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14 août 2012

Outre le bleu

 

 

 

Outre le bleu

Avant les mots

Avant les yeux ouverts

Le ciel

C’est toujours

Pour ceux qui naissent

 

L’air des vivants

Monte et descend

 

Le seul voyage

 

 

Après les mots

Outre le bleu

 

Si je meurs

Je veux

Un ciel

Blanc de février

 

Le vol d’une alouette

Si je demeure

 

 Paola Pigani

 

 

 

 

 

 

 

 

 

12:23 Écrit par Paola Pigani dans Poésie | Lien permanent | Commentaires (0)

09 août 2012

Les mécaniques

 

 

 

Entre prose lyrique et quatrains d’enfer, les mécaniques de Jean Baptiste Cabaud nous emportent au delà de l’urbain, au delà de l’humain où un ciel de lune (…) en tout lieu est menacé de ce que l’homme jamais ne relève la tête. Le poète part en campagne, laissant derrière lui une chambre bleue, usée de silence et de pénombre, de multiples villes  dans une drapure de brouillard, non sans réclamer, pourrait-on croire un bon verre ou vers  pour la route :

 Un dernier un ultime

Un mot suivi d’un autre

Et m’étoiler dedans

On croise avec lui des bergères au pied des balançoires, un capitaine qui n’a jamais pris le large mais tangué tant et plus dans les rues de Lyon, un dandy nommé Nino Ferrer, allongé au sol du sud sous des cèdres bleus, des souvenirs d’amour ou d’amitié qu’il a fallu laisser car il faut partir encore l’espace est si grand /parcourir encore  le temps est si long

A tu et à toi avec la mélancolie, J.B. Cabaud  ne craint pas cependant de parler  ni des arbres ni des oiseaux, ces grands déserteurs de la poésie contemporaine. Il ne veut pas pas renoncer au monde même dans ce bruit de verre brisé d’une jeunesse écriée plutôt que pleurée.

Et qui renait de qui

Quand le vin se dissipe ?

L’eau métamorphosée

N’engloutit plus personne

Au fond d’une rivière

Où je m’étends en croix

Demi-corps envasé

Envasé mais christique

Ici est la magie

Insolente et cachée

Dans le pouvoir du verbe

Et du pain et du vin.

On devient lyrique des lors que la vie à, l’intérieur de soi palpite à un rythme essentiel nous disait Cioran. Avec Jean Baptiste Cabaud, jeune poète bien vivant, nous sommes dans le tempo et le lyrisme d’une génération que semblent vouloir défendre les éditeurs d’A plus d’un titre;

 

Paola Pigani

 

 

Jean Baptiste Cabaud

Les mécaniques  éditions  A plus d’un titre

 

 

 

jean baptiste cabaud

12:46 Écrit par Paola Pigani | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : jean baptiste cabaud

13 juillet 2012

Maison Natale

 

