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19 juillet 2021

La chaise de Van Gogh sur Terre à ciel

 

Roswitha Guillemin la chaise de van gogh.jpg

©roswhitaguillemin

 

Paola Pigani, La chaise de Van Gogh. La Boucherie littéraire, 2021

Avec ce beau recueil, Paola Pigani rend hommage à son père. Lui, qui a quitté l’Italie à l’âge de vingt ans pour rejoindre le maquis yougoslave, puis la Wallonie, qui a fait mille boulots, avant de finalement s’installer en Charentes pour cultiver la terre et élever des vaches, était de la caste des baraqui, ces immigrés italiens partis travailler en Belgique juste après la guerre.

La chaise de Van Gogh, que Paola Pigani a pu découvrir dans la chambre d’une auberge à Auvers-sur-Oise, où Vincent Van Gogh a vécu ses soixante-dix derniers jours, lui rappelle celle toute simple au dossier cassé sur laquelle son père s’asseyait le dimanche pour trier la ferraille, le cuivre.

Une chaise vide,
le temps immobile à quatre pattes.

Le parallèle entre Vincent Van Gogh et Lino, le père, revient de façon récurrente au cours du recueil. Vincent par les champs avec son pinceau, sa palette de couleurs ; Lino dans les champs avec sa faux, sa charrue, la bête, la herse.

À l’auberge d’Auvers-sur-Oise,
on a gardé la chaise de Vincent Van Gogh.
Passée l’ombre, tout reste vivant.
Lui les blés, toi les blés.
Lui le ciel, toi le ciel.
Lui l’alouette, toi l’alouette.
Lui la tristesse, et toi ?
Il aurait aimé tes colzas.
Il a peint les mangeurs de pommes de terre,
l’obscurité à pleines mains, la terre qui donne.

Parti d’Italie, Lino travailla dans les champs de Flandre, puis cumula divers boulots : jardinier dans un château près de Bruxelles, ferrailleur, orpailleur, vendeur de glaces, récupérateur de pièces de voitures, puis, finalement, agriculteur en Charentes.

À travers ce portrait, Paola Pigani se rappelle d’où elle vient, de ses racines italiennes, de ce père dont elle s’était éloignée plus tard pour vivre sa vie, qui avait tant bourlingué et tout fait avec ses mains. Elle se souvient de son rire, son écriture en fibrilles, sa chemise roulée jusqu’aux coudes, ses échappées rêveuses, ses silences, si rares qu’ils en étaient inquiétants, les photos en noir et blanc qu’il conservait dans son portefeuille, sa vieille deux-chevaux.

Elle se souvient de la ferme familiale en Charentes, des moissons, de l’herbe à arracher, L’orge, l’avoine, le maïs / Jambes nues au milieu.

Et de ce qui resta, après son départ : les arbres, les cosses de haricots blancs, les livres aux couvertures tachées, le costume de mariage, la liste du bétail avec le nom des vaches, la chaise vide.

Mourir en France.
Vos baisers à la terre.
La vie plantée là, même à l’envers.
Du froment, du maïs, du sorgho.
Les couleurs bien en chair pour que gagne la lumière.
Que suffise le ciel sur tant de douleur et de beauté.

 

Valérie Canat de Chisy   sur le blog Terre à Ciel

05 juillet 2021

La chaise de Van Gogh

la chaise de Lino.jpg

 

©paolapigani

 

 

Aujourd'hui, joie de lire cet article dans la revue Décharge

"Paola Pigani « revendique une écriture traversière entre poésie et roman… » Et c’est exactement le chemin qu’elle emprunte dans son recueil où elle raconte la vie laborieuse de son père : paysan-ferrailleur-rieur

Et toute sa propre enfance, à cinq enfants, haute en couleurs et en travail dur et âpre, pour le père, en tant que travailleur immigré italien, rejeté dans des baraquements en Belgique, et traité de « macaroni ». Lino, pas loin du Ventura de L’aventure, c’est l’aventure. Rieur.
Les seaux raclent le ciment, / le camion du laitier réveille les murs. Paysan.
Tu dépèces, décarcasses des voitures, / frigos, machines à laver. / Maman met la salade à laver dans des hublots récupérés… Ferrailleur…

On est déjà à la limite du roman et de la poésie, mais c’est le parallèle avec Van Gogh, et l’exil d’un côté et le blé en commun de l’autre entre pinceau et charrue qui offre le rapprochement le plus flagrant et en particulier la chaise du tableau et celle sous un hangar qui lance le recueil.
Une chaise vide, / le temps immobile à quatre pattes. …

Comme la parabole artistique d’une vie de labeur, loin du pays d’origine. Une belle histoire d’amour, d’une famille et la métaphore parfaite entre l’art et la vie.
Parfois une bâche d’ensilage fait un bout de ciel noir / sur un arbre."


15 €. La Boucherie littéraire : 16 impasse du portail neuf – 84820 Visan.

Lire aussi, à propos de La Chaise de Van Gogh, la chronique du 5 juillet sur le site Libération.

