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23 mars 2020

Ronde

philippe soupault,pandémie,rire jaune

©paolapigani

 

 

 

RONDE

Quel est celui d'entre vous
qui rira le dernier
Quel est celui d'entre nous
qui mourra le premier

Qui est le plus bête de nous tous
est-ce moi est-ce lui est-ce vous
Qui est plus sage ou plus fou
ce n'est ni moi ni surtout vous

Rira bien qui mourra le dernier
Tout sera à recommencer
Mourra bien qui naîtra le premier
Il faut quelqu'un pour commencer

Philippe Soupault

20 mars 2020

L'étreinte du monde

 

J'écoute la voix d'une jeune chanteuse  En cavale qui porte un nom de fruit... Parmi les cadeaux de lecteurs, je puise Je suis les pas du chat noir d'Anouar Brahem, une voix, des musiques qui irriguent  les membranes du cœur, des poumons, dilatent le temps immobile.

J'oublie les murs, le virus que je ne veux plus nommer.

J'ouvre les fenêtres et les livres oubliés.

Je relis L'étreinte du monde d'Abdellatif Laâbi.

 

Regarde mon amour

ce monde qui s'écroule

autour de nous

en nous

serre bien ma tête contre ta poitrine

et dis- moi ce que tu vois

Pourquoi ce silence?

Dis- moi simplement ce que tu vois

Les étoiles contaminées tombent-elles

de l'arbre de la connaissance

Le nuage toxique des idées

nous submergera-t-il bientôt?

 

 

l'étreinte du monde,abdellatif laâbi.

©paolapigani

 

 

 

Je vous souhaite un printemps inexorable.

Pablo Neruda

 

 

19 mars 2020

Rejouer l'enfance

arbres d'hiver.jpg

 

 

 

Chez les arbres l'encre est une maladie,

un suintement à la base du tronc,

d'où s'écoulent des filaments obscurs.

L'arbre meurt.

La nuit aussi remonte sur les vitres,

le jour dévasté ressemble aux ruines

d'une âme surprise par le temps.

 

Il faut rejouer l'enfance, courir avec ce chien

immortel jusqu'au bout du champ,

hésiter devant la barrière de bois,

l'inaccessible de quelques secondes.

Il faut regarder l'Ouvert, fidèle et nu,

qui attend qu'on franchisse encore la barrière.

 

Au milieu des terres vastes et veuves

sur les pas forcés des exils,

l'engloutissement des noms, l'absence des tombes,

où est l'Ouvert?

dans les regards en allés sous le bois de la barrière,

dans les enfances en poussière

qui parfois se relèvent.

Emmanuel Merle, Tourbe. Alidades création.

 

 

 

 

11:25 Écrit par Paola Pigani dans Poésie | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : emmanuel merle, tourbe. alidades création.

18 mars 2020

Et toujours les oiseaux

 

oiseaux.jpg

©paolapigani

 

 

 

Mon  laissez passer  dans le sac à dos,

je croise les clandestins

qui comme moi arpentent les rues

les yeux en l'air.

La ville est un grand corps vidé pourrait-on croire,

pas encore...

Corbeaux et corneilles se font entendre plus fort,

fichés dans le bleu du ciel  

comme des sentinelles aux aguets.

 

©paolapigani

 

 

 

Je vous souhaite un printemps inexorable.

Pablo Neruda

11:23 Écrit par Paola Pigani dans Poésie, Un printemps inexorable | Lien permanent | Commentaires (0)

16 mars 2020

Ménage de printemps

 

 

Robes désoleillées de l'été dernier

flacons de sable et de terre

d'Arménie, du Vésuve, du Niger, ocres de Rouissillon, fleurs de sel de la Ria Formosa

dents de lait de plusieurs enfances

traînes de parafines des lumières d'hiver

chaussettes et poèmes dépareillés

lianes sèches du chévrefeuille

poussière des livres oubliés

traces de doigts sur les carreaux

par où commencer?

Où finir?

 

 

 

©paolapigani

 

 

 

Je vous souhaite un printemps inexorable.

Pablo Neruda

 

12:17 Écrit par Paola Pigani dans Poésie, Un printemps inexorable | Lien permanent | Commentaires (0)

Entre les eaux de Venise, de Charente et nos rues

Les italiens chantent " Bocca Corona" con la mascherina

A Venise, ils redécouvrent des poissons dans les eaux clarifiées de la lagune .

Dans ma ville endormie, un chibanis traverse la rue un sac de galettes à la main, hâte le pas en diagonale, jusqu'au  ras de  mon vélo. Sur le trottoir, des gars  cognent leur canette de bière et trinquent.

L'un d'eux semble attendre la mariée du jour, un énorme bouquet de fleurs blanches sur son sac à dos.

Ils parlent peut-être de cette bienvenue- malvenue qui va faire les rues désertes et les oboles impossibles.

Antoine Gallardo m'envoie une photo de Charente où j'étais en février entre Blanzac et Barbezieux .

 

Je vous souhaite un printemps inexorable.

