20 février 2017
Au nord du futur
Des poètes vivants existent, je lis souvent leurs recueils sans prendre le temps d'écrire trois lignes .
Aujourd'hui, je me dis trois lignes, ce n'est pas la mort .
Il s'agit du dernier livre de Christophe Manon qui donne à lire une poésie sans échafaudages, on s'agrippe à la langue comme on peut, à l'imparfait du présent;pas de majuscule, pas d'effet de beau.je lis en apnée car le rythme le veut et j'entre dans ces textes poétiques autant que politiques pour trouver un monde qui est le mien et qui s'en va pourtant, qui est déjà parti;Je suis désorientée au nord du futur.
NOUS SOMMES ALLES sommes
allés au devant de nous-mêmes ne craignant ni la fatigue ni
les épreuves nous cherchons asile pour nos exils intérieurs des replis
stratégiques traversant des nuits plus nocturnes que la nuit tel
qui marche et déploie son pas nous avons vu
les usines désaffectées vu
les industries pétrochimiques usines à gaz centrales électriques
réacteurs nucléaires
la domestication des êtres le contrôle des flux migratoires le bitume
brûle nos semelles respirer
non pas un renoncement respirer
sans heurts sans déchirement de temps certains
attendaient la promesse de nouveaux
possibles mais personne jamais
N'est venu personne
n'a déclenché l'alarme
Christophe Manon au Nord du Futur Editions nous, 2016
19:25 Écrit par Paola Pigani dans Poésie | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : christophe manon, au nord du futur, editions nous
17 février 2017
Chez nous
©paolapigani
Chez nous
46% des pies-grièches écorcheurs ont disparu ces dix dernières années
Mais
sur toute l'agglomération
Nous avons tous un rat chacun
A Grange blanche
Un ginko a laissé tous ses écus
Sur la chaussée humide
Un homme trace sa journée
L'attaché case bat son flanc
Ville ville
Berce le chaudement car il a froid
Il a deux trous rouges au fond des yeux
©paolapigani
21:39 Écrit par Paola Pigani dans Poésie | Lien permanent | Commentaires (0)
13 février 2017
Frère
Je ne suis ni tzigane ni gitan
Je ne suis pas rom
Je ne suis qu’un homme
Qui rêve en marchant
Frère de ceux qui traqués
Sans cesse se retrouvent
Par des chemins détournés
Frère de ceux qui souffrent
Et des enfants édentés
Au rire miraculeux
Jean- Claude Pirotte Vaine pâture Edition Mercure de France
23:26 Écrit par Paola Pigani dans Poésie | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : jean- claude pirotte
04 février 2017
Ressemblance

La scie va dans le bois,
Le bois est séparé
Et c'est la scie
Qui a crié.
Guillevic
20:07 Écrit par Paola Pigani dans Poésie | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : guillevic
02 février 2017
Les maçons
Les maçons de mil huit cent trente
Placides les maçons de la creuse
en longues bandes silencieuses
retraversaient Paris le soir
jusqu'à leurs dortoirs de barrière
et sans voir aux étalages
gras saumons
robes écumeuses
ors et pierres de couleur,
rêvassaient du retour à leurs terres
de vipères et de fondrières
croisaient les pâles dandys vêtus de beaux draps aubergine et lierre
Façonniers de nouveaux palais
en troupeaux lents ils retournaient
vers l'attablement journalier
quand chacun soulève à son tour
dans les lambeaux du crépuscule
la terrinée de soupe épaisse
Jean Follain Usage du temps
16:29 Écrit par Paola Pigani dans Poésie | Lien permanent | Commentaires (2) | Tags : follain
22 janvier 2017
En passant
©paolapigani
J’aime l’haleine quand il gèle,
L’hiver l’aveu léger de la buée :
Ici le je, et là-bas le réel.
Ossip Mandelstam
19:36 Écrit par Paola Pigani dans Poésie | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : ossip mandelstam
19 janvier 2017
Pica pica
©paolapigani
La pie de 8h50
Pica pica
Elle ne se voit pas
L’homme qui jette dans la rue
Le gros sel de l’hiver
Non plus
17:20 Écrit par Paola Pigani dans Poésie | Lien permanent | Commentaires (0)
18 janvier 2017
Frères humains
21:10 Écrit par Paola Pigani dans Musique, Poésie | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : villon, ferré, frères humains
17 janvier 2017
Cio' che dura
©paolapigani
Cio’ che dura
Lavori sulle labbra delle apparenze
Questo frutto dilatato
Cio’ che dura
Pazienza
Tu testimone dalla bocca d’inchiostro
Di’ la polvere
Enumera
Il prato la vigna il vento
Cio’ che dura
Sei venuto come visitatore
Libero fino alla fine dei gesti
Uno a uno
Attorno al tuo sonno
Spera ed enumera
Senza alterare il tuo soffio
Non è lontano lo snudamento
Pazienza
Più in alto all’ombra delle rovine si vedrà
Un giardino un po’ inclinato
Come una consolazione
Più lontano col piu’ forte silenzio
Potremmo abitare una casa
Paola Pigani traduction Giovanna Parpagiola
16:27 Écrit par Paola Pigani dans Poésie | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : paola pigani, giovanna parpagiola
14 janvier 2017
Poésie nomade
Suite à une rencontre des plus chaleureuses à la Maison de la Poésie de Poitiers le 3 décembre dernier , où j'ai été accueillie entre autres par les poètes Jean Claude Martin, Pierre Rosin , Christine Sergent , j'ai plaisir à partager cet article et quelques uns de mes textes traduits en arabe par Rabiha Al Baidhawe:
http://www.iraqiwomensleague.com/mod.php?mod=news&mod...
Un grand merci à elle ainsi qu'à ceux qui ont fait cette soirée inoubliable!
Rencontrer à cette occasion Georges Bonnet en son très bel âge restera pour moi un des souvenirs les plus émouvants de 2016;
frère de lait de Guillevic, ami de Daniel Reynaud, il a sur la poésie d'aujourd'hui un regard lucide .
Juste avant la nuit , son dernier recueil publié par Le temps qu'il fait m'aide à traverser l'hiver.
Le vent dans les taillis
le sentier
le dit autrement
Le silence
dans son mouvement
d'étreindre
Savoir enfin
ce qui oblige
le tournant
Georges Bonnet Juste avant la nuit

19:31 Écrit par Paola Pigani dans Poésie | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : maison de la poésie de poitiers, jean claude martin, paola pigani, rabiha.al-baidhawe, georges bonnet, editions le temps qu'il fait
















