03 février 2018
Je me pardonne
L’écrivain est toujours deux : celui qui achète du pain et des oranges, téléphone, va à son travail, paie son eau et son électricité, salue ses voisins ; et l’autre, celui qui se consacre à l’écriture. Le premier veille sur la vie absurde et solitaire de l’inventé. Il y a du plaisir dans cette servitude. Mais ce plaisir n’est qu’apparent. Car la nostalgie du retour à l’unité demeure. Car être deux n’est pas plus facile qu’être un.
Un soir, j’ai senti que le voyage vers l’infini devait être radical, et d’un seul élan. Couper les amarres une bonne fois pour toutes et s’en remettre aux conséquences de cet acte définitif. Il ne peut y avoir d’autre voie, d’autre façon de faire. Moi, en revanche, j’ai hésité entre la fragile tentative de commencer ce voyage sans retour et la soumission délicieusement rebelle à la vie. C’est pour cette raison que je ne me suis retrouvé nulle part. J’en suis resté aux simulacres. Alors, ce soir-là, ce soir, je sais que je ne suis pas fait de la matière qui permet d’arriver entier et debout à la nuit finale.
Mais, à d’autres moments, je me dis que la vie, pour être la vie, doit être vécue là où tout le monde se trouve. Que l’amitié, le rire, le jeu font également partie de l’infini. D’un infini sale, mais d’un infini.
Alors, je sais que je cherche un soulagement à la pression que j’exerce sur moi-même. Alors je vois qu’il n’y a pas d’issue tant qu’on veut à la fois tout le reste et avoir un peu de pitié pour soi. Ou qu’il y en a peut-être une mais qu’elle ne m’est pas accessible. En attendant je vieillis. En attendant je me pardonne. Ce que j’écris est une partie de ce pardon, la tentative d’accommoder mon corps à la douleur. Autre fragile tentative qui me laissera là où j’étais. Ecrire, c’est chercher ce qu’on ne trouvera pas.
Carlos Liscano
09:40 Écrit par Paola Pigani | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : liscano
01 février 2018
Ardeur
L’anthologie du 20ème Printemps des Poètes établie par Bruno Doucey et Thierry Renard. En collaboration avec l’Espace Pandora.
En librairie le 1er février 2018
Le mot de l’éditeur : A comme Allumette, B comme Brûlure, C comme Colibri, R comme Rage, S comme Soleil, W comme Watt… En 2018, c’est sous la forme d’un abécédaire que se décline l’anthologie du 20ème Printemps des Poètes consacrée au thème de l’ardeur. D’où viennent-ils, les 90 poètes que mon ami Thierry Renard et moi-même avons convoqués pour une fête de la vitalité créatrice ? De tous les territoires où la vie fait entendre son chant avec entrain, avec fougue, élan, désir, conviction, résistance. De ces lieux où la passion se fait brûlure. Où l’on aime à en perdre la raison. Où l’on parcourt le monde avec une vigueur contagieuse. Qu’on ne s’étonne pas de voir la majeure partie de ces poètes appartenir au domaine contemporain : c’est d’une énergie bien trempée dont nous avons aujourd’hui besoin. Pour vivre mieux et vivre plus. Pour tenir dans la tempête. Pour rester en éveil. Écoutez-le : ce cœur qui bat au cœur du monde, c’est le nôtre.
Parmi lesquels : Capitaine Alexandre, Maram al-Masri, Samantha Barendson, Claude Ber, Zéno Bianu, Alain Borer, Katia Bouchoueva, Marion Collé, Jacques Darras, Flora Devatine, Ananda Devi, Nassuf Djailani, Hélène Dorion, Patrick Dubost, Vénus Khoury‑Ghata, Aurélia Lassaque, Jean-Pierre Lemaire, Yvon Le Men, Emmanuel Merle, Rita Mestokosho, Laure Morali, Nimrod, Pasolini, Anthony Phelps, Paola Pigani, Marc Porcu, Seghers, Jean-Pierre Siméon, Frédéric Jacques Temple, André Velter, Paul Wamo…
Extrait :
Le monde est en feu, je l’aime
’
Amour libre
Rage de vivre
Danse poignardée de lumière
Etincelle dans la neige
Un orage précoce
Roulant soudain tonnerre
Acrostiche réalisé à partir de fragments de poèmes de : Ronny Someck, Ernest Pépin, René Depestre, Caroline Boidé, Hélène Cadou, James Noël, Pef.
