06 avril 2020
Latcho Drom
Pensées fraternelles pour celles et ceux qui se souviennent avec douleur de ces années vécues entre les planches du camp des Alliers. Merci à vous qui prenez soin de cette mémoire, salariés du centre social des Alliers à Angoulême et surtout ancien-nes interné-es et leurs familles, en particulier Sonia Patrac, Micheline Dechelotte et Alexienne Winterstein qui est au coeur de N'Entre pas dans mon âme avec tes chaussures.
https://www.france.tv/france-3/un-livre-un-jour/101877-n-...
05:24 Écrit par Paola Pigani dans Voyage | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : camp d'internement des alliers, angoulême, n'entre pas dans mon âme avec tes chaussures, alexienne winterstein, pigani paola, taraf de haidouks, centre social des alliers, sonia patrac, micheline dechelotte, editions liana levi
26 mars 2020
Sans notre présence
LA GARE
Ma non-arrivée dans la ville N
s'est passée à l'heure ponctuelle
Je te l’avais annoncé
par une lettre non envoyée.
Tu as eu tout le temps
de ne pas arriver à l'heure
Le train est arrivé quai trois
un flot de gens est descendu.
La foule en sortant emporta
l’absence de ma personne
Quelques femmes s’empressèrent
de prendre ma place dans la foule
Quelqu'un que je ne connaissais pas
courut vers une d'entre elles
qui la reconnut immédiatement.
Ils échangèrent un baiser
qui n’était pas pour nos lèvres.
Entre temps une valise disparut
qui n'était pas la mienne
La gare de la ville N a passé
son examen d’existence objective
Tout était parfaitement en place
et chaque détail avançait
sur des rails infiniment bien tracés.
Même le rendez-vous a eu lieu.
Mais sans notre présence.
Au paradis perdu
de la probabilité
Ailleurs
ailleurs.
Combien résonnent ces mots.
Wislawa Szymborska
11:46 Écrit par Paola Pigani dans Poésie, Un printemps inexorable, Voyage | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : wislawa szymborska, gare de saint pierre des corps
25 mars 2020
Ne pas perdre la vue...
En vain on a tenté de comprendre comment les hirondelles s'orientaient, en partant de notre idée humaine d’une direction à suivre : étoiles, soleil, configuration des terrains, magnétisme. Ou encore la nécessité première serait une surexcitation des glandes. Mais ni glandes ni triangulation ne désignent la situation des pays lointains. Aucune fonction normale ne rend compte de la facilité de la migration. Il n’y a rien d’autre qu’une affaire totalement fabuleuse. Les hirondelles pour leur départ ont cherché à être prises par une trame inconnue de l'espace, disons par un rêve total surgi d'une ordonnance extérieure et non d'elles-mêmes [...] un espace dont nous ignorons les images inconnues, qui sont les images d'un ailleurs.
André Dhôtel . Je ne suis pas d’ici, Gallimard
11:49 Écrit par Paola Pigani dans Poésie, Un printemps inexorable, Voyage | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : andré dhôtel, je ne suis pas d’ici
16 mars 2020
Entre les eaux de Venise, de Charente et nos rues
Les italiens chantent " Bocca Corona" con la mascherina
A Venise, ils redécouvrent des poissons dans les eaux clarifiées de la lagune .
Dans ma ville endormie, un chibanis traverse la rue un sac de galettes à la main, hâte le pas en diagonale, jusqu'au ras de mon vélo. Sur le trottoir, des gars cognent leur canette de bière et trinquent.
L'un d'eux semble attendre la mariée du jour, un énorme bouquet de fleurs blanches sur son sac à dos.
Ils parlent peut-être de cette bienvenue- malvenue qui va faire les rues désertes et les oboles impossibles.
Antoine Gallardo m'envoie une photo de Charente où j'étais en février entre Blanzac et Barbezieux .
Je vous souhaite un printemps inexorable.
Pablo Neruda
©antoinegallardo
A Blanzac la rivière Né s'écoule entre les pierres
Sous le toit du vieux lavoir
Les araignées ne tissent plus de rêves fous
Au sommeil des lavandières
Leur dentelle froide dans la lumière de février
11:10 Écrit par Paola Pigani dans Poésie, Un printemps inexorable, Voyage | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : venise, charente, sdf, bocca corona
13 mars 2020
Pandémie
Jour ordinaire ou presque... entre papiers à trier, rendez-vous en ville, messages à envoyer , annulations de rencontres, regrets sincères...Oui , la pandémie est là pour tout le monde. On doit restreindre nos périmètres de vie mais pas La vie...je quitte la médiathèque de la Part Dieu où vont et viennent des lecteur.trices, des personnes désœuvrées , des clients.tes qui prennent la traversante vers le centre commercial à deux pas. J'abandonne ce lieu où déjà se tamisent les contacts, où même les livres sont porteurs potentiels de virus. J'enfourche mon vélo, heureuse du vent du soir et du mouvement des autres dans les rues à l'heure de la fermeture des bureaux, heureuse de la force motrice de nos corps sur une roue, deux roues, qui elle ne s'est pas résignée. Je m’arrête faire quelques course dans une supérette.Suis circonspecte devant les rayons de pâtes dévastés, même plus une boite de spaghetti capellini. J’achète du riz, des sardines portugaises, deux picodons. A la caisse, devant moi, piaffent des jeunes filles aux cheveux mauves et verts qui déposent sur le tapis des bouteilles d'alcool en parlant de fêter leurs prochaines vacances non-stop, un homme derrière moi, tend son unique article, un bidon d'eau de javel. A chacun son ivresse...