 

 

30 juin 2021

Via ferrata

via ferrata.jpg

 

 

" Si j'étais un homme, le père,
à l'âme taillée par le vent et sans besoin de rien dans les choses,
et avec besoin de tout dans les êtres;
si j'étais un homme, le père,
égal à celui que tu es devenu
assis, les yeux plissés,
peut-être pour la belle éternité aux jambes croisées;
si j'étais un homme, le père,
je me mettrai à nager
dans la rivière ruisselante d'humilité
sur laquelle tu vogues , assis, jambes croisées,
les yeux presque clos.
Je ne peux pas bien dire
ce que je découvrirai.
Quel temps immobile comme le héron. "



Un poète s'adresse à son père, ancien cheminot qui déraille doucement . Tous deux secoués durant le voyage chaotique des souvenirs se rejoignent au dessus du vide , " au bord du bout "

"Le bord du bout
C'est l'endroit où le monde se termine
où le corps s'agenouille devant le précipice,
où le pas en avant n'existe plus
et où si tu te retournes tu es pétrifié.
C'est l'endroit ultime du verbe
qui veut héler l'oiseau de vérité. "

 

Fred Pougeard . Via Ferrata.
Éd Thierry Marchaisse .


Ce texte est d'une beauté à pleurer.

 

 

 

12 juin 2021

Prairie miraculeuse

prairie miraculeuse.jpg

©paolapigani

 

 

 

Coquelicots et bleuets face au cœur marbré de la Part Dieu
Oublier les grues
Fouler les fleurs des champs
Où soleil de juin ne saurait mentir
Depuis toujours
Je traverse des prairies miraculeuses

 

21:35 Écrit par Paola Pigani dans Poésie | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : la part dieu lyon

09 juin 2021

Le marché du poète

16:46 Écrit par Paola Pigani dans Poésie | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : leo ferre, le marché du poète

30 mai 2021

Ce langage muet dans les yeux de ma mère

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Le regard est le premier langage et non pas la parole comme nous pourrions le croire. Dans l'échange, suffit un seul geste, un léger mouvement de tête, un sourire. Un récit naît de ce silence là, de l'absence de mots. S'allume alors la lumière du regard, qui vous repousse ou vous accueille, ces yeux brûlants, cette faim. Cet instant si bref où vous entrez dans le visage de l'autre. De tout temps, j'ai lu ce langage muet dans les yeux de ma mère .

Joël Vernet

Mon père se promène dans les yeux de ma mère. Éd. La Rumeur Libre.

 

26 mai 2021

Prochaine rencontre dans les Cevennes

 

 

 

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Joli festival à saint Ambroix , non loin D'Alés

En compagnie d'Hélène Dassavray, Estelle Fenzy et  Antoine Gallardo

qui tiendra bonne table avec tous ses ouvrages édités par La Boucherie Littéraire.

J'aurais le plaisir de lire des extraits de La renouée aux oiseaux et de la chaise de Van Gogh.

 

 

 

21 mai 2021

Ardennes bis

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©paolapigani

 

 

 Le monde a soif d'amour : tu viendras l'apaiser"

Arthur Rimbaud

Je reviens d'un voyage en adolescence . Retrouvées les émotions ressenties à 18 ans en arrivant à Charleville Mézières ( après un périple en auto stop depuis Angoulême): les quais de la Meuse, les pavés de la place Ducale , la tombe de Rimbaud dans le vieux cimetière ...mais plus étrange a été ce sentiment de gravir seule les escaliers de bois mort menant à l'appartement où il vécut avec les siens , des pièces vides, quelques photos de villes sur le marbre des cheminées, de grands archipels de papier sale sur les murs, la lumière chiche derrière les persiennes...

J'ai poursuivi mon voyage en adolescence à travers des horizons tremblant de blé en herbe, de colza humide...suis allée à la rencontre des élèves des lycées de Somme Vesle, Reims, Rethel,Brière . Embarqués tous ensemble en tsiganie pour un autre voyage avec mon roman N'entre pas dans mon âme avec tes chaussures.

Nos voix, nos regards ont traversé toutes les voiles de papier pour aller plus loin dans l'histoire, le métier d'écrire...
Échanges passionnants rendus possibles grâce à la préparation  et l'accompagnement de Caroline Oudart, Sophie Gimenez d'Interbibly, les professeurs et documentalistes et bien sûr les jeunes que je remercie chaleureusement de donner du sens à mon travail.

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10 mai 2021

Mes Charentes

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©paolapigani

 

 

Qu'importe si le ciel de mai prend des allures d'automne,
On répète la leçon du vent et de l'océan :
Il n'y a pas de vie immobile qui tienne.

 

 

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©paolapigani

 

20:47 Écrit par Paola Pigani dans Poésie, Voyage | Lien permanent | Commentaires (0)

25 avril 2021

revolução dos cravos

677910796.jpg©paolapigani

 

 

 

 

la portière est resté ouverte

depuis longtemps

un olivier est entré 

s’est installé sur la banquette avant

 

la voiture échouée là

entre le poulailler et les  figuiers

n’a rien gardé de l’homme en allé

 fleur au fusil

ce jour d’avril 1974

 

le vieil olivier étend ses branches

où s'agite encore

la main du révolutionnaire.

 

Inédit

 

 

 

09:15 Écrit par Paola Pigani dans Poésie | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : portugal, révolution des oeillets