Guillevic 2016linoines la renouée aux oiseaux UA-98678848-1

Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

10 juillet 2012

Auguri per mio Padre

 

Te souvient-il de cet exil ?

 

De ce costume acheté à Bruxelles pour ton alliance avec Demain

Cet accordéon dans tes bagages qui s’ouvrait comme un pain

Pour que le chant des tiens bénisse le voyage

Te souvient-il de cette valise si lourde, emplie de linge

Qu’on avait écarté au vent de là-bas avant la traversée

Diras-tu la langue demeurée  aux confins des fatigues

Ces rayons d’amertume pliés dans ton permis de travail :

« Arbeidvergunning »

Cette maison sans eau où la France t’attendait

La patience inventée comme une prière pour

Croire les yeux grands ouverts

Te souvient-il des premiers rires de tes enfants,

Vendangés dans la lumière de l’amour

Te souvient-il de ces heures promises au labeur

Au creux de tes mains souffrantes

Te souvient-il de ta porte ouverte au plus pauvre que toi

Ce vieux Polonais s’écroulant devant l’âtre

Epuisé de mémoire et de misère blanche

Te souvient-il de l’abîme à la banque qui s’ouvrait comme la bouche Du nouveau –né

Ce lait de la peine que tu lui versais, confiant pour un jour repartir

Te souvient-il des saisons aux cordages serrés, de ton cœur oubliant

L’escarpement de la tâche et des forêts où tu allais couper du bois

Pour acheter nos chaussures et gagner la fierté

Ta vaillance pour qu’ici demeure une clairière où

La vie se confonde avec la bonté de la terre et des bêtes

Te souvient-il de cette tempête de 1999

Dévastant tes arbres, te dénudant aussi

Te souvient-il de ce matin de Décembre  où

Tu as vus leurs racines trembler sous la pluie 

Tu as pleuré ces grands gisants, ces horizons amassés

Comme autant de manteaux contre la peur

Te revois-tu planter ces arbres, penser  l’aurore

A pleines mains pour ne plus voir le soleil mourant sur une ligne

De chemin de fer ni le corps de ton frère effacé

Sous le dernier train du soir

Dans ce lendemain d’épaves grotesques

Le sentiment d’exil s’est posé à nouveau sur tes épaules

Renversant ton regard bien au delà de ton bel âge

 

Paola Pigani

13:11 Écrit par Paola Pigani | Lien permanent | Commentaires (0)

Valmy

©PaolaPiganivalmy,lyon

 

 

Valmy

Mai humide et mutique

L’ouvrier cède sa nuque

A la pluie

L’excavatrice remue la ville

Les roses ne disent pas leur nom

Quand elles s’écorchent

Aux grilles

 et tombent

sur les trottoirs

 

Paola Pigani

 

 

11:30 Écrit par Paola Pigani | Lien permanent | Commentaires (1) | Tags : valmy, lyon

28 juin 2012

Anniversaire

 

 

 

 

Je suis née aujourd’hui

 

 

Je suis née aujourd’hui

J’ai l’âge de la lumière

 

J’ai l’âge de la lumière

Qui descend sur le fleuve

 

J’ai l’âge de la lumière

Qui descend sur le fleuve

 

Qui descend vers la mer

Qui descend vers la mer

 

Qui remonte à tes pieds

 

Je suis née aujourd’hui

J’ai l’âge de la lumière

Qui descend sur le fleuve

Qui descend vers la mer

Qui remonte à tes pieds

 

 

 

 

Paola Pigani Octobre 2011

09:24 Écrit par Paola Pigani dans Poésie | Lien permanent | Commentaires (0)

26 juin 2012

Les temps des cerises

 

pavese,st jean

 

Les étoiles sont vivantes mais elles ne valent pas les cerises que je mange solitaire

Cesare Pavese




Je me tue à tuer le temps

Je n'ai  sur les mains

que le sang des cerises

mangées

sur les pavés de St Jean


Juin 2012 Paola Pigani




09:23 Écrit par Paola Pigani dans Poésie | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : pavese, st jean

08 juin 2012

Daphné Bitchatch

 

Trés belle video   présentant une artiste qui m'est chère Daphné Bitchatch:

 

 

 

 

Il y a toujours chez elle un silence, un ciel à creuser, un en deçà de nous.On ne sait lequel éclate dans son œuvre...

15:03 Écrit par Paola Pigani | Lien permanent | Commentaires (1) | Tags : daphné bitchatch

31 mai 2012

Le puits de Winfried Veit

 

 

 

 

Quittons à présent nos terres

Moins sûres que ce puits

Où nous versons nos regards et nos cris



Faisons ombre commune

La lumière fouette nos yeux, nos visages

Frappés de songe

Nous vacillons

Ne pensons plus aux mots

Qui souffrent de nos voix tues

Quittons ce monde où l’odeur

Des arbres  des forêts

Où la rumeur des villes se sont évanouies

Faisons ombre commune

 

Paola Pigani

 


17:22 Écrit par Paola Pigani | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : winfried veit

19 mai 2012

Retrouvé in La Planche de vivre de René Char et Tina Jolas

Tes étroites épaules sous les coups rougiront,

Sous les coups rougiront, dans la neige flamboieront.

