08 mai 2018
Mère
Sous sa couverture rouge cerise , entre des pages d’un jaune profond et lumineux,découvrez Mère d'Estelle Fenzy, un très beau texte à la fois limpide et coupant comme la glace qui dit l'incandescence et l'effroi de la maternité. Une poésie du vif, de l’ardent qui va au-delà de la chair de la mère pour fouiller dans les tréfonds de l’amour, toutes les menaces, les évidences tendres, le plein de l'être et de l'avoir mêlé à l'idée de la peur, de la perte.
Pas de joliesses dans la phrase. Tout est pesé, clarifié par la force de la parole poétique qui ne s’effraie pas d’un cœur de mère.
Mon cœur bat à rebours.
A tant les caresser les lignes de mes mains se sont creusées.
Les ailes, les plumes, le chant tendre encore. Plus loin pour les inflexions les plus douces.
Etre toute leur vie. Pas pour toujours.
Je suis mère. Je tremble.
Devant les rues à traverse, les marches d’escalier, les bouts de verre cassés. Là où ça coupe, pique, brûle.
Lorsqu’un danger cogne sans bruit sur le doux mur du ventre, moi seule je l’entends.
Il ne faut pas me confondre.
Ni moi, ni ma chair inquiète. Mes frémissements ne sont pas ceux de l’autre amour. Seul le péril me vacille.
Je suis une femme qui tremble.
Je suis mère.
15:04 Écrit par Paola Pigani dans Poésie | Lien permanent | Commentaires (1) | Tags : estelle fenzy, la boucherie littéraire
05 mai 2018
Ciel de Flandre
Les sabots d'un chevreuil dans la boue de l'aube
les tourterelles turques sous mes fenêtres
l'encre tiède des jacinthes
le ciel de Flandre
le défi de vivre
19:59 Écrit par Paola Pigani dans Poésie, Voyage | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : résidence d'écriture, le mont noir, flandre, vivre
29 avril 2018
Le chant des autres
Ne pas nommer les créatures
descendre dans la même gorge
Ici je suis captive heureuse
les oiseaux me tiennent à leur merci
A l'aube déjà
ils m'encordent
je lâche mon fil d'écriture
je dois les écouter
je pourrais les gronder de me déporter ainsi
leur en vouloir
A cause d'eux, je déraille, je déparle, je m'évite, je m'invente
je repars vers une contrée nouvelle en passant par ma contrée de naissance
Les arbres de là-bas étaient égaux dans l'inconnu
Les arbres d'ici, j’apprends à les nommer
Sur mon territoire d'enfance, j'ignorais la limite des mots
Tout pouvait être silence, page blanche.
Ici sur le Mont Noir, je n'ai pas le choix: écrire
Même si le chant des autres est le plus fort..
©d.lampla
23:13 Écrit par Paola Pigani dans Poésie, Voyage | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : villa marguerite yourcenar, le mont noir
20 avril 2018
Dunkerque
La voile est un morceau du port qui se détache
Tu restes là
Tu regardes ce qui s’en va
Quelqu’un chante et tu ne comprends pas
La voix vient de plus haut
L’homme vient de plus loin
Pierre Reverdy
12:04 Écrit par Paola Pigani dans Poésie, Voyage | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : pierre reverdy, dunkerque, la duchesse anne
11 avril 2018
De ma fenêtre
Cette nuit des oiseaux m'ont tiré du sommeil.
Combien étaient - ils , impatients de soleil
dans les séquoias, les hêtres, les chênes?
Au matin, la brume dure jusqu'à dix heures
épaisse comme le silence des près
Il faut attendre la vraie lumière pour libérer l'horizon
et, du Mont Noir apercevoir, disait-on jadis , cinq royaumes :
le royaume des Flandres
le royaume de Belgique
le royaume de Hollande
le royaume d'Angleterre
le royaume des cieux
15:46 Écrit par Paola Pigani dans Poésie, Voyage | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : le mont noir, villa marguerite yourcenar
03 avril 2018
Chocolat
Sur le quai de la gare
Il mange du chocolat blanc
Parle de date à fixer
Du coût de la construction
Hors fluides
Est d’accord pour qu’on oublie
Le bénef sur les pizzas
Et qu’on ait un meilleur espace de vente
Avril est traite sur la ville
Le chocolat fond dans la main droite
De l’homme tout en noir
Tendu vers ses objectifs
Un peu de rêve gâté entre les doigts
15:03 Écrit par Paola Pigani dans Poésie | Lien permanent | Commentaires (0)
01 avril 2018
Qu'attends tu de la mer?
Qu'attends-tu de la mer ?
Qu’elle te porte au-delà de toi ?
Qu’elle te dépose sur un rocher avec son doux placenta d’écume ?
Tu entends le rire des oiseaux d'eau
Tu aimes ce ressac dans ton ventre
Tout chante faux et juste dans le désordre de la vie
Les ombres dansent avec les vagues
Le vent nourrit tes cheveux fous
Ton regard bleu
Tu es vivante sur le sable
Tu es vivante sous le ciel
Tu es vivante en amour
Pour Hadda Djaber
12:47 Écrit par Paola Pigani dans Poésie, Voyage | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : sète, hadda djaber
26 mars 2018
Tsiganes
©jeanlouismathurin
C'était à Sète samedi soir , une belle flambée tsigane avec Hélène Pierre, Hadda Djaber , Diego Meymarian.
Merci à eux d'avoir propagé une fois encore les voix de Cervantes, Garcia Lorca, Mateo Maximoff, Yan Yoors...etc pour nous laisser croire que l'âme tsigane ne s’essouffle pas.
18:21 Écrit par Paola Pigani dans Poésie | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : compagnie leila soleil, diego meymarian, hélène pierre, hadda djaber
19 mars 2018
Là où je marche
07:43 Écrit par Paola Pigani dans Poésie, Voyage | Lien permanent | Commentaires (0)
13 mars 2018
La stupeur oubliée de vivre
(...)
chaque chambre est le centre du monde,
est la première nuit, le premier jour,
le monde naît lorsqu’elle et lui s’embrassent,
goutte de lumière aux entrailles transparentes
la chambre comme un fruit s’entr’ouvre
ou éclate comme un astre taciturne
et les lois rongées par les rats,
les grilles des banques et les prisons,
les grilles de papier, les fils de fer barbelés,
les timbres, les épines et les piquants,
le sermon monocorde des armes,
le scorpion mielleux à barrette,
le tigre à gibus, président
du Club végétarien et de la Croix-Rouge,
l’âne pédagogue, le crocodile
jouant au rédempteur, le père des peuples,
le Chef, le requin, l’architecte
de l’avenir, le cochon en uniforme,
le fils préféré de l’Eglise
qui lave sa noire denture
avec de l’eau bénite et prend des leçons
d’anglais et de démocratie, les parois
invisibles, les masques pourris
qui séparent l’homme des hommes,
l’homme de lui-même,
s’écroulent
pendant un instant immense et nous entrevoyons
notre unité perdue, la détresse
d’être, la gloire d’être encore,
le partage du pain, le soleil, la mort,
la stupeur oubliée de vivre
(…)
Octavio Paz
Mexico, 1957
Traduit de l’espagnol par Benjamin Péret
23:04 Écrit par Paola Pigani dans Poésie | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : octavio paz