13 mars 2018
La stupeur oubliée de vivre
(...)
chaque chambre est le centre du monde,
est la première nuit, le premier jour,
le monde naît lorsqu’elle et lui s’embrassent,
goutte de lumière aux entrailles transparentes
la chambre comme un fruit s’entr’ouvre
ou éclate comme un astre taciturne
et les lois rongées par les rats,
les grilles des banques et les prisons,
les grilles de papier, les fils de fer barbelés,
les timbres, les épines et les piquants,
le sermon monocorde des armes,
le scorpion mielleux à barrette,
le tigre à gibus, président
du Club végétarien et de la Croix-Rouge,
l’âne pédagogue, le crocodile
jouant au rédempteur, le père des peuples,
le Chef, le requin, l’architecte
de l’avenir, le cochon en uniforme,
le fils préféré de l’Eglise
qui lave sa noire denture
avec de l’eau bénite et prend des leçons
d’anglais et de démocratie, les parois
invisibles, les masques pourris
qui séparent l’homme des hommes,
l’homme de lui-même,
s’écroulent
pendant un instant immense et nous entrevoyons
notre unité perdue, la détresse
d’être, la gloire d’être encore,
le partage du pain, le soleil, la mort,
la stupeur oubliée de vivre
(…)
Octavio Paz
Mexico, 1957
Traduit de l’espagnol par Benjamin Péret
23:04 Écrit par Paola Pigani dans Poésie | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : octavio paz
12 mars 2018
Perfusions poétiques
De retour de la fête du livre de Bron où j'ai croisé Rimbaud par la voix de Jacques Bonnafé ( et quelques minutes son accent ardennais pour mieux extirper le poète de ses terres noires)
j'ai croisé Robert Desnos par la voix de Gaëlle Nohant qui lui a consacré un très beau roman Légende d'un dormeur éveillé,
J'ai croisé La folie d'Alekseyev mise en espace en voix et en musique par saint Octobre et David Champey pour donner encore plus de force au texte magnifique de Jean- Baptiste Cabaud dont j'avais parlé ici en novembre dernier.
Et puis le bonheur de rencontrer pour la première fois Milena Agus grâce à qui j'avais envoyé par la poste mon premier roman à notre éditrice commune, Liana Levi...
Après de telles perfusions poétiques , j'ai trouvé belle la pluie sur le pare-brise et j'ai dormi debout toute la nuit...
13:57 Écrit par Paola Pigani dans Des livres, Poésie | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : bonnafé, rimbaud, desnos, milena agus, liana levi, jean baptiste cabaud, gaëlle nohant, david champey, saint octobre
03 mars 2018
Mon œil
Sachez , formes
Ramener toujours le fond
Interstellaire
Guillevic
15:27 Écrit par Paola Pigani dans Mon oeil, Poésie | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : guillevic ouvrir
28 février 2018
Champs avec vue
Ne t’inquiète pas
Des longues étreintes
De l’hiver
Ni l’eau des fontaines
Ni les oiseaux
N’ont figé leur chant
Aux quatre vents
De ta mémoire
De tes racines à ta nuque
L’amour monte
15:18 Écrit par Paola Pigani dans Poésie, Voyage | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : charente
26 février 2018
Prier
21:58 Écrit par Paola Pigani dans Poésie | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : franco battiato, prier
16 février 2018
Puisatier
Ton cri lancé dans le puits
revient chanter
Ta gorge est chaude
14:26 Écrit par Paola Pigani dans Poésie | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : chavagnac, charente
01 février 2018
Ardeur
L’anthologie du 20ème Printemps des Poètes établie par Bruno Doucey et Thierry Renard. En collaboration avec l’Espace Pandora.