Je vous souhaite un printemps inexorable
Pablo Neruda
14:42 Écrit par Paola Pigani dans Un printemps inexorable, Voyage | Lien permanent | Commentaires (0)
sur les bords de la Saône
Hier je suis allée sur les bords de la Saône. J'ai regardé ses eaux gris vert s'enjouer contre les quais.
Deux cormorans, une mouette, trois canards. Sous la lumière tendre de mars, j'ai compté, recompté les joies du vivant de part et d'autre de ce flux. A la proue d'une péniche un danseur de résine semblait partager son élan avec une grue sur l'autre rive et désigner aux passants les oiseaux , les nuages à ne pas manquer .
Jusqu'à la passerelle saint Georges, j'ai marché. Sur la balustre, ces mots écrits au marqueur noir en lettres bâtons SEULES AU PLURIEL.
Les eaux, les vies continueront d'affluer, seules au pluriel, au singulier, contre tous, contre toutes tentatives de nous convaincre de vivre moins.
Je vous souhaite un printemps inexorable
Pablo Neruda
10:45 Écrit par Paola Pigani dans Un printemps inexorable, Voyage | Lien permanent | Commentaires (0)
26 février 2020
Notre ville
©michel.laplace
- En librairie, au Bal des Ardents - Rue Neuve 69002
- Au Réverbère, Galerie d'art - Rue Burdeau 69001
- Chez Kojak - Rue Stella 69001
- Sur le site internet : https://www.ka-larevue.com/
18:41 Écrit par Paola Pigani dans Cadeaux de lectrices et lecteurs, Lyon perle de soie grise, Poésie, Voyage | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : revue ka, f. swiatly, a.manseur, o.jouvray, c.juliet, r.roche, s.barendson, t.renard, m. laplace, agence kojak.aubin, nörka, p.pigani
20 février 2020
De retour de Bretagne
Derrière la maison claire, il y a un chemin de boue qui mène au Léguer.
Sous les arbres encore nus, il est doux de l'écouter en découdre avec le vent du soir.
Un temps de poème , c'est aussi des lectures, des gerbes d'écume et d'amitié au Bel Aujourd'hui.
Merci à Yvon Le Men, Thèrese, Soazig et à l'équipe du Carré Magique pour cette belle soirée .
©paolapigani
Il y avait les voiles éoliennes
Il y avait les voiles anciennes
Il y avait les voiles langagières
Il y avait les voiles messagères
Il y avait la prairie de la pleine mer
Il y avait les voiles bergères
Il y avait la beauté
Il y avait la beauté du grand large
Il y avait la splendeur
Il y avait la splendeur des gréements
Il y avait les fleurs sur la houle
Il y avait les fleurs du vent
Xavier Grall , genèse
19:52 Écrit par Paola Pigani dans Agenda, Voyage | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : xavier grall, yvon le men, un temps de poème, librairie le bel aujourd'hui
01 décembre 2019
Sans bagage
Tu t'imposes le vide, fermes les yeux
le quai de la gare s'emplit soudain
de silhouettes fantômes
elles s'avancent vers toi
sans bagage
à peine vêtues de chagrin et d'ivresse
tu reconnais chacune d'entre elles
mais elles passent sous tes yeux
et regagnent leur nuit
bien au delà de ta mémoire
tu ne pourras jamais faire le vide
l'écriture commence là
dans les salines de ton regard
tourné vers l'intérieur.
©paolapigani
©laurentlevybencheton
17:26 Écrit par Paola Pigani dans Cadeaux de lectrices et lecteurs, Poésie, Voyage | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : laurent levy- bencheton
09 novembre 2019
Les oliviers d'Austerlitz
Il me demande si je veux bien qu'il me parle des planisphères. Il aime tant les planisphères.
La carte du monde est dans mon cœur me dit-il.
Sur la bouche écorchée, le visage en tempête, je lis avec lui des noms de pays, d'océans.
L'heure de mon train approche, je le coupe dans son élan de voyageur chimérique.
Et vous votre pays?
La France... mais là je pars.
Où?
Je ne sais pas, j'ai 78 euros sur moi, pas tout à fait 80.
Son corps tremble comme celui d'un nourrisson qui ne peut pas moduler sa température interne.
Je lui propose un café.
Non merci,
Je ne demande rien moi.
Je ne suis pas un looser.
Je ne suis pas un looser.
Sur le parvis de la gare d'Austerlitz, je regarde les oliviers dans leur grand pot en plastique et cet homme qui ne sait où aller.
Rien de plus triste aujourd'hui que ces déracinés.
©paolapigani
15:56 Écrit par Paola Pigani dans Poésie, Voyage | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : gare d'austerlitz