16 juin 2015
Camarades
©Gilbert Brun
Le poète
Il a beau plonger sa main dans les ténèbres,
sa main ne noircit jamais. Sa main
est imperméable à la nuit. Quand il s'en ira
(car tous s'en vont un jour), j'imagine qu'il restera
un très doux sourire en ce bas monde,
un sourire qui n'arrêtera pas de dire "oui" et encore "oui"
à tous les espoirs séculaires et démentis.
Yannis Ritsos
21:02 Écrit par Paola Pigani dans Poésie | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : gilbert brun, syndicat des poètes qui vont mourir un jour
15 juin 2015
D'une gare l'autre 5
©paolapigani
Il mange du chocolat blanc
sous la verrière
parle de date à fixer
pour la construction du bâti
du coût de la construction hors fluides
est d'accord pour qu'on oublie
le bénef sur les pizzas
et qu'on ait un meilleur espace de vente
avril est traite sur Paris
le chocolat fond dans la main droite
de l'homme tout en noir
tendu vers ses objectifs
un peu de rêve gâté entre les doigts
20:45 Écrit par Paola Pigani dans Poésie, Voyage | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : gare de lyon
14 juin 2015
Pour le reflet d'un oiseau
C'est une chanson triste
qui reste collée au carreau
de la maison des fous
l'oiseau, la rivière, les galets
portent l’absence entre les murs
On ne sait ce qui se tait de la douleur
ou de la mémoire
C'est à lire, à voir
dans la langue de l'enfant
qui fait de grands signes d'oiseau aux siens.
Brigitte Baumié fait partie du syndicat des poètes qui vont mourir un jour. Elle interprète magnifiquement la langue des signes et donne une chance à tous les silences, à la poésie.
loin
la vie
laissée sur le pas de la porte
les fous sont assis sur les marches
comme des enfants
Brigitte Baumié Pour le reflet d'un oiseau Editions Color Gang
©paolapigani
13:27 Écrit par Paola Pigani dans Poésie | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : brigitte baumié, syndicat des poètes qui vont mourir un jour
13 juin 2015
Beau soleil sur nos caveaux futurs
©paolapigani
et vous
lisez-vous autre chose dans les musiques de ce temps
ah beau soleil de nos caveaux futurs
debout en sang et or
en immense fleur des morts
au bout de tous nos horizons
d’homme-blanc-cultivé-hétérosexuel
usés et massacrés
Jean Pérol A part et passager Editions de la Différence
13:42 Écrit par Paola Pigani dans Poésie, Voyage | Lien permanent | Commentaires (2)
11 juin 2015
Vivre
©paolapigani
08:31 Écrit par Paola Pigani dans Poésie | Lien permanent | Commentaires (0)
01 juin 2015
Mordre la poussière du soir
rues brisées des bulldozers
à la verticale des quartiers
langage coléoptères des répondeurs
qui rendent fou au milieu des ténèbres
et palabres dans les cages d’escalier
araignées du matin jusqu’au soir
et s’embrassent dans les sous-sols
route des filles
battements de tambour du cœur
chemin de nuit en face
bruits de pas sur le gravier
mordre la poussière du soir
quand l’incendie au crépuscule
brûle leurs lèvres
Henri Brosse
22:35 Écrit par Paola Pigani dans Poésie | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : henri brosse
21 mai 2015
Sans titre
Ignorant quand l'aube viendra,
J'ouvre toutes les portes.
Emily Dickinson
21:42 Écrit par Paola Pigani dans Poésie | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : emily dickinson
17 mai 2015
Des œufs durs
Sur le relevé du compteur d'eau
Tu écris un poème pendant que cuisent 4 œufs dans l'eau bouillante
10 minutes dans ta vie qui partent en vapeur d'eau
te font une musique dans la tête
Un bruit de flot dans une casserole de 19 centimètres de diamètres
Si tout va bien, comme d'habitude
L'eau va déborder
La danse des œufs se poursuivre au delà du raisonnable
Tu lorgnes le sablier d'un œil noir
Tu as l'impression d'avoir un tireur d'élite
Là dans un coin de la cuisine
Tu retournes le sablier
Cinq minutes encore
Personne n'a tiré sur toi
Personne n'en veut au temps que tu perds
Encore cinq minutes pour écrire
Ce qui fait qu'aujourd'hui
tu tiens debout
Le chant de quel oiseau
La pluie sur les carreaux
La faim au ventre
Ce refrain de Pino Danièle
Tes ongles ta mémoire
À recouvrir de nacre
Cette phrase de Scuternaire
La passionnante éternité d'une journée
Cette crème que tu parfumes à la fève tonka
Un littoral qui t'attend
18:00 Écrit par Paola Pigani dans Poésie | Lien permanent | Commentaires (0)
09 mai 2015
Ladra
Une pie
laisse tomber son petit cri dans ma tête
et une brindille à mes pieds
je la ramasse et l'emporte
c'est moi la voleuse
20:22 Écrit par Paola Pigani dans Poésie | Lien permanent | Commentaires (0)
02 mai 2015
Les bohémiens au XIX ieme siècle
« (…) Je me suis pâmé, il y a huit jours, devant un campement de bohémiens qui s’étaient établis à Rouen. – Voilà la troisième fois que j’en vois – Et toujours avec un nouveau plaisir, l’admirable, c’est qu’ils excitaient la haine des bourgeois, bien qu’inoffensifs comme des moutons. Je me suis fait très mal voir de la foule en leur donnant quelques sols – et j’ai entendu de jolis mots à la Prud’homme. Cette haine-là tient à quelque chose de très profond et de complexe. On la retrouve chez tous les gens d’ordre. C’est la haine que l’on porte au Bédouin, à l’Hérétique, au Philosophe, au solitaire, au Poète – et il y a de la peur dans cette haine. Moi qui suis toujours pour les minorités, elle m’exaspère – il est vrai que beaucoup de choses m’exaspèrent. Du jour où je ne serais plus indigné, je tomberais à plat, comme une poupée à qui on retire son bâton (…) »
Gustave Flaubert
Lettre à Georges Sans du 12 juin 1867
Correspondance, éd. de la Pléiade, tome 5 pp 653-65
15:51 Écrit par Paola Pigani dans Poésie, Voyage | Lien permanent | Commentaires (2)