En librairie le 1er février 2018
Le mot de l’éditeur : A comme Allumette, B comme Brûlure, C comme Colibri, R comme Rage, S comme Soleil, W comme Watt… En 2018, c’est sous la forme d’un abécédaire que se décline l’anthologie du 20ème Printemps des Poètes consacrée au thème de l’ardeur. D’où viennent-ils, les 90 poètes que mon ami Thierry Renard et moi-même avons convoqués pour une fête de la vitalité créatrice ? De tous les territoires où la vie fait entendre son chant avec entrain, avec fougue, élan, désir, conviction, résistance. De ces lieux où la passion se fait brûlure. Où l’on aime à en perdre la raison. Où l’on parcourt le monde avec une vigueur contagieuse. Qu’on ne s’étonne pas de voir la majeure partie de ces poètes appartenir au domaine contemporain : c’est d’une énergie bien trempée dont nous avons aujourd’hui besoin. Pour vivre mieux et vivre plus. Pour tenir dans la tempête. Pour rester en éveil. Écoutez-le : ce cœur qui bat au cœur du monde, c’est le nôtre.
Parmi lesquels : Capitaine Alexandre, Maram al-Masri, Samantha Barendson, Claude Ber, Zéno Bianu, Alain Borer, Katia Bouchoueva, Marion Collé, Jacques Darras, Flora Devatine, Ananda Devi, Nassuf Djailani, Hélène Dorion, Patrick Dubost, Vénus Khoury‑Ghata, Aurélia Lassaque, Jean-Pierre Lemaire, Yvon Le Men, Emmanuel Merle, Rita Mestokosho, Laure Morali, Nimrod, Pasolini, Anthony Phelps, Paola Pigani, Marc Porcu, Seghers, Jean-Pierre Siméon, Frédéric Jacques Temple, André Velter, Paul Wamo…
Extrait :
Le monde est en feu, je l’aime
’
Amour libre
Rage de vivre
Danse poignardée de lumière
Etincelle dans la neige
Un orage précoce
Roulant soudain tonnerre
Acrostiche réalisé à partir de fragments de poèmes de : Ronny Someck, Ernest Pépin, René Depestre, Caroline Boidé, Hélène Cadou, James Noël, Pef.
Collection : Tissages
Pages : 256
Prix : 19 €
ISBN : 978-2-36229-167-8
09:35 Écrit par Paola Pigani dans Des livres, Poésie | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : ardeur, capitaine alexandre, maram al-masri, samantha barendson, claude ber, zéno bianu, alain borer, katia bouchoueva, marion collé, jacques darras, flora devatine, ananda devi, nassuf djailani, hélène dorion, patrick dubost, vénus khoury‑ghata, aurélia lassaque, jean-pierre lemaire, yvon le men, emmanuel merle, rita mestokosho, laure morali, nimrod, pasolini, anthony phelps, marc porcu, seghers, jean-pierre siméon, frédéric jacques temple, andré velter, paul wamo…
25 janvier 2018
Retour en ville
Le soleil rage contre la vitre
Les mots sont injustes et désœuvrés
Les phrases vastes comme les hanches
De la femme engloutie
Elle pleure de la rue qui la berce
Elle rit de la peur qui la perce
Les mots sont injustes et désœuvrés
Ils rampent et emportent leur fortune
Jusqu’aux lieux ambitieux du sommeil
12:06 Écrit par Paola Pigani dans Poésie | Lien permanent | Commentaires (0)
05 janvier 2018
Ecrire dans les pas d'un autre
J'apprends l'effort, le puits, la colline et le thym.
Le vent et les bêtes sauvages coulent devant ma porte. Le feu de bois exige un très long souffle humain.
Luc Bérimont
20:22 Écrit par Paola Pigani dans Poésie, Voyage | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : luc bérimont, charente
04 janvier 2018
Lichen
Je découvre
Le bal des buis
Leurs accolades
Des murs doux comme des corps endormis
Couverts de mousse verte
J'aimerais avoir les cheveux couleur de lichen
Mais ils sont comme les feuilles de chêne en hiver
Je me fonds dans leur empire.
15:06 Écrit par Paola Pigani dans Poésie, Voyage | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : le grés bas