Pablo Neruda

la charente par Antoine Gallardo.jpg

©antoinegallardo 

 

 

 

 

 

A Blanzac la rivière  Né  s'écoule entre les pierres 

Sous le toit du vieux lavoir

Les araignées ne tissent plus de rêves fous

Au sommeil des lavandières

Leur dentelle froide dans la lumière de février

 

15 mars 2020

Allégorie de la folie

photo de Gilles Vugliano Antonio Corradini.jpg©gilles vugliano

 

 

 

 

 

 

Il a manqué un peu de lumière

Un  peu d'eau à sa bouche

De la pierre à ton visage

 

Il a voulu te draper de lui-même

Que s'écoule son regard

Sur la surface diurne de ton être vivant

 

De tes épaules à ton nombril

Qui a frémi ?

Toi ou une autre?

 

Il t'a semblé pourtant qu'un pan de ciel

 Se posait sur ton corps transparent

Une pesanteur nouvelle

 Un  murmure de source sanguine

 

Tu as glissé de l'ombre 

Puis de ta chair invisible

Jusqu'au seuil  de la folie

Où Dieu s'est  enfui

 

©paolapigani

 

 

14 mars 2020

Une forêt en marche

 

Le ciel s'éclaire doucement à la fenêtre. Les médias, les consignes, injonctions des pouvoirs publics, leur martèlement ne couvrent pas encore tout à fait le chant d'une tourterelle à 8h, ne  réussiront pas à faire que ce printemps soit captif. Il nous reste nos jambes, il nous reste nos yeux, notre faim, notre soif, les grandes et  minuscules preuves du vivant.

Depuis ce matin, je suis une forêt en marche. Des arbustes, des surgeons, de mes poèmes se sont dépliés.  Vendredi avant qu'ils apprennent la fermeture de leur école en Auvergne, pour une durée indéterminée, des enfants m'ont offert un livre  composé de leurs textes et photos de leur danse en forêt. Je n'ai  pu  recueillir ce cadeau magnifique à pleines mains ( La semaine de la poésie étant annulée , vous pouvez cependant sur le site découvrir les poèmes des auteurs invités http://lasemainedelapoesie.assoc.univ-bpclermont.fr/ ).

Je les regarde en pensée, au présent de l'envie et partage  quelques extraits :

 

Je suis un arbre

Le vent violent me secoue

L’automne approche de mes feuilles

Toutes douces

Lentement je me couche

Joseph

 

Tronçonneuse

Scie

Hache

Aïe

Ma sève coule j'ai mal

Sacha

 

Je suis un arbre

Brillant

Je suis le coucher du soleil

L’arbre des dieux

Lilian

 

Je suis un arbre

Sac à patates

Gros

Je suis serré

Dans mes petites lumières

Léa

 

Je suis un arbre

Mes feuilles se secouent

La musique tombe

Neyssa

 

Je suis un arbre

Qui marche

Qui marche dans les prés

Qui marche dans les jardins

Qui marche dans la forêt

Je cherche un temple

Paul

Ils font sauter les mots comme des cordes à jouer, ces poètes de moins de 7 ans avec leur langue des commencements, sans arrière pensée. Avec leurs syllabes à bonheur, ils  jouent à être des arbres. Ils s'habillent d'écorces de papier canson ou de crépon, de sacs à patate, écrivent les mots de leurs métamorphoses. Ils prennent part au printemps des poètes avec leur enseignante Catherine.

Mille merci pour leurs flocons de joie sur ces jours de mars.

Ce soir après avoir attendu que le soleil renverse son écuelle derrière la vieille bâtisse de l'hôpital, j'entre dans la danse des arbres. Ma tristesse en tombe de fatigue. Je cherche un banc pour profiter des derniers rayons de chaleur; j'attends que la corneille posée là, me cède sa place.

 

Je vous souhaite un printemps inexorable

Pablo Neruda

11:04 Écrit par Paola Pigani dans Poésie, Un printemps inexorable | Lien permanent | Commentaires (0)

09 mars 2020

Sobre el cielo verde

 

 

 

 

 

 

Sobre el cielo verde, un lucero verde 
¡¿qué ha de hacer, amor, 
¡ay! sino perderse 

Las torres fundidas con la niebla fría, 
¿cómo han de mirarnos con sus ventanitas? 

Cien luceros verdes sobre un cielo verde, no ven a cien torres blancas, en la nieve. 

Y esta angustia mía para hacerla viva, he de decorarla con rojas sonrisas. 

 

Federico Garcia Lorca

 

16:52 Écrit par Paola Pigani dans Musique, Poésie | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : federico garcia lorca, nilda fernandez

08 mars 2020

Femmes

 
 
La parole qu'elles expirent de leurs entrailles
respire ce monde nouveau
inspire le respect
 
Hélène Dassavray. Made in woman, la Boucherie littéraire
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
Présenté le 5 mars  en avant premiere à l'Institut Lumière en présence du réalisteur Juan Solanas , ce film est une bombe d'espoir pour les femmes d'Amérique Latine , de Pologne , de certains états américains...ETC
Puisse cet etc   être vite pulvérisé...