 

Tes mains enfantines souléveront les fers,

Elles soulèveront les fers et tresseront les cordes.

 

Tes pieds tendres, à nu sur le verre,

A nu sur le verre, iront par le sable ensanglanté.

 

Et moi pour toi - comme chandelle noire je brûlerai,

Comme une chandelle noire je brûlerai, interdit de prière.

 

Ossip Mandelstam

11:57 Écrit par Paola Pigani dans Poésie | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : ossip mandelstam

17 mai 2012

Devine

 

Devine

Qui je vois quand tu fermes les yeux ?

Ce n’est pas toi

Qui chante

Ce n’est pas ta bouche

Qui s’ouvre sur le vide

Sur le froid de la pluie

Ce n’est pas toi

Qui marche

Dans l’oblique des rues

Ce n’est pas toi

 Qui tranches les silences

Ce n’est pas toi

Qui ferme la marche des nuages

Ce n’est pas toi

qui tranche chaque question

Entre des lèvres qui sourient

Ce n’est pas toi

Qui danse dans ton ombre

Ni dans la mienne

Ce n’est pas toi

Les jambes prisonnières

Dans ce vieux blues jeans

Ce n’est pas toi

Qui vieillis dans les algues noires de tes livres

Ce n’est pas toi sur le seuil des brumes

Ce n’est pas toi

Qui tend les paumes dans la nuit

Ce n’est pas toi

Qui prie comme on rit

Un noyau tranquille

Au milieu du ventre.

 

Paola Pigani

11:53 Écrit par Paola Pigani | Lien permanent | Commentaires (0)

07 mai 2012

New York

 

Hudson River

Le Columbus traverse les flots

Autour d’Ellis island

Les voix des émigrants

Sont retournées à l’eau

Le pont de Brooklyn

Enjambe le matin calme

Ici New-York

Ici New-York

L’écume aux lèvres

Un quatre mâts sans voile

Stagne devant les grues

De la Freedom Tower en construction

Le ground zéro n’est plus un trou

Au passage du zodiac de la NY Policy

Des pilotis tremblent dans l’eau brune

Les nounous noires de Battery Park

poussent des enfants blonds et muets

Assise au bord de l’Hudson River

Une jeune femme penchée

sur un écriteau de carton

I’m looking for kindness

I’m looking for kindness

I’m looking for kindness

Je cherche la bonté

 

Paola Pigani

 

13:54 Écrit par Paola Pigani | Lien permanent | Commentaires (1) | Tags : new york

24 avril 2012

Roma-Fazzoletto bianco

 

Métro station Anagnanina

Elle se glisse dans le wagon

Elle a 15 ou 16 ans

Et  le monde sur la poitrine

Un gros bébé qui a besoin d’air

Elle souffle sur son visage

Soupire en regardant les voyageurs

Tous lorgnent absents sa silhouette de Rom

A mille autres pareille

Tous dont un élégant cadre au costume impeccable

Qui lui tend son mouchoir blanc en pur coton

Pour éponger l’angoisse du monde.

 

Plus loin Via Margutta

Des jasmins  le long des murs

Mai suave et indolent

Dans la rue un acteur répète

Un petit chien dans les bras

L’ho seduto

E l’ho abandonato

Une caméra

Trois  téléobjectifs

Bandés sur la star du jour

Appliqué, bon enfant

Rocco Siffredi fait son métier

Il répète l’ho seduto, l’ho abandonnato

Ce n’est pas la rue qui le fait frémir

 

Plus loin encore

 

 Un comédien  prés du Colisée

Son costume ne laisse pas de doute

Ni ses muscles ni ses épaules

Le rouge de sa toge

Que le soleil a bu

Pèse 2000 ans

2OOO heures de patience bovine

A regarder passer des hordes de  touristes

Envahisseurs  tranquilles de sa ville éternelle

Le faux soldat romain entoure parfois

De ses gros bras bien forgés

Une belle rieuse

Pour la photo

C’est son métier

Un peu plus loin  sur le trottoir

Sa valise de costumes et maquillages

Il s’en échappe la sonnerie barbare

D’un téléphone cellulaire

Autour de l’île Tiberina

A l’approche de l’été

Les eaux ne courent déjà plus

Dans l’abandon des berges

La ville respire

Le fleuve  ne donne à tes yeux

Que peu de clarté

 

Plus loin encore

 

Sous les sunlights

De la piazza di Spagna

Lara Fabian

Laura Pausini

Chantent en duo

La solitudine

La foule fervente est

Fauchée toutes les 1O secondes

 Par un faisceau de lumière polychrome

Elles chantent à se déchirer l’âme

Dans  le décolleté de leurs robes à fourreau

Leur gorge monte et descend la scala des voix divines

Au XVIIIème siècle dans une pension de famille

Donnant sur la place

 John Keats agonise

Eperdu d’amour et de solitude

 

 

Autour de l’île Tiberina

A l’approche de l’été

Les eaux ne courent déjà plus

 

 Paola Pigani

 

16:19 Écrit par Paola Pigani | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : paola pigani, roma, rom's