31 octobre 2016
La chaise de Van Gogh 1
Le monde part de tes épaules
pour descendre à tes pieds
que tu laves devant la porte
dans une bassine en émail
une eau de foin
de quoi faire la minestra
mais non, tu la jettes en riant
sur le jasmin qui a toujours soif
tu chantes
Io sono un’povero negro
tu en mets plein tes savates
Tes mains vivantes
Accrochent tout
La force de tourner
les pages du ciel
Même sales
Infléchir aux saisons le rythme du travail
Les mise bas des bêtes, les semis, les coupes de foin, les moissons
Passer l’endaineuse, la botteleuse, la herse
Chaque jour une maîtresse
Extrait d'un recueil en voie d'achèvement La chaise de Van Gogh.
Où le peintre ne fait qu'une minuscule apparition par le vide de sa chaise.
La Chaise, photo Roswitha Guillemin
Chambre n° 5 occupée par Vincent Van Gogh les 70 derniers jours de sa vie à l’Auberge Ravoux, Auvers-sur-Oise
10:42 Écrit par Paola Pigani dans Des livres, Poésie | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : van gogh, roswitha guillemin, paola pigani
29 octobre 2016
Les grandes enveloppes blanches
Ce matin , je me suis levée pareille au ciel , le même blanc de céruse et rien qui donne vraiment envie d'enfiler des collants, rien qui donne vraiment envie de bondir;mais j'avais besoin d'aller en ville, je voulais du pain frais et ce vieux livre de Claude Simon. Avant de sortir, j'ai entendu le discours du président de la République à Montreuil Bellay, rendant hommage aux nomades internés en France entre 1940 et 1946. 70 ans après.
Je me suis refait un café.
Dans le métro, j'ai observé un petit garçon écrire sur la porte, des mots invisibles de la pointe de son doigt . Sans doute , ces mots ne lui disaient-ils rien car il a plaqué son oreille sur le caoutchouc entre les deux ventaux comme pour mieux entendre le bruit des rails.C'est alors que j'ai pensé à Alexienne Winterstein , à Raymond Gurême, tous deux rescapés des camps d'internement. Peut-être ont-ils plaqué l'oreille eux aussi contre le poste , peut-être y ont-ils cru à cet hommage, à cette reconnaissance de leurs blessures , de leurs humiliations, peut - être ont- ils plaqué l'oreille comme ce petit garçon contre la porte de leur caravane ou de leur mobil-home pour écouter le bruit de l'histoire quand elle sort des rails.
Dans la librairie Gilbert, rue de la barre, j'ai croisé Charles Juliet. Nous nous sommes embrassés, nous nous sommes rappelé notre dernière rencontre au bal des Ardents... mais non c'était à l'anniversaire de Pandora en novembre dernier... Vous écrivez toujours en poésie? Oui, toujours, il le faut... Il attendait de régler ses achats, pas de livre mais une brassée de grandes enveloppes blanches.
Il y a des jours qu'on glisserait bien dans une grande enveloppe sans destinataire mais Raymond Gurême s'avance vers moi , comme ce soir de novembre 2014 à Lyon.Il ressemble à clown triste, il a l'age de mon père encore vivant.Je suis émue de le rencontrer pour la première fois. Il me montre les cicatrices qu'il a gardées de ses fuites à travers les barbelés de plusieurs camps d'internement. Son incroyable sourire, je le retrouve dans ce portrait unique réalisé par la photographe Jeannette Gregori dont je salue au passage le très beau travail .
( http://www.jeannettegregori.com/galerie/?album=8&gall...
©jeannettegregori
Si nos voix meurent un jour
On accusera le vent
Et les larmes de la terre
ne seront pas les nôtres.
A Raymond Gurême
Alexienne Winterstein m'a inspiré le personnage principal De N'entre pas dans mon âme avec tes chaussures. paru en 2013 aux éditions Liana Levi.
Tendres pensées vers elle et sa dynastie
17:50 Écrit par Paola Pigani dans Des livres, Poésie, Voyage | Lien permanent | Commentaires (3) | Tags : charles juliet, montreuil bellay, raymond gureme, interdit aux nomades, internement des tsiganes, n'entre pas dans mon ame avec tes chaussures, internement des nomades tsiganes, paola pigani, jeannette gregori
15 octobre 2016
A découvrir
Il faudrait aller
Jusqu'où la ville
Ne reteint plus ses eaux
Marcher
Jusqu'aux confins des fatigues
Nous évider le cœur
Descendre au plus profond
Où les mots n'ont plus cours
Attendre que ça revienne
Le grand soleil dans la tête
Paola Pigani , Le coeur des mortels
22:46 Écrit par Paola Pigani dans Poésie, Voyage | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : gilles vugliano, paola pigani, voreppe, livresavous, le cœur des mortels
14 octobre 2016
Ossip
©valentinsimonkov
Je suis revenu dans ma ville familière jusqu'aux sanglots,
Jusqu'aux ganglions de l'enfance, jusqu'aux nervures sous la peau.
Ossip Mandelstam
20:23 Écrit par Paola Pigani dans Poésie, Voyage | Lien permanent | Commentaires (2) | Tags : ossip mandelstam, simonkov valentin
12 octobre 2016
Avec les mots
Il faut aller loin avec les mots parce qu’ils appartiennent aux hommes.
Christian Viguié
17:11 Écrit par Paola Pigani dans Poésie | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : viguié
11 octobre 2016
Tout du long
Je suis content d'aimer les fleuves
de les aimer tout du long en remontant
jusqu'à leur source.
d'aimer tout ce qui m'accroît.
Ray Carver
16:25 Écrit par Paola Pigani dans Poésie, Voyage | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : raymond carver, poésie
10 octobre 2016
Pauvre fille ma ville
©paolapigani
14:31 Écrit par Paola Pigani dans Poésie | Lien permanent | Commentaires (0)
07 octobre 2016
Evaristo 2
Ce qui soulève la terre et les astres
Cette aube dans le ciel déchiré
Ce feu qui prend aux chimères
Ne crains pas cette lumière qui t’étreint
Dépose ta coupe pleine
Entre l’effroi et la beauté
Ami tu n’as rien perdu de la vie
Quitte à présent la floraison des ténèbres
Va d’un pas égal
Entre ton enfance de berger et le grand horizon pâle
Où tu as ta demeure
Dépose une poignée d’amandes et d’olives
Tes leçons de l’exil
Toi qui réfugié demandais des espadrilles Pour traverser l’innommable
Tu n’es plus l’étranger de personne.
Texte publié dans le numéro 65 de la revue Le Croquant 2010
11:35 Écrit par Paola Pigani dans Poésie | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : evaristo
05 octobre 2016
Se faire un sang d'arbre
17:18 Écrit par Paola Pigani dans Poésie | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : piet mondrian
03 octobre 2016
Adeus
La portière est resté ouverte
depuis longtemps
Un olivier est entré
S’est installé sur la banquette avant
La voiture échouée là
Entre le poulailler et le champ de figuier
N’a rien gardé de l’homme en allé
Fleur au fusil
Ce jour d’avril 1974
Il n’est pas revenu
Le vieil olivier a tendu un bras
A tendu la main du révolutionnaire
A présent ses racines
Sentent la tôle rouillée
Et la fiente de poules
11:20 Écrit par Paola Pigani dans Poésie, Voyage | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : revolução dos cravos