Maison natale, j’arpente à mon tour ce lieu profond et exigu, ce lieu qui fut mien, ces frontières tremblantes entre l’intime et l’inconnu, ce lieu où rien ne s’efface, où les objets se dédoublent, porteurs de plusieurs vies. Les murs, les meubles qui s’useront à vouloir s’éterniser, qui s’éterniseront à vouloir retenir, alourdir, punir le pas de qui n’ose vivre au delà. Et pourtant… Maison natale où le monde pénètre un jour à la faveur d’un inconnu, voûté au parler épais comme les mogettes confites dans leur jus d’ail et de tomates, qui fera trembler les murs pour la première fois, où le monde pénètre un jour à la faveur d’un orage qui fera pleurer le ciel sous la porte, où le monde pénètre un jour à la faveur d’une première neige, où le seuil enseveli donnera l’illusion d’un tapis volant posé là pour le premier voyage. Maison natale. Peut-être n’est-elle en lieu sûr que dans ma mémoire à présent et pourtant, encore là-bas, encore ailleurs parce que se sont échappées d’elle plusieurs enfances. Elle, la maison sur le sol, la maison sur la terre, la maison sur la France, la maison ouverte un jour à des étrangers sans destin. Qu’a-t-elle porté, qu’a-t-elle embrasé ?Un homme, une femme tenant chacun la poignée d’une malle en bois, quelques draps brodés, des vêtements et  la pauvre étoffe des rêves qu’on ne déclare pas à la douane , le ciel de là-bas, les voix en allées, les moissons futures, les enfants à venir…Maison nerveuse et mouvante, flamme nous léchant le visage et les mains après chaque chagrin, après chaque défaite. Maison vertébrée, maison osseuse et pourtant ventre de la baleine. Maison à tu et à toi avec tous les visiteurs. Maison désordonnée et fébrile comme l’amour. Maison de baraqui, sol de ciment, âpre aux pieds nus des enfants, eau chaude à inventer, carreaux fêlés parfois, murs penchés. Maison fardée de suie et de jasmin à la fenêtre. Maison bossue et bienheureuse. Je ne me revois pas entrer pour la première fois, j’y suis née ou presque. Je n’ai pu qu’en sortir un jour, un instant sur le seuil. L’orage latent, le ciel obscur s’étaient emparés de moi jusqu’au frisson. J’avais sept ans, je me suis assise devant la porte, j’ai attendu, respiré ce dehors qui se révélait soudain non pas comme une délivrance mais une espérance. Ailleurs qui fait trembler les cheveux, les épaules. Ailleurs qui fait tendre les paumes à l’eau du ciel. Et dans le sang, dans la gorge ce lait donné, jamais repris de l’enfance première, de l’enfance derrière, dans le dos, d’où vient la chaleur. Maison  où tout pouvait pénétrer, le vent, le froid, les bêtes, les gens de passage, lumière et misère aussi parfois. Mystérieuse maison fragile de deux siècles. Aucun incendie, aucune tempête pas même celle de 1983, ni celle de 1999, n’auront eu raison d’elle. Elle est restée loyale avec notre mémoire, non pas close, à l’abandon, mais en attente. De loin en loin, nous lui rendons visite, nommons les capucines invisibles sur le muret derrière le puits, la couleur oubliée des volets lavés par les pluies, nous écrasons le nez contre la petite fenêtre, tentons d’apercevoir l’escalier, la cheminée, la peau des murs, le vide, l’enfance nue.


Paola Pigani

 

 

 

13:03 Écrit par Paola Pigani | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : cellefrouin, les casternauds

10 juillet 2012

Auguri per mio Padre

 

Te souvient-il de cet exil ?

 

De ce costume acheté à Bruxelles pour ton alliance avec Demain

Cet accordéon dans tes bagages qui s’ouvrait comme un pain

Pour que le chant des tiens bénisse le voyage

Te souvient-il de cette valise si lourde, emplie de linge

Qu’on avait écarté au vent de là-bas avant la traversée

Diras-tu la langue demeurée  aux confins des fatigues

Ces rayons d’amertume pliés dans ton permis de travail :

« Arbeidvergunning »

Cette maison sans eau où la France t’attendait

La patience inventée comme une prière pour

Croire les yeux grands ouverts

Te souvient-il des premiers rires de tes enfants,

Vendangés dans la lumière de l’amour

Te souvient-il de ces heures promises au labeur

Au creux de tes mains souffrantes

Te souvient-il de ta porte ouverte au plus pauvre que toi

Ce vieux Polonais s’écroulant devant l’âtre

Epuisé de mémoire et de misère blanche

Te souvient-il de l’abîme à la banque qui s’ouvrait comme la bouche Du nouveau –né

