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15 juin 2016

Au beau milieu de la vie

 

 

 

C'est alors, au beau milieu de la vie, que le rêve déploie ses vastes cinémas. Je descends une rue irréelle de la Ville Base, et la réalité des vies qui n'existent pas m'enveloppe tendrement le front d'un chiffon blanc de fausses réminiscences. Je suis navigateur, sur une mer ignorée de moi-même. J'ai triomphé de tout, là où je ne suis jamais allé. Et c'est une  brise nouvelle que cette somnolence dans laquelle je peux avancer, penché en avant pour cette marche sur l'impossible.

Chacun de nous a son propre alcool. Je trouve assez d'alcool dans le fait d'exister. Ivre de me sentir, j'erre et marche bien droit. Si c'est l'heure, je reviens à mon bureau, comme tout le monde. Si ce n'est pas l'heure encore, je vais jusqu'au fleuve pour regarder le fleuve, comme tout le monde. Je suis pareil. Et derrière tout cela, il y a mon ciel, où je me constelle en cachette et où je possède mon infini.

 

Fernando Pessoa-  Le livre de l'intranquillité. Editions Christian Bourgois

14:02 Écrit par Paola Pigani dans Poésie, Voyage | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : pessoa, lisboa

13 juin 2016

Qui volera le plus haut à présent ?

 

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Le combat du siècle
(Reportage en quinze reprises)

1
Cassius Clay, grande gueule, bateleur du ring
Gros braillard !
Joe Frazier, cogneur permanent, vaillante machine
Chantre des taudis !

2
Tous deux négociés avec la peau et les os pour 25 millions
Comme des Mona Lisa qui gigotent
Au Madison Square Garden, le zoo de la boxe à New-York
Pour l’enfer d’un unique combat :

3
Ils cognent à un rythme inouï, accrochés l’un à l’autre
Je vais te tuer ! crie Clay
Je vais te tuer ! crie Frazier.

4
Clay, l’homme aux poings les plus rapides du monde
Tambourine le crâne de Frazier
Qui fonce à son tour comme une loco
Et assène un grand coup de son brogne
Dans le poumon de Clay.

5
Clay pendouille dans les cordes, ses longs bras
Fragadinguent dans le corps à corps
Trois ans exclu du ring pas les juges de Disneyland
Du plomb dans les jambes comme barreaux de prison.

6
Clay grabache du poing, gratouille Joe, le décape
Jusqu’à ce qu’un crochet du gauche le punisse
Et le prolo des abattoirs de Philadelphie
Défloque en ses muscles comme les chutes du Niagara.

7
Deux bêtes noires en rotation
Rondonnent dans les téléviseurs :
Frazier rabote les côtes de Clay pour en chasser l’air
Clay mis trois ans au ban du ring
Pour refus d’assassinat au Vietnam
Ali ! Ali!

8
Lui que le Pentagone n’a pas envoyé au tapis
Lui qui grapigne après son titre volé, Clay-Ali
Décoche ses blagues à l’oncle Tom Joe
De guerre lasse
Bouh !

9
Frazier, the great white hope
Coince Clay dans les cordes, le trépagne à mort
Clay décoche trois crochets du droit dans le diable maigre. Ali !

10
Frazier, ingrabugé, brutal comme action en bourse
Se bréchaque par un tir de barrage dans les chiquettes de l’autre
Artisan sans cervelle
Clay le dessaque d’un gauche, l’empoque du droit.

11
À la onzième reprise, Clay pique du nez
Se reverticale, hourle, broucane : c’est moi, le champion !
Et Frazier lui rataplombe dessus, un ouragan
Clay titube !

12
Frazier veut en finir avec l’idole
Frazier trébouche en avant-garde basse
Frazier le baptiste calé dans la Bible
Frazier mène nettement aux points.

13
Frazier encaisse tout sans problème
Sa trogne s’enflouille en un gloume grimaçant
Il kalpanthère Clay avant l’assaut de cette forteresse
Ce dieu des nègres
Stoppe Ali dans sa marche sur la Capitole
Scalpe la gloriole des Black Panthers.

14
Clay donne tout ce qu’il a encore dans le ventre : ce que peut
Cassius Marcellus Clay, qui a pris le nom de Mohammed Ali.

15
Clay roule à terre, son menton se décerise
Clay sait qu’il est battu
Clay est presque sans défense, outragé, embroché
Il succombe aux points face au meilleur, Joe l’aveugle fonceur
Clay-Ali, inscrit parmi les vainqueurs dans le combat
Du siècle.

