions parlé de Cuneo, d'Erri De Luca son ami, de son épouse nommée Paola. Leur enfant n'était pas loin dans une poussette .
Quelques heures après lui est parti Lino mon père pour son dernier exil.
Una bella canzone les accompagne a dit l'amie Giovanna...
Te souvient-il de cet exil ?
De ce costume acheté à Bruxelles pour ton alliance avec Demain
Cet accordéon dans tes bagages qui s’ouvrait comme un pain
Pour que le chant des tiens bénisse le voyage
Te souvient-il de cette valise si lourde, emplie de linge
Qu’on avait écarté au vent de là-bas avant la traversée
Diras-tu la langue demeurée aux confins des fatigues
Ces rayons d’amertume pliés dans ton permis de travail :
« Arbeidvergunning »
Cette maison sans eau où la France t’attendait
La patience inventée comme une prière pour
Croire les yeux grands ouverts
Te souvient-il des premiers rires de tes enfants,
Vendangés dans la lumière de l’amour
Te souvient-il de ces heures promises au labeur
Au creux de tes mains souffrantes
Te souvient-il de ta porte ouverte au plus pauvre que toi
Ce vieux Polonais s’écroulant devant l’âtre
Epuisé de mémoire et de misère blanche
Te souvient-il de l’abîme à la banque qui s’ouvrait comme la bouche
Du nouveau –né
Ce lait de la peine que tu lui versais, confiant pour un jour repartir
Te souvient-il des saisons aux cordages serrés, de ton cœur oubliant
L’escarpement de la tâche et des forêts où tu allais couper du bois
Pour acheter nos chaussures et gagner la fierté
Ta vaillance pour qu’ici demeure une clairière où
La vie se confonde avec la bonté de la terre et des bêtes
Te souvient-il de cette tempête de 1999
Dévastant tes arbres, te dénudant aussi
Te souvient-il de ce matin de Décembre où
Tu as vus leurs racines trembler sous la pluie
Tu as pleuré ces grands gisants, ces horizons amassés
Comme autant de manteaux contre la peur
Te revois-tu planter ces arbres, penser l’aurore
A pleines mains pour ne plus voir le soleil mourant sur une ligne
De chemin de fer ni le corps de ton frère effacé
Sous le dernier train du soir
Dans ce lendemain d’épaves grotesques
Le sentiment d’exil s’est posé à nouveau sur tes épaules
Renversant ton regard bien au delà de ton bel âge
Paola Pigani
14:05 Écrit par Paola Pigani dans Musique, Poésie | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : gian maria testa, lino pigani
03 avril 2016
La porte en bois mouillé
©paolapigani
La porte en bois mouillé
Au fond du jardin
Qui n'ouvrait pas
Elle en savait long
Sur les moisissures
Et le fer des gongs
Et nous a poussés dans les bras du temps.
Eugène Guillevic
23:22 Écrit par Paola Pigani dans Voyage | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : guillevic
02 avril 2016
Prochaine rencontre à Metz
17:34 Écrit par Paola Pigani dans Agenda, Des livres, Voyage | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : le livre à metz, littérature et journalisme, venus d'ailleurs, n'entre pas dans mon âme avec tes chaussures, paola pigani
01 avril 2016
Encore une qui décroche les nuages
©paolapigani
12:34 Écrit par Paola Pigani dans Voyage | Lien permanent | Commentaires (0)
30 mars 2016
All the world is green
13:28 Écrit par Paola Pigani dans Musique, Voyage | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : tom waits
29 mars 2016
Un goût de maïs
Un goût de maïs
La veille ils ont marché sur du gros sel
Ont cru à quelque neige oubliée
Les rues étaient noires
Il bruinait quelque chose pourtant
Le printemps des poètes
Se tenait à carreau
A présent
Ils sont deux à craindre
Pour la mésange
Le passereau
Intermittents du matin
Ils sont deux à craindre
Que le corbeau s’abatte sur eux
Que la neige cesse
Ils sont deux encore
L’instant d’après
Des souvenirs de maïs
entre leurs mains
L’un les castrait
L’autre les épigouillait
Leurs fanes d’enfance
Leur sud
Qui n’entre pas dans le cadre de la fenêtre
Pour Thomas Vinau
12:33 Écrit par Paola Pigani dans Poésie | Lien permanent | Commentaires (2) | Tags : thomas vinau
Commémoration de la fermeture du camp des Alliers
Monsieur BONNEFONT Xavier
Maire d’Angoulême
Madame Sonia Patrac
Présidente du CS les Alliers
vous invitent à la commémoration
de l’internement des tsiganes au camp des Alliers
LE MERCREDI 6 AVRIL 2016
dans le cadre du 70ème anniversaire de la fermeture du camp des Alliers.
14h00 : Dépôt de Gerbe au pied de la stèle commémorative ;
lieu : boulevard Brigade RAC Sillac Rabion
15h00 : Conférence de Florent Gaillard « Histoire du camp des Alliers de 1939 à 1946 », Témoignages et discussions ;
lieu : Grand Salon de l’Hôtel de Ville d’Angoulême
16h30 : Pot de l’amitié et solidarité.
12:19 Écrit par Paola Pigani dans Voyage | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : angoulême, centre social des alliers, communauté manouche, stéphane coudret, catherine ringer, n'entre pas dans mon âme avec tes chaussures, paola pigani
27 mars 2016
Prochaines rencontres à Angers et Nantes
Dans le cadre du Prix Cezam ,
j'aurai le plaisir de participer à plusieurs rencontres pour présenter mon dernier livre
Venus d'ailleurs Editions Liana Levi
Mardi 29 mars
20h30 - Bibliothèque Clara Malraux à Montreuil Juigné
Mercredi 30 mars
· 12h30 - Université d’Angers, Maison de la Recherche Germaine Tillion - Salle Aimé Césaire - Campus de Belle Beille, 5 bis boulevard Lavoisier, Angers.
Co-animation avec Samuel Delépine enseignant-chercheur représentant du Collectif Universitaire Angevin de Solidarité avec les Réfugiés et les Demandeurs d'Accueil.
Entrée libre.
Voir plan : La Maison de la recherche Germaine Tillion est située à côté de l’UFR Lettres, langues et sciences humaines : c’est la pastille rouge n°8.
https://f.hypotheses.org/wp-content/blogs.dir/392/files/2...
Jeudi 31 mars
15h30 - Centre de détention Nantes
Vendredi 1er avril
9h30 Lycée Nelson Mandela , Jardin d’hiver - Rue Gaëtan Rondeau - Nantes
12h30- Comité des œuvres sociales du département Loire Atlantique- Nantes
23:20 Écrit par Paola Pigani dans Voyage | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : prix cezam, venus d'ailleurs, liana levi éditions