Ce lait de la peine que tu lui versais, confiant pour un jour repartir

Te souvient-il des saisons aux cordages serrés, de ton cœur oubliant

L’escarpement de la tâche et des forêts où tu allais couper du bois

Pour acheter nos chaussures et gagner la fierté

Ta vaillance pour qu’ici demeure une clairière où

La vie se confonde avec la bonté de la terre et des bêtes

Te souvient-il de cette tempête de 1999

Dévastant tes arbres, te dénudant aussi

Te souvient-il de ce matin de Décembre  où

Tu as vus leurs racines trembler sous la pluie 

Tu as pleuré ces grands gisants, ces horizons amassés

Comme autant de manteaux contre la peur

Te revois-tu planter ces arbres, penser  l’aurore

A pleines mains pour ne plus voir le soleil mourant sur une ligne

De chemin de fer ni le corps de ton frère effacé

Sous le dernier train du soir

Dans ce lendemain d’épaves grotesques

Le sentiment d’exil s’est posé à nouveau sur tes épaules

Renversant ton regard bien au delà de ton bel âge

 

Paola Pigani

13:11 Écrit par Paola Pigani | Lien permanent | Commentaires (0)

Valmy

©PaolaPiganivalmy,lyon

 

 

Valmy

Mai humide et mutique

L’ouvrier cède sa nuque

A la pluie

L’excavatrice remue la ville

Les roses ne disent pas leur nom

Quand elles s’écorchent

Aux grilles

 et tombent

sur les trottoirs

 

Paola Pigani

 

 

11:30 Écrit par Paola Pigani | Lien permanent | Commentaires (1) | Tags : valmy, lyon

28 juin 2012

Anniversaire

 

 

 

 

Je suis née aujourd’hui

 

 

Je suis née aujourd’hui

J’ai l’âge de la lumière

 

J’ai l’âge de la lumière

Qui descend sur le fleuve

 

J’ai l’âge de la lumière

Qui descend sur le fleuve

 

Qui descend vers la mer

Qui descend vers la mer

 

Qui remonte à tes pieds

 

Je suis née aujourd’hui

J’ai l’âge de la lumière

Qui descend sur le fleuve

Qui descend vers la mer

Qui remonte à tes pieds

 

 

 

 

Paola Pigani Octobre 2011

09:24 Écrit par Paola Pigani dans Poésie | Lien permanent | Commentaires (0)

26 juin 2012

Les temps des cerises

 

pavese,st jean

 

Les étoiles sont vivantes mais elles ne valent pas les cerises que je mange solitaire

Cesare Pavese




Je me tue à tuer le temps

Je n'ai  sur les mains

que le sang des cerises

mangées

sur les pavés de St Jean


Juin 2012 Paola Pigani




09:23 Écrit par Paola Pigani dans Poésie | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : pavese, st jean

08 juin 2012

Daphné Bitchatch

 

Trés belle video   présentant une artiste qui m'est chère Daphné Bitchatch:

 

 

 

 

Il y a toujours chez elle un silence, un ciel à creuser, un en deçà de nous.On ne sait lequel éclate dans son œuvre...

15:03 Écrit par Paola Pigani | Lien permanent | Commentaires (1) | Tags : daphné bitchatch

31 mai 2012

Le puits de Winfried Veit

 

 

 

 

Quittons à présent nos terres

Moins sûres que ce puits

Où nous versons nos regards et nos cris



Faisons ombre commune

La lumière fouette nos yeux, nos visages

Frappés de songe

Nous vacillons

Ne pensons plus aux mots

Qui souffrent de nos voix tues

Quittons ce monde où l’odeur

Des arbres  des forêts

Où la rumeur des villes se sont évanouies

Faisons ombre commune

 

Paola Pigani

 


17:22 Écrit par Paola Pigani | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : winfried veit

19 mai 2012

Retrouvé in La Planche de vivre de René Char et Tina Jolas

Tes étroites épaules sous les coups rougiront,

Sous les coups rougiront, dans la neige flamboieront.

 

Tes mains enfantines souléveront les fers,

Elles soulèveront les fers et tresseront les cordes.

 

Tes pieds tendres, à nu sur le verre,

A nu sur le verre, iront par le sable ensanglanté.

 

Et moi pour toi - comme chandelle noire je brûlerai,

Comme une chandelle noire je brûlerai, interdit de prière.

 

Ossip Mandelstam

11:57 Écrit par Paola Pigani dans Poésie | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : ossip mandelstam