 

Volker Braun

(Traduit de l’allemand par Alain Lance)

 

 

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11:11 Écrit par Paola Pigani dans Poésie | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : volker braun, joe frazier, cassius clay, mohammed ali

12 juin 2016

Dans la nef des livres

 

Le poète Nimrod.jpg©paolapigani

 

 

Ce jour dans la nef des livres

Nimrod

21:07 Écrit par Paola Pigani dans Poésie, Voyage | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : nimrod, clameurs, dijon, la nef des livres

08 juin 2016

prochaines rencontres en Saone et Loire et Côte d'or

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Une après-midi en compagnie de Paola Pigani. Rencontre littéraire à la médiathèque menée par Jean-Marc Brunier (Le Cadran lunaire), précédée d'une balade aux alentours de Ciry-le-Noble en compagnie de l'auteure.

Au gré des ruelles et des chemins, Paola Pigani lira des extraits de ses deux romans "N’entre pas dans mon âme avec tes chaussures" et "Venus d'ailleurs".

Paola Pigani a grandi en Charente dans une famille d’origine italienne et vit aujourd’hui à Lyon. Son premier roman, N’entre pas dans mon âme avec tes chaussures (2013), a été récompensé par plusieurs prix. Son deuxième roman, Venus d'ailleurs, est publié en août 2015.

Elle est également nouvelliste et poète. Son deuxième recueil de poésieIndovina est paru en 2014 aux éditons La Passe du vent. Elle anime un blog littéraire : La renouée aux oiseaux

Rencontre menée par Jean-Marc Brunier (librairie Le Cadran lunaire)

Un événement de la saison culturelle 2016 de la Bibliothèque de Saône-et-Loire, en partenariat avec la librairie Le Cadran lunaire et la Bibliothèque de Ciry-le-Noble.

 

 

Samedi 11 Juin 2016

 

16 h Accueil (médiathèque)

16 h 30 Départ de la balade littéraire (retour prévu vers 18 h)

18 h 30 Rencontre avec Paola Pigani à la médiathèque


(Entrée libre)

Renseignements / Réservations :

BDSL : 03 85 20 55 71 ou bdsl@cg71.fr

Bibliothèque de Ciry-le-Noble : Bibliothèque de Ciry-le-Noble - Rue André Pautet - 71420 Ciry-le-Noble

Tél. : 03 85 79 05 13

 

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Dimanche 12 juin

11h cour de Flore

rencontre avec Arthur Frayer-Laleix et Paola Pigani

auteurs de Dans la peau d'un migrant et Venus d'ailleurs

27 mai 2016

La vie n'a pas de fin

 

 

 

 

La vie n'a pas de fin, même si le monde et la littérature agonisent.
Ce n'est pas la fin du monde
comment exprimer la fin
de ce qui n'existe pas
nous séjournons dans le songe
le cauchemar et le sommeil
nous séjournons dans la vie
qui n'est jamais la vie
mais un vide au coeur du temps
un désert empli d'espace
mais d'un espace désert
nous séjournons loin de nous
pour être en pleine lumière.

 

Pirotte

Pirotte©paolapigani

21:43 Écrit par Paola Pigani dans Poésie | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : pirotte

17 mai 2016

En passant

 

 

Voici venu l'âge du plomb

Dont on se souvient, si l'on y survit,

Comme les gens qui ont froid

se souviennent de la neige

D'abord un frisson- puis la stupeur-

et enfin l'abandon.

 

Emily Dickinson

12:28 Écrit par Paola Pigani dans Poésie, Voyage | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : emily dickinson

16 mai 2016

La maison de Nino

la maison de Nino.jpg©paolapigani

19:58 Écrit par Paola Pigani dans Musique, Poésie | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : nino ferer

13 mai 2016

Point de rencontre

point de rencontre.jpg©paolapigani

 

 

Et vers midi
Des gens se réjouiront d'être réunis là
Qui ne se seront jamais connus et qui ne savent
Les uns des autres que ceci : qu'il faudra s'habiller
Comme pour une fête et aller dans la nuit ...

Milosz

19:58 Écrit par Paola Pigani dans Poésie | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : milosz

12 avril 2016

Jeunesse lève toi

Jeunesse Lève toi 2.jpg©paolapigani

 

 

 

 

 

 

 

Il y a celui qui tient le porte-voix

celle qui fume pliée en deux dans un caddie de supermarché

 

un buisson ardent s'éprend des poubelles sur le parvis du lycée

travail,jeunesse, avenir, état, Trotski, bénéfices,

précarité à perpétué

 

Il y a ce geste d'éternité de Madiba

 

Il y a celui qui pousse le son sur un lecteur CD

et celui qui pousse son corps

sur un chariot d'or

Lever les yeux , il sait

et les mots qui recouvrent la vie

un par un

On ne va pas se laisser faire.

 

 

Pour Hugo

Ce 1er avril à Nantes

07 avril 2016

Ecritoire

souche au soleil.jpg©paolapigani

 

Le bois délavé par l'hiver

expire le feu

respire le soleil

 

23:28 Écrit par Paola Pigani dans Poésie | Lien permanent | Commentaires (0)