Collection : Tissages
Pages : 256
Prix : 19 €
ISBN : 978-2-36229-167-8
09:35 Écrit par Paola Pigani dans Des livres, Poésie | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : ardeur, capitaine alexandre, maram al-masri, samantha barendson, claude ber, zéno bianu, alain borer, katia bouchoueva, marion collé, jacques darras, flora devatine, ananda devi, nassuf djailani, hélène dorion, patrick dubost, vénus khoury‑ghata, aurélia lassaque, jean-pierre lemaire, yvon le men, emmanuel merle, rita mestokosho, laure morali, nimrod, pasolini, anthony phelps, marc porcu, seghers, jean-pierre siméon, frédéric jacques temple, andré velter, paul wamo…
25 janvier 2018
Retour en ville
Le soleil rage contre la vitre
Les mots sont injustes et désœuvrés
Les phrases vastes comme les hanches
De la femme engloutie
Elle pleure de la rue qui la berce
Elle rit de la peur qui la perce
Les mots sont injustes et désœuvrés
Ils rampent et emportent leur fortune
Jusqu’aux lieux ambitieux du sommeil
12:06 Écrit par Paola Pigani dans Poésie | Lien permanent | Commentaires (0)
23 janvier 2018
Prochaine rencontre dans la Drôme
Vendredi 24 janvier
18h30
MEDIATHEQUE Jacques et Aimé Bertrand
5 bis rue Victor Hugo
26140 ANNEYRON
11:45 Écrit par Paola Pigani dans Agenda | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : médiathèque d'anneyron, venus d'ailleurs, paola pigani
22 janvier 2018
Au fil de l'hiver
Les oiseaux se taisent
l'arbre écoute son ombre
respirer
quelques pinces à linge
sur un fil du jardin
comme un moment d'escale.
Georges Bonnet
10:34 Écrit par Paola Pigani | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : georges bonnet, le grés bas, résidence d'écriture de pure fiction
20 janvier 2018
Human Flow
09:28 Écrit par Paola Pigani | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : human flow
19 janvier 2018
Lyon , perle de soie grise...Stanilas Rodinski
21:54 Écrit par Paola Pigani dans Lyon perle de soie grise | Lien permanent | Commentaires (0)
La politique est un monstre froid Le Clezio
09:29 Écrit par Paola Pigani | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : loi macron asile et immigration, cimade
18 janvier 2018
Le vrai et le faux
L’anglais est une langue utile pour qui part en voyage, mais pour celui qui reste à l’intérieur des frontières, l’italien est préférable. Fake news est l’expression d'usage actuel d’un phénomène qui a peu à voir avec le faux.
Pour distinguer le vrai de son contraire il faut qu’ils se trouvent au même niveau, à égalité. Dans la réalité ce qui est accepté comme vrai ou comme faux dépend du rapport de force entre les deux positions. Si un gouvernement affirme que l’expédition de troupes combattantes à l’étranger est une mission de paix, l’évidence contraire, la vraie, succombe. Il n’existe pas de mission de paix, mais des interventions militaires en dérogation de la constitution. Les missions de paix sont dévolues à des organisations rigoureusement démilitarisées et spécialisées dans les premiers secours. Mais c’est la formulation fausse du pouvoir en place qui prévaut. Il falsifie les faits et rends sa version officielle avec le soutien attentionné des organes d’information.
Si un gouvernement dit que la « TAV » (ligne à grande vitesse) en Val de Suse est un « ouvrage d’intérêt stratégique » c’est cette invraisemblable version d’un ouvrage superflu et nocif qui prévaut.
Qu’un chef d’État nie qu’il y ait des changements climatiques et les faits sont tenus de s’y plier.
Le vrai et le faux dépendent du rapport de force et non de l’évidence. Un gouvernement se verra démenti et contredit uniquement quand il sera destitué.
Tant qu’il dirige le chœur peut affirmer que la terre est plate et que le soleil en est son satellite. Ce sera cela l’interprétation de la réalité à ce moment là. Le contre-ordre viendra à temps révolu.
Fake News : il ne s’agit pas de la rubrique vrai ou faux des jeux de la semaine dans le journal, mais de la possibilité d’affirmer le faux sans en subir de conséquences.
C’était une prérogatives des régimes totalitaires, de nos jours elle est a disposition des systèmes de démocratie formelle.
Erri de Luca
22:21 Écrit par Paola Pigani | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : erri de luca, fakenews
Voyage
08:51 Écrit par Paola Pigani dans Voyage | